Au CCAS, action sociale bien ordonnée commence par sa vice-présidente
La chambre régionale des comptes s'est penchée sur la gestion du centre communal d'action sociale. Elle épingle notamment le train de vie de la vice-présidente et véritable patronne de l'institution, l'élue LR Sylvie Carrega. En cause notamment, des voyages à l'étranger jugés illégitimes par les magistrats.
Le bureau de l'antenne Sud du centre communal d'action sociale à Mazargues. (Photo : B.G.)
“Dans son rapport d’observations provisoires, la chambre s’interrogeait sur le maintien
de ces avantages alors même que l’établissement se plaint de la baisse de ses moyens.” Heureusement, dans son rapport définitif, ladite chambre régionale des comptes (CRC) est bien moins taquine avec le centre communal d’action sociale. Cela n’empêche pas les magistrats financiers de s’attaquer aux étranges largesses accordées à la vice-présidente du CCAS, Sylvie Carrega. Adjointe au maire de Marseille chargée du social, l’élue LR fait office de véritable patronne de l’organisme d’aide sociale en lieu et place de son président, Jean-Claude Gaudin.
Les montants en jeu ne sont pas énormes pour cette structure au budget d’environ 20 millions d’euros, qui emploie plus de 300 agents, mais la CRC s’installe “sur le plan du principe”. “Nous ne sommes pas face à quelque chose de gravissime, explicite son président Louis Vallernaud. Mais il nous a semblé qu’étant donné l’objet du CCAS et ses moyens contraints, cela méritait d’être relevé. Cela vaut pour les missions de la vice-présidente comme pour les services fonctionnels et de direction qui représentent un poids important du budget. “
Ce faisant, les magistrats financiers consacrent un chapitre entier de leur rapport aux “frais de mission de la vice-présidente et [au] voyage en Sardaigne”. Le point le plus saillant concerne ce périple au cours duquel l’élue accompagne en octobre 2013 les 115 seniors décidés à découvrir l’île. Mais son voyage suscite un montage particulièrement rocambolesque.
Un voyage en Sardaigne opaque
Au départ, les anciens devaient avoir trois accompagnateurs puis ce fut cinq puis huit, en toute discrétion. Rien n’apparaît sur la facture émise par l’agence de voyages et c’est en faisant le décompte des chambres occupées que les magistrats ont pu déduire le nombre total de participants. Parmi les participants découverts, un musicien venu mettre l’ambiance, sa compagne et… Sylvie Carrega. Elle est accompagnée du directeur de l’action sociale de la Ville, de sa secrétaire particulière et d’une secrétaire de la direction de l’action sociale. “Un geste commercial”, argue le CCAS qui indique que traditionnellement, les accompagnateurs ne paient rien.
Mais une facture explicite concernant la venue de Sylvie Carrega est tout de même établie. L’élue va ainsi, selon la chambre, se faire rembourser par le CCAS 1368 euros un voyage qui a coûté aux seniors 772 euros. La facture, établie un mois avant et sur laquelle manquent certaines mentions légales, étonne la chambre qui avait cru comprendre que les accompagnateurs ne payaient pas. “La vice-présidente n’était pas présente en qualité d’accompagnatrice mais d’autorité à l’origine de l’organisation du séjour proposé aux seniors marseillais”, répond le CCAS. À l’arrivée, la chambre “maintient donc ses observations et laisse au CCAS l’entière responsabilité de ses explications” sans toutefois démêler totalement l’écheveau de ce voyage.
Des frais de bouche trop élevés
Étudiant l’ensemble des dépenses par le menu, la chambre s’attarde aussi sur les frais de repas de 25 euros lors de déplacements, au lieu des 15 euros prévus légalement. Les élus doivent en effet aligner leurs frais sur ceux pratiqués pour les fonctionnaires. Depuis 2002, les dépenses dépassent aussi la norme en matière de frais d’hôtel.
Des irrégularités sont également relevées quant aux voyages de la vice-présidente qui se multiplie dans des rencontres à l’étranger, en Belgique ou en Italie. Pour la chambre, une vice-présidente de CCAS, qui doit gérer l’action sociale de proximité (accompagnement RSA, aide au logement…) n’a pas pour mission de quitter la France pour une quelconque rencontre. Au total, près de 7 000 euros ont ainsi été remboursés à l’élue Les Républicains “en l’absence de toute base légale”, taclent les magistrats.
À Trévise (deux fois) et à Padoue, elle accomplit même aux yeux de la chambre une mission pour la Ville de Marseille tout en la faisant prendre en charge par le CCAS. Ce dernier se justifie en indiquant que le choix d’indiquer “la qualité d’adjointe au maire de la deuxième ville de France” avait été fait pour une meilleure identification en dehors de l’Hexagone, ce qui aurait induit en erreur la chambre. Celle-ci a refusé tout net l’argument pour brandir un ordre de mission signé “Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille”.
Lâchée par Gaudin
Si l’on ajoute des agents appelés à travailler pour des structures que préside ou vice-préside Sylvie Carrega en dehors de tout cadre légal, la charge contre l’élue – qui n’a pas retourné notre appel – est lourde. Et ce n’est pas auprès de son président Jean-Claude Gaudin qu’elle trouvera un soutien. Voici sa réponse intégrale à la chambre sur les points développés ci-dessus :
Concernant l’organisation des voyages pour les personnes âgées, notre institution veillera à ce que l’ensemble des prestations soit inclus dans la tarification unitaire et apparaisse sur la facture, même en cas de gratuité.
Concernant les frais de mission de la Vice-Présidence sur le territoire national et à l’étranger, une étude juridique a été menée sur le sujet. Celle-ci a abouti à une délibération, adoptée par l’organe délibérant du CCAS, dans des conditions à même d’interdire toute confusion. Ladite délibération a fait l’objet de précisions par une note de cadrage, afin d’assurer une application strictement conforme au droit des remboursements de ces frais de mission, pour le personnel comme pour la vice-présidence.
Bref, Jean-Claude Gaudin laisse Sylvie Carrega se défendre seule. S’il le souhaite, il pourrait même en tant que président du CCAS demander à l’élue de rembourser une partie des sommes en cause. Contactée ce lundi, son service de presse n’était pas en mesure de nous répondre dans le court délai que nous lui avions fixé avant parution.
Actualisation le 25 octobre à 19 heures : citation de Louis Vallernaud, joint par téléphone.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Les gendarmes sont mutés tous les deux ans notamment pour éviter de prendre des “petites habitudes”. Une équipe en place depuis 20 ans risque forcément de dériver un peu…
Se connecter pour écrire un commentaire.