Au bout de 1336 jours de lutte, les Fralib tiennent leur victoire

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le 27 Mai 2014
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"C'est une très grande victoire" se réjouit Gérard Cazorla, secrétaire CGT du comité d'entreprise. "On va malgré nous marquer l'histoire des luttes sociales du siècle !" Malgré eux, pas si sûr. Car depuis plus de trois ans, les salariés de Fralib ont mis un point d'honneur à ne rien lâcher dans le bras de fer avec la direction d'Unilever qui a décidé de fermer leur usine de sachets de thé et d'infusion en septembre 2010. Dans l'intervalle, ils ont réussi à faire annuler par la justice trois plans de sauvegarde de l'emploi initiés par la multinationale. Leur combat, très médiatisé, est devenu emblématique des luttes sociales engagées un peu partout en France.

Ce lundi soir, ils ont finalement obtenu "des millions d'euros d'Unilever pour démarrer la SCOP". En fait, ce sont exactement 19,1 millions d'euros que la multinationale concède aux 76 salariés qui ont mené cette lutte jusqu'au bout pour conduire un projet viable de reprise de la production. Ainsi, Unilever apporte un soutien financier au démarrage et au développement de la coopérative, en particulier "un engagement facilitateur pour nous aider à nous lancer notamment auprès des grandes surfaces [et] une contribution conséquente au fonds de roulement" selon les ouvriers. La multinationale s'engage aussi à financer une formation des salariés à hauteur de 500 000 euros. De plus, elle verse pas moins de 100 000 euros à chaque ex-salarié en guise d'indemnités légales et supra-légales.

Si l'accord a été signé, la multinationale aura réussi à tenir bon jusqu'à la fin du conflit. Depuis toujours, elle refuse de sous-traiter les volumes et surtout de céder la marque Éléphant. S'ils espéraient tout de même récupérer la marque, les salariés s'étaient déjà fait à l'idée d'en créer une de toute pièce. Unilever devrait d'ailleurs les aider en ce sens.

Unilever craignait-elle la décision de la Direccte ?

Se refusant à tout commentaire supplémentaire, la multinationale spécialisée dans l'agro-alimentaire a simplement envoyé un communiqué de presse dans lequel elle a succinctement détaillé les termes du contrats. Le dernier paragraphe est une citation de l'ancien directeur de la société, Frédéric Faure, qui semble passer par pertes et profits les innombrables procédures judiciaires initiées par sa société.  

Depuis l’annonce de la fermeture du site, nous avons toujours insisté sur la nécessité d’accompagner les anciens salariés. Avec cet accord équilibré qui met définitivement fin à ce conflit et à toutes les procédures en cours, une page se tourne, permettant à chacun de se projeter dans des projets d’avenir, en toute indépendance.

Qu'est-ce qui a finalement fait céder Unilever ? "C'est la lutte qui les a fait plier", assure Gérard Cazorla. Et peut-être aussi la décision attendue ce lundi de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) concernant le quatrième plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Car après avoir essuyé trois échecs, Unilever a dû proposer un nouveau PSE pour répondre au jugement de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. 

Or ce plan social risquait de subir le même sort que les précédents. En effet, il ne concernait que les 14 salariés protégés, alors que la cour d'appel d'Aix-en-Provence avait demandé à Unilever de proposer un PSE pour la totalité des salariés, à savoir 182. Pour rappel, la troisième procédure avait été annulée pour cette même raison : elle ne concernait que 103 salariés. 

Ce dernier épisode aura-t-il pesé dans la balance ? Nul ne sait. En tout cas, cette grande avancée n'est qu'une première étape pour les ex-salariés de Fralib. Et si elle constitue une victoire, elle marque le début d'une nouvelle aventure : celle de la création de leur SCOP et la relance de la production sous un nouveau nom. 

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Commentaires

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  1. rimbaud13 rimbaud13

    Viva la revolucion final !!!

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  2. hommedesbois hommedesbois

    Bravo à tous ces salariés qui, depuis 2010, ont mené une lutte exemplaire pour assurer leur survie et pour conduire un projet viable de reprise de la production par la création d’une Scop.
    Bonne chance pour la réussite de ce nouveau défi.

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  3. MrMiolito MrMiolito

    Hourra pour les Fralib !

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  4. Phil2mars Phil2mars

    C’est un grand jour.
    Les luttes quand elles ne sont pas tuées dans l’oeuf par le gouvernement mais accompagnées portent leurs fruits…
    BRAVO aux FRALIB et à bientot pour déguster leur thé FRALIB SOLIDAIRE …

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  5. Toine Toine

    Bravo!!!

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  6. Tioneb Tioneb

    Qu’ils ensachent, j’en suis enchanté. Je suppose qu’ils ont trouvé quoi et pour qui. Maître Cornille ne s’est pas enrichi.

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