Autour de la cité radieuse, la métropole revoit à la baisse ses ambitions immobilières
La concertation sur l'avenir du quartier Sainte-Anne, autour de la cité radieuse, avance. La métropole a réduit ses ambitions et prévoit entre 350 et 400 logements à construire, dont les façades ne dépasseront pas 16 mètres de hauteur.
L'unité d'habitation de la Cité radieuse a été construite en 1952 en bordure du boulevard Michelet. (Photo SL)
Entre le boulevard Michelet et l’avenue de Mazargues (8e), les balcons rouges, jaunes et bleus de la cité radieuse colorent le paysage urbain. La résidence imaginée par Le Corbusier est sortie de terre dans les années 50. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco et monument historique depuis 1986, elle reçoit des milliers de visiteurs chaque année.
Mais les amateurs d’architecture doivent se contenter du bâtiment et ne pas trop regarder alentours, car en bordure du site, le paysage offre une dysharmonie très marseillaise. Difficile d’y voir un motif de balade, à moins d’être aussi passionné de voitures : au pied de l’immeuble, une foule de véhicules est amassée sous les platanes et à 50 mètres, deux concessionnaires automobiles arborent leurs derniers modèles. Le reste du quartier se compose de maisons pavillonnaires, d’anciens bâtiments industriels et de commerces vieillissants.
Depuis 2019, la métropole Aix-Marseille planche sur une feuille de route pour imaginer l’avenir du secteur et encadrer l’urbanisation. Une première version de cette orientation d’aménagement et de programmation (OAP) avait fait bondir les habitants. Elle prévoyait 1000 logements et des tourelles de 50 mètres de haut. Le commissaire enquêteur, chargé de rédiger un rapport et des conclusions à l’issue de l’enquête publique, avait demandé le gel des projets pour cinq ans, le temps d’approfondir la réflexion. L’Architecte des bâtiments de France (ABF), sollicité pour tout ce qui touche aux bâtiments classés, avait aussi suggéré la révision de cette OAP.
Après cette levée de boucliers, la métropole a décidé de repartir à zéro avec une nouvelle concertation lancée en novembre 2021. Depuis, le nombre de logements constructibles et leurs tailles ont largement été réduits dans les projections. “Très franchement, en 2019, il y avait une tension monumentale sur le sujet, reconnaît une source proche du dossier. Aujourd’hui, on arrive sur un projet qui fait consensus pour tous“.
Des immeubles de 16 mètres de haut maximum
Dans le périmètre, trois emplacements sont constructibles : ceux du supermarché Casino, du concessionnaire Peugeot et des commerces installés sur les établissements Reggio. L’OAP doit fixer les règles d’urbanisme qui seront appliquées le jour où ces propriétaires privés décideront de vendre.
Autour de la table, les acteurs sont nombreux. La métropole, la Ville, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), le CIQ Sainte-Anne et les habitants de l’unité d’habitation travaillent ensemble pour définir les grands principes. Un zonage spécifique sera proposé au moment de la troisième modification du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) en octobre 2022. Mercredi 22 juin, lors d’un comité de pilotage, la métropole a fait savoir que, finalement, les immeubles ne dépasseront pas 16 mètres de haut. Soit quatre étages maximum au-dessus du rez-de-chaussée. “Les habitants étaient soulagés, on partait de tellement loin“, souffle Pierre Benarroche, maire (Printemps marseillais) des 6/8.
Le statut de la Cité radieuse impose que les perspectives de vue depuis les toits de la résidence et sur la résidence elle-même soient dégagées.
Parce qu’on ne peut pas faire n’importe quoi autour de la maison du fada pour ne pas risquer son déclassement. Si cela devait advenir, les 16 autres œuvres du Corbusier protégées par l’Unesco pourraient être impactées. Pour travailler, la métropole s’est appuyée sur le rapport Mingoli, produit par le ministère de la Culture. La principale préconisation du document est le respect des “cônes de vue” : des perspectives de vues depuis le toit et les étages de la résidence mais également depuis les rues adjacentes en direction du bâtiment. Dans le schéma de la métropole, on dénombre six espaces qui ne doivent pas empêcher la vision de la cité radieuse tout autour du bâtiment.
D’après les services métropolitains, d’autres sites sont étudiés par l’ABF et l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (AGAM) et pourraient faire l’objet d’une forme de protection patrimoniale : l’ancienne huilerie Reggio datant de 1868 et l’immeuble abritant la Fédération du bâtiment situé plus bas sur le boulevard Michelet.
“Préserver le cadre de vie”
Alors que la précédente OAP prévoyait 1000 logements, la métropole table cette fois-ci sur une fourchette entre 350 et 400 logements. Une baisse drastique par rapport aux ambitions de départ. Avec la volonté affichée de produire de la mixité sociale. Sur certains des îlots constructibles, le schéma prévoit de mélanger logements et bureaux. Le zonage donne la priorité aux liaisons piétonnières autour du bâtiment et jusqu’à la rive d’en face, autour de la bastide de la Magalone. Trois emplacements sont réservés pour la création d’espaces publics. Le nouveau projet “est beaucoup plus protecteur pour ce site et vise à améliorer le cadre de vie des habitants“, appuie-t-on à la métropole.
De nouvelles places de stationnement sont aussi à l’étude pour recadrer les stationnements anarchiques. Quant au parking au pied de la cité radieuse, il deviendra propriété de la Ville dans quelques jours et sera classé au même titre que l’unité d’habitation. “Il faudra faire une étude patrimoniale avec la Drac et la fondation Le Corbusier pour élaborer un plan de gestion“, indique Perrine Prigent, conseillère municipale déléguée à la valorisation du patrimoine.
Des vigilances sur les types de logements
Pour l’heure, pas de précisions sur le type d’habitations qui naîtront un jour autour de la Cité. Si un consensus général s’est dégagé de la dernière réunion, Pierre Benarroche assure rester vigilant sur la taille des logements qui sortiront de terre. “Aujourd’hui, on a besoin de grandes typologies. Il y a des ménages qui ont du mal à se loger“, esquisse le maire de secteur.
Questionnée à ce sujet, la métropole indique ne pas pouvoir imposer un type précis aux promoteurs, mais un seuil de “servitude” : un pourcentage obligatoire de logements d’une taille minimale. Un dossier en cours d’élaboration et de discussions selon les services de l’institution.
Les promoteurs devront intégrer de toute façon intégrer 30% de logements sociaux dès que leur opération dépassera 30 logements, si l’on suit la révision du plan d’urbanisme en cours qui applique cette règle aux zones de “bonne desserte” en transports en commun. Sur ce point, le maire de secteur, ancien cadre dans le logement social, craint les combines des promoteurs pour passer outre cette obligation. “Il suffit de saucissonner ça en petites opérations. Au lieu d’en avoir un qui construit, ils sont plusieurs à se distribuer le chantier pour être en dessous du seuil“, fustige-t-il.
Pour l’heure, les discussions sur le document cadre vont se poursuivre jusqu’en octobre, avant la présentation en conseil de métropole de la modification du PLUi. Une fois l’OAP rédigée, une enquête publique se tiendra à partir de septembre 2023, l’occasion de nouveaux débats, forcément enflammés quand il s’agit de la maison du fada.
Commentaires
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C’est dommage qu’on ne puisse pas faire un parking vaste en sous-sol pour que les habitants et les touristes puissent se garer en sous-sol au lieu d’encombrer la surface.
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Très bonne idée.
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juillet 2022
A Marseille la voiture est déjà très oppressive pour tous (pollution de l ‘air et pollution sonore, passages piétons effacés et dangereux ).La ville a besoin de mobilités diverse ,imaginer …encore… des parkings est une erreur compréhensible en 1970 …Des voies pour les bus ,des navettes pour les touristes ,des pistes vélos et trottinettes etc profiterait a tout le monde et…. des espaces verts rafraîchissants ne seraient pas de trop….
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C’est très gentil de penser aux touristes mais pour venir à la Cité Radieuse ils descendent du métro au Rond Point du Prado passent au Stade Vélodrome, suivent le Bd Michelet, très ombragés, en se méfiant des vélos et autres trottinettes qui circulent sur le trottoir. En court de chemin ils peuvent admirer l’escalier du Brasilia.
Petit tour du Corbusier, en face visite de la Magdelone bien abandonnée par la Ville retour par l’avenue de Mazargues et ses commerces vieillissants : boulangeries, mercerie !!!, vraie boucheries , librairies ……enfin vous voyez tous ces commerces de proximité que nos chers “zélus” veulent ramener en centre ville !!! Ils pourront emprunter une chaussée et des trottoirs au delà du vieillissement une aventure!
Pour les logements sociaux il va falloir aider ces pauvres promoteur car dans l’Ilot Michelet c’est 5000€/m2
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Les touristes, ainsi que les habitants, peuvent prendre les transports de la RTM : on est à 10 mn à pied du Rd Pt du Prado, et il y a les bus B1, 23, 54 qui passent de chaque côté.
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VOILA LE DRAME DE MARSEILLE
DES NON MARSEILLAIS QUI DECIDENT
QUE VIENT FAIRE LES DECISION DE LA METROPOLE POUR L AMENAGEMENT DANS LA VILLE
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Alors que des tours qui auraient entraîné le déclassement de la Cité radieuse, une idée 100% Vassal 100% marseillaise et 100% nulle
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Les debats ne sont pas enflammés qu’à cause de la maison du fada mais aussi du fait que toutes ces constructions dans le secteur nous asphyxient totalement, défigurent le quartier, on ne circule plus. De Renault Michelet jusqu’à Mazargues nous sommes envahis de chantiers, même le curé de ste Anne à vendu son jardin pour accoler au clocher un nouveau bâtiment. C’est incompréhensible. Et la Métropole voudrait en plus nous imposer ça. Ferait mieux de se pencher sur les transports en commun plutôt que de nous pondre des trucs pareils… Faites nous des parcs, des jardins, des jeux d’enfants, des bassins ! Merde !!!!
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Le secteur est rentable… et pas des plus denses.
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Suzanne Leenhardt
Pour votre information Renault Michelet c’est
– Concession auto 5000 m2,
– 11 800 m2 de bureaux
– 202 logement
– résidence Sénior 90 logements
– 407 places de parkings
en construction
– 387 logements
– 470 places de parkings
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On se doute bien que l’îlot fait de bric et de broc autour de la cité radieuse suscite des convoitises. Mais même si le nouveau schéma d’urbanisation paraît plus raisonnable que le précédent, qui était simplement délirant, il continue d’évoquer un nombre de logements et de mètres carrés de bureau sans tenir compte de l’environnement du quartier.
Où sont les adaptations des transports en commun pour absorber les habitants des centaines de logements récemment livrés, en cours de construction actuellement, ou en projet pour demain ? L’avenue de Mazargues est totalement saturée : y aura-t-il quelques centaines de voitures individuelles en plus aux heures de pointe, pour la bloquer complètement ?
Où sont les équipements publics pour répondre aux besoins élémentaires des centaines de familles qui se sont installées dans le quartier ou vont s’y installer dans les prochaines années ? Aucune école en construction, pas une classe supplémentaire : où iront les écoliers, les collégiens… ? Le bureau de poste du quartier a fermé récemment : il faut maintenant aller au Prado 2 ou au centre Bonneveine : les bureaux respectifs sont-ils en capacité d’accueillir des usagers plus nombreux ?
Construire du logement, c’est bien. Le faire en réfléchissant un peu, c’est mieux.
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Ils réfléchissent avec une calculette mais justifient leurs calcul par des arguments pseudo écolo du genre densifié, économisé l’espace , revitalisé …..
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Le projet intègre la proposition faire par la mairie de secteur (6/8) de protéger des bâtiments de l’ancienne huilerie Reggio (bâtiment abritant actuellement un commerce de pneus, et tour côté Marie de Sormiou.
Rien à voir avec le projet précédent.
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C’est évident mais est il pour autant justifié ?
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Plus exactement la protection à été proposée indépendamment du projet
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Je suis en profond désaccord avec nombre de commentaires. 100 000 marseillais dans des taudis, 120 000 au moins dans des logements suroccupés, 15000 sans abris dont pres d’un tiers sont des femmes et des enfants. Quand un logement social se libère, on doit choisir : sortir un gosse de la rue, d’un taudis, d’un père violent ? On doit laisser les autres sans réponses. Mais pour préserver le cadre de vie des bourgeois et le” cônes de vue”, on perd 500 logement ? 160 logements sociaux ? Vous ne réalisez pas ce qu’il se passe dans cette ville, les drames silencieux et le désespoir inouï des dizaines de milliers de gosses pas nés dans les riches quartiers sud élèvés dans l’adoration de l’architecture totalitaire d’extrême droite.
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Il y a pas que des riches dans les quartiers sud. La Verrerie, la Savoisienne, …
Y a aussi des personnes âgées qui se font expulser…
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avant de construire toujours construire et bétonner, réhabilitons les logements qui en ont besoin, réquisitionnons les logements vides, encadrons la spéculation immobilière et la location airbnb. l’urgence sociale est aussi celle de l’écologie et se l’intelligence de l’aménagement. si faire des tours rapidement permet de loger des gens mais sacrifie la qualité de vie du collectif à quoi bon ?
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Pour éviter “l’architecture totalitaire d’extrême-droite” (?), on n’est peut-être pas obligé quand même de reproduire les erreurs d’architecture et d’urbanisme d’il y a 50 ans, avec des tours et des barres dont on sait maintenant comment elles vieillissent : mal.
Le projet précédent autour de la cité radieuse, c’était ça : des tours et des barres, et rien d’autre. Une cité-dortoir sans équipement public. Or on peut faire une ville dense sans ces aberrations : il suffit de regarder Paris, ville parmi les plus denses du monde… avec des immeubles de 6 étages en moyenne.
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Donc tu proposes de laisser libre cours aux promoteurs…
LoL
Ce n’est pas souvent que je lis des commentaires aussi magiques sur Marsactu.
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Arrêtez de fantasmer sur ce quartier ce n’est pas la Corniche la mixité existe déjà , la Cravache est de l’autre côté de Michelet,
La LOGIMA a un certains nombres de bâtiments dans le secteur, un camp de rom vient de bruler le long du stade de l’ASPTT ( indifférence totale)
Une opération immobilière est en cours sur les anciens terrains de la RTM les logements sociaux servent de prétextes pour chaque opérations mais les voiries ,les espaces verts ,les services publics sont les mêmes depuis 50 ans quand ils n’ont pas disparus ( Poste St Anne ….)
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Plus exactement la protection à été proposée indépendamment du projet
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Ok pour la mixité sociale Bd Michelet, le Corbusier était d’ailleurs à vocation sociale à l’origine, mais bon … Plutôt que laisser la main aux promoteurs construire là par exemple un ” hôtel des familles” pour recevoir les femmes en difficulté et leurs enfants, pour déconcentrer le centre ville, ou un “accueil de jour” ou, ou … Mais le prix du m2 dans le secteur doit attirer quelques convoitises, va falloir choisir … à suivre
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