Au conseil municipal, le Printemps marseillais “comprend l’impatience, pas la défiance”

Actualité
le 28 Juil 2020
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Michèle Rubirola a fait voter un premier budget à peine retouché par rapport à celui légué par son prédécesseur, tout comme la majorité des décisions présentées. L'opposition, qui cherche encore ses marques, fait son miel d'un calendrier bousculé et estival pour dénoncer une équipe "pas prête".

Au conseil municipal, le Printemps marseillais “comprend l’impatience, pas la défiance”
Au conseil municipal, le Printemps marseillais “comprend l’impatience, pas la défiance”

Au conseil municipal, le Printemps marseillais “comprend l’impatience, pas la défiance”

Les habitudes ont la peau dure. L’appel est terminé depuis 5 minutes, quelques adjoints de Michèle Rubirola ont présenté en quelques mots les délibérations de leur périmètre, quand Julien Ruas prend la parole. L’ex adjoint LR de Jean-Claude Gaudin qui chapeautait le Bataillon des marins pompiers se lance dans un exposé détaillé de la réaction du service à la crise sanitaire, comme s’il était, lui aussi, le rapporteur du texte soumis au vote. Et pour cause, c’est lui qui l’a préparé à l’origine… Quelques heures plus tard, c’est encore une ex adjointe, Catherine Chantelot, qui fait un état des lieux des “projets dans les cartons” en terme de créations de crèches, comme une forme de passation de pouvoir.

Quant à Solange Biaggi, ex adjointe et élue dans le 2/3, elle pose fermement ses “demandes” sur le parc de la porte d’Aix, qu’une délibération prévoit de doter de locaux pour accueillir gardien et offrir buvette et sanitaires aux visiteurs. “J’espère que vous mettrez tout en œuvre pour l’ouvrir toute la journée pour que les familles et les habitants du secteur puissent en profiter”, plaide-t-elle… sans préciser que la précédente majorité a mis plus d’un an à l’ouvrir après sa livraison par Euroméditerranée, avant de refermer les grilles un mois plus tard prétextant de l’insécurité qui entoure le site.

L’ex majorité s’abstient sur son propre budget

Après la séance d’élection de la maire le 4 juillet, suivie d’une séance technique autour des sénatoriales et de la mise en place de commissions, s’est donc tenu le premier “vrai” conseil municipal de la mandature de Michèle Rubirola. Articulé autour du vote du budget, il voit chacun prendre ses marques dans son nouveau rôle dans l’hémicycle.

Pour mieux séparer l’ancien du nouveau, la nouvelle majorité a choisi de présenter tel quel l’épais budget préparé par l’équipe qu’elle a remplacée, puis de faire voter une décision modificative (lire notre article sur la mécanique de cette transition budgétaire). “Nous devons faire avec un héritage et nous n’en ferons pas un prétexte pour justifier je ne sais quel renoncement ou inaction”, prévient Michèle Rubirola, pour qui “il n’existe pas de fatalité à collectionner année après année les mauvais ratios budgétaires comme la pauvreté et la misère sociale”.

Ce compartiment étanche a permis à Stéphane Ravier et au RN de créer la surprise avec un vote favorable sur les amendements du Printemps, la dent la plus dure étant encore réservée à Martine Vassal et son groupe. Cela n’a en revanche pas rendu le positionnement plus aisé pour la droite, adepte d’une curieuse abstention sur le budget légué par Jean-Claude Gaudin. Et l’élu désigné pour porter le fer sur les finances, Pierre Robin, bien que nouveau en politique, a vite été chargé du poids des 25 ans de gestion de la droite. “Quand on est l’héritier d’une majorité qui a mis cette ville dans cette situation, ce n’est pas des leçons, ce sont des excuses que l’on donne ce matin”, lui rétorque Benoît Payan.

Payan au perchoir

Vous faites beaucoup de communication car vous n’êtes pas prêts.

Lionel Royer-Perreaut, maire LR du 9/10

Le premier adjoint trouve quant à lui sa place au perchoir, au côté de Michèle Rubirola, et s’y emploie comme premier riposteur. Car, à l’instar de Pierre Robin sur le soutien aux commerçants impactés par la crise sanitaire, Julien Ravier sur un projet immobilier sur son secteur des 11/12, ou Sylvain Souvestre sur l’hypothétique vente du stade Vélodrome, la droite a trouvé les premières salves pour incarner son rôle d’opposition.

C’est Lionel Royer-Perreaut, maire LR du 9/10, qui se fait le plus tranchant : “Cela fait 25 ans que vous attendez impatiemment d’accéder à cette place et en trois semaines la seule décision que vous avez prise c’est d’enlever les barrières autour de la mairie.” Accueilli par les applaudissements nourris de la majorité en faveur de cette mesure symbole, il poursuit néanmoins : “Vous faites beaucoup de communication car vous n’êtes pas prêts.”

Il s’attaque ici à un autre symbole, cette décision modificative de 50 millions d’euros d’investissement, sur deux thèmes phares du Printemps marseillais que sont les écoles (30 millions) et l’habitat indigne (20 millions). Paradoxalement, le doute ne porte pas sur le financement – face à la crise sanitaire, l’appareil municipal avait déjà esquissé de rogner sur le désendettement pour alimenter un “plan de relance”. C’est la capacité à dépenser cette enveloppe dans l’année qui est en cause. Déjà record depuis 20 ans avec 59 millions d’euros, le budget d’investissement dans les écoles se voit ainsi rallongé de 50 %, l’équivalent de ce que la Ville dépensait lors des années moins fastes.

L’été indien

Au final les crédits pourront être reportés sur 2021. Mais au passage la droite fait son miel du calendrier inhabituel pour cette transition, au cœur de l’été, pour mieux jouer sur la lenteur du changement promis. “L’impatience, je la comprends. La défiance, j’ai un peu plus de mal après seulement quelques jours”, lance l’adjoint Pierre-Marie Ganozzi, en charge du patrimoine scolaire. Dehors, le collectif des écoles de Marseille, animé par des parents d’élèves, donne corps à la pression, réagissant aux premières décisions votées sur l’éducation, issues de la précédente majorité.

La tâche est rude et nous la surmonterons ensemble.

Samia Ghali, 2e adjointe

L’“été marseillais” lui-même, cet ensemble de mesures annoncé avant le second tour pour “les premiers jours”, aura du mal à décoller avant le mois d’août. Sa mise en route doit être détaillée ce mardi. “Le premier conseil municipal sera réellement en septembre et chaque adjoint aura alors à cœur de présenter des délibérations qui donneront une perspective”, commente Joël Canicave, adjoint aux finances. Impatient lui aussi, son collègue à la culture Jean-Marc Coppola anticipe déjà en évoquant la possibilité de pérenniser la gratuité des musées. Gratuité décidée par Jean-Claude Gaudin pour l’année 2020 en guise de relance culturelle face à la crise sanitaire.

“La tâche est rude parce que l’attente est là”, ne disconvient pas Samia Ghali. L’ex candidate à la mairie, désormais 2e adjointe, ne laisse pas de doute sur son positionnement, malgré l’absence de délégation accordée à ses deux anciens colistiers récemment placés en garde à vue. “Je vous fais confiance. (…) Je l’ai dit la tâche est rude et nous la surmonterons ensemble, nous serons en appui.”

Un appui qu’on sent exigeant lorsque l’ex maire de secteur se tourne vers ses collègues chargés des écoles ou du logement. Ou encore lorsqu’elle liste quelques dossiers emblématiques – voie au nom d’Ibrahim Ali, piscine Nord et école polluée des Aygalades – qui devront être débattus au prochain conseil.

“Venez à Marseille M. le premier ministre”

En cette séance budgétaire, les autres acteurs de cette nouvelle donne sont aussi évoqués : l’État, la région et les autres collectivités susceptibles de financer ou participer à la mise en œuvre du programme. “J’ai vu que Jean Castex avait rencontré longuement Anne Hidalgo. Venez à Marseille M. le premier ministre !”, lance Michèle Rubirola. Quant à Renaud Muselier, sa volonté d’apporter un soutien financier la “ravi[t]” mais “il faudra redéfinir ensemble les conditions de contractualisation”.

La dernière partenaire potentielle citée, la présidente du département et de la métropole, est dans l’hémicycle, sur les bancs de l’opposition. Si la main est officiellement tendue, le ton est cassant chez l’ancienne candidate aux municipales, qui avait promis l”hiver fiscal” si le Printemps marseillais arrivait au pouvoir. “Donner des leçons quand on est à la tête d’une institution c’est pas très glorieux. J’ai eu une autre attitude quand je suis arrivée à la tête du département, j’ai regardé devant, entame Martine Vassal. Moi je vous ai laissé le temps, madame, jusqu’au mois de septembre pour que nous puissions en discuter. (…) Alors s’il vous plait madame, vos projets quels sont-ils ? Je les attend avec impatience.” Ambiance. “Comme vous l’avez dit nous devons nous voir en septembre, nous verrons comment nous arriverons à travailler ensemble”, répond Michèle Rubirola, visiblement mal à l’aise. Le contact est pris, mais il est glacial.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    On ne change pas une équipe qui a perdu. 25 années de turpitudes et de mépris marquent les comportements, la plus sigificative dans cette scéance étant Biaggi qui est impatiente de voir réaliser de ce qu’elle n’a pas fait. Vassal , n’a pas compris qu’elle n’était pas maire. Il est temps que Rubirola la recadre une bonne fois pour toute.
    Néanmois , il est vrai que le mois d’Aout sera bien profitable pour bien caler les choses , il est temps de mettre en route la machine . L’arrivée du nouveau du nouveau directeur général des services devrait faire du bien.

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  2. Richard Mouren Richard Mouren

    Ces discours de l’opposition sont avant tout destinés à l’opposition, chacun essayant de marquer sa présence dans la déconfiture des municipales. Trois étoiles quand même à Lionel Royer-Perreaut pour son envolée dans le registre: “en trois semaines vous n’avez rien fait! ” Ils ne se relisent donc pas, ces politiques? L R-P aurait bien besoin d’un conseiller privé (spin-doctor) pour lui éviter de dire de telles inepties……..

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    • Alceste. Alceste.

      Il vient de dépasser avec cette réflexion dans le championnat 2020/2021 de l’idiot du village , Sylvain SOUVESTRE qui pourtant avait fait fort concernant Marseille Espérance et Gaudin . Royer-Perreaut illumine de sa bêtise cette réflexion : Four points .

      Classement après deux journées:

      Royer Perreaut 4 points
      Souvestre 3 points
      Biaggi 2 points

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Allez, soyons braves: un petit point à Vassal qui le 27 juillet déclare qu’elle laisse le temps jusqu’en Septembre pour discuter des projets de la municipalité et qui rajoute “Vos projets, quels sont-ils? Je les attend avec impatience.” (Apprécions ce JE omniprésent pour des personnes qui représentent des assemblées délibératives).
      Royer-Perreault: 4 points
      Souvestre: 3 points
      Biaggi: 2 points
      Vassal: 1 point
      Et ça ne fait que commencer……

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    • Lecteur Electeur Lecteur Electeur

      En 6 ans L. Royer-Perreault a donné son feu vert pour bétonner le 9 ème arrondissement qui est devenu un immense bouchon automobile et il n’a pas réhabilité la piscine de Luminy. Un beau bilan !

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  3. toto toto

    Je ne comprends pas, ils auraient pu grappiller quelques millions par-ci par-là pour que la rentrée se fasse dans de meilleures conditions. Il faut de l’investissement mais il faut aussi du fonctionnement qui aurait eu l’avantage d’avoir un effet immédiat. Beaucoup de familles auront des difficultés à la rentrée, accentuées par le covid. Un effort minime, de quelques % du budget de fonctionnement, aurait eu un grand impact:
    https://www.facebook.com/CollectifEcolesMarseille/posts/3143383845738514

    Malheureusement, les décisions modificatives, s’il y en a, arriveront un peu tard… En tout cas, la subvention de la caisse des écoles, au ras des pâquerettes, au niveau de 2004 n’est pas un bon signal:
    https://www.facebook.com/CollectifEcolesMarseille/posts/3157402691003296

    Etre bienveillant, OK, mais il va quand même falloir appuyer sur l’accélérateur.

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  4. Alceste. Alceste.

    Vous avez raison , mais ne demandons pas à cette équipe de rattraper des années d’inaction en 3 semaines. Nous sommes face aux 12 travaux d’Hercule :

    école
    transport
    pollution
    habitat insalubre
    bétonisation
    circulation
    propreté
    sécurité
    égalité dans le domaine de la santé
    service public
    rééquilibrage entre Nord et Sud
    éthique dans la gouvernance

    Cette liste n’est pas hiérarchisée et sûrement incomplète.Donnons un peu de temps, et que Rubirola envoie un ou deux signes forts , réels, mesurables, palpables et qu’elle ne se mette surtout pas à imprimer sa trombine sur les sachets à pain, comme celle qui a des problèmes avec son “je”, pardon son “moi”. ou plutôt son “ça”.

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    • toto toto

      Ce n’est pas ce qui est demandé. La rentrée des classes est une échéance. On en connait la date. Attendre ne serait-ce que le conseil municipal de septembre est une erreur. J’imagine, j’espère qu’il s’agit juste d’impréparation. Mais bon, quand même, ils ont eu les places d’adjoints, ils auraient pu se renseigner avant…
      Il n’est bien sûr pas question de leur reprocher de ne pas faire ce qui est impossible. Mais ce qui peut-être fait doit être fait.
      L’augmentation de la caisse des écoles ou le doublement du budget d’entretien des écoles, en l’occurrence, le sont.

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  5. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Royer-Perreaut qui reproche à la nouvelle majorité de n’avoir pas fait grand chose en trois semaines, alors que la majorité précédente n’a pas fait grand chose en un quart de siècle, c’est vraiment savoureux.

    J’ai l’impression que l’échec électoral n’a pas vraiment rallumé la flamme de l’intelligence à droite.

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  6. Alceste. Alceste.

    Juh , ne commençons pas dans le Ya Ka , Fo K’On.
    Examinons les besoins rapidement et les urgences . Vous dites , doublement des budgets , pourquoi pas triplement ou quadruplement.
    Les municipalité ont les pouvoirs et les moyens de débloquer des sommes quand cela est nécessaire ou urgent.

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    • toto toto

      Il ne s’agit pas de yakafokon mais de débloquer moins de 1% du budget de fonctionnement.
      Je parle de doublement du budget d’entretien car c’est ce qui est inscrit dans leur programme.
      Et non, la municipalité ne pourra pas débloquer ce budget avant le prochain conseil municipal, au plus tôt.
      La rentrée sera déjà passée et les parents auront déjà dû faire le chèque pour la coopérative scolaire.
      Quant aux petites réparations qui ne sont pas faites, ce qui pourrit la vie de tout le monde, si le budget n’est pas augmenté, il n’y a pas de raisons qua ça change.

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    • petitvelo petitvelo

      Les petites rėparations dans les écoles souffraient peut être aussi de manque d organisation… il se dit que des agents trop motivés ont finit par quitter le service à la grande joie de ceux qui voulaient rester tranquilles

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  7. Pitxitxi Pitxitxi

    La droite a élaboré ce budget, mais a quand même décidé de s’abstenir lors du vote. C’est extraordinaire. “Je suis dans l’opposition alors je m’oppose, même si ça va dans mon sens !”

    Quand ils étaient au pouvoir, ils étaient pathétiques. Maintenant qu’ils sont dans l’opposition, je sens qu’on va bien rigoler avec une armée de branques pareil !

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