Après deux mois de mobilisation, le McDo Saint-Barthelemy lance son “appel des oubliés”

Actualité
le 28 Mai 2020
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Depuis le début du confinement, la demande d'aide alimentaire a explosé à Marseille, suscitant de nombreuses initiatives de solidarité. Ce mercredi, à l'ancien McDonald's de Saint-Barthélémy, devenu un des pivots de la distribution de colis alimentaire, des associations témoignaient de ces semaines d'engagement.

Les organisateurs de la plateforme de distribution de colis-repas du Mcdonald
Les organisateurs de la plateforme de distribution de colis-repas du Mcdonald's réquisitionné et les représentants des associations partenaires. (Image LC)

Les organisateurs de la plateforme de distribution de colis-repas du Mcdonald's réquisitionné et les représentants des associations partenaires. (Image LC)

Il y a deux mois, après les premiers jours de confinement, un tissu de solidarité inédit se mettait en place à Marseille pour faire face à l’impressionnante demande d’aide alimentaire. Mercredi, plusieurs appels et textes sont venus marquer un cap, et marteler que les populations fragilisées par le confinement continue de vivre une situation d’urgence qui justifie la poursuite des actions de solidarité. Tandis que le Secours populaire appelle aux dons pour répondre à “un afflux de nouvelles demandes qui vont s’installer dans la durée”, une lettre ouverte signée par plusieurs dizaines d’acteurs de la solidarité a été rendue publique. Le Secours Catholique ou la Cimade, entre autres, y réclame la mise en œuvre “d’un dispositif permettant un accès inconditionnel à des aides alimentaires suffisantes, adaptées et facilement accessibles à toutes personnes en ayant besoin.”

Le même jour, au McDonald’s réquisitionné de Saint-Barthélémy (14e), ceux qui organisent depuis le début du confinement une plateforme de distribution de colis alimentaire lançaient un “appel des oubliés” pour mettre en valeur le travail de fourmi mené durant ces semaines, et toujours en cours. “Ce sont les tirailleurs du 21e siècle. Ils ont fait en sorte qu’il n’y ait pas de crise humanitaire à Marseille”, déclare ainsi Salim Grabsi, militant du Syndicat des quartiers populaires de Marseille, qui a été parmi les pilotes de l’opération avec Kamel Guemari, figure de la lutte syndicale dans ce fast-food liquidé il y a peu.

La plateforme du Mcdonald’s s’est appuyée sur des petites associations de quartiers, comité de locataires et groupes de bénévoles de tous horizons pour distribuer plusieurs centaines de colis alimentaires chaque jour. “C’est la solidarité et uniquement la solidarité des associations des particuliers, des femmes et des hommes de bonne volonté qui a fait tenir des centaines de familles précipitées dans la grande pauvreté”, peut-on lire dans cet appel qui réclame de nouvelles mesures d’urgence pour ces foyers. Chaque représentant des associations impliquées a ensuite pu témoigner de son expérience, dont Marsactu a retenu quelques passages éloquents.

Un réseau qui s’est mis en place

Lakdhar, animateur de l’association Maraudes Marseille, depuis 4 ans “Avec le virus et les regroupements interdits, d’abord je suis resté quelques jours à la maison, comme tout le monde. Mais j’avais toutes ces denrées en stock que je ne pouvais pas distribuer. Et puis on m’a présenté Kamel [Guemari, ndlr]. Depuis deux mois, on travaille ensemble. Les bénévoles ont continué à cuisiner dans notre local boulevard de la libération, pour offrir à manger chaud. On a fait 1000 à 1500 repas par jour. À chaque fois qu’il n’y avait plus de stock, les dons reprenaient. Les gens ont vu la misère, elle était partout dans les rues de Marseille. Des gens qui vivaient correctement jusqu’ici sont venus vers nous en pleurs”.

Driffa, association Femmes, famille, Font-vert (14e) : “J’ai commencé à distribuer des colis parce que des voisins tapaient à ma porte en me disant que le Mcdo travaillait avec des associations pour la distribution. Toutes les livraisons ont été faites par des jeunes, avec les associations on a fait du système D. Quand on distribuait, on a vu la colère des gens, qui trouvaient qu’il n’y avait pas assez. Ils pensaient que c’était une distribution de l’État. Nous on expliquait qu’on était bénévoles, que c’était tout des dons”.

Une situation qui perdure

Ibrahim, anime l’association Sabil à la Castellane (15e) depuis 2015 : “On est encore dedans ! On travaille toute l’année, mais l’association a été mise dans la lumière pendant la période. Les dons nous viennent par le bouche-à-oreille, les gens qui voient ce qu’on fait sur les réseaux sociaux. Dans la cité, on aide à peu près 150 familles, et on fait des maraudes ailleurs dans la ville, sans moyens, sans subventions. Nous croyons en L’État mais l’État ne croit pas en nous.”

Charlotte, membre du collectif Aouf : “Il faut qu’on continue. Le déconfinement n’a rien révolutionné : il faut mettre à plat l’aide alimentaire à Marseille. Il faut une grande réunion de tous les acteurs, gros et petits […] Je suis arrivée au Mcdo après deux semaines de confinement. J’avais récupéré un stock de denrées auprès de l’association Vendredi 13, j’ai chargé mon Kangoo. J’ai dit que je pouvais peut-être aider dans l’organisation, j’ai apporté mes compétences. Je ne connaissais pas du tout les quartiers nord. J’ai rencontré de belles personnes, on a créé un chouette réseau. On n’a pas réfléchi 50 ans, on a fait.”

Des associations très fragiles

Sarah, association Dihya “On attend que ça continue. Personne n’était sur le terrain, et c’était nous qui y étions. On a aidé tout Marseille. On est allés dans le 8e, dans le 9e, on ne savait pas qu’il y avait des besoins là-bas aussi. Nous sommes des associations de l’ombre, mais qui sont en action, sans moyens.”

Karima, association Rebondir 13 : “Les grandes associations, les décideurs vont les croire sur paroles pour expliquer la situation. Nous, on doit toujours prouver notre légitimité. Nous avons évité une grave crise sociale, et quand ce sera terminé, nous les petites associations, n’existerons plus. Il nous reste à régler les denrées achetées à la Banque alimentaire et les loyers aussi. Il ne faut pas qu’à la suite du confinement, nos associations ferment.”

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    on va peut être arrêter de se moquer de castaner et de ses photos en groupe en sans masque ?

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    • Happy Happy

      Ou alors on va voir dans ces visages découverts la force de la solidarité, qui n’empêche personne d’être faillible sur des détails. Des visages découverts, c’est pas celui de castaner que je préfère…

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  2. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Et pendant ce temps là, les élus font ce qu’ils peuvent, bien content que les associations fassent leur travail…!
    Mcdonald’s va bien s’en sortir car son image d’entreprise exploiteuse va reluire sur Marseille…!
    Secours Populaire, Secours Catholique et Cimade vont beaucoup faire pour l’Été Marseillais…!
    Inventons des collectifs auto fongibles contre l’État Léviathan…!

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    • PromeneurIndigné PromeneurIndigné

      ” L’ Etat a de moins en moins de pouvoir au niveau locale Depuis les lois Deferre ce sont les collectivités territoriales qui sont à la manœuvre Le bilan social ,culturel et économique de ces “nouveaux féodaux” est médiocre voir nul ! Tout miser sur le tourisme et le commerce c’est mettre tous ses œufs dans un même panier !

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  3. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Combien aurait-il été possible de financer des denrées alimentaires pour les plus démunis avec le fric gaspillé pour la piste cyclable éphémère du Prado ?

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  4. ANGIE13 ANGIE13

    Bravo Lisa..article très juste qui résume bien la situation. Heureusement que le tissu associatif des quartiers à bien fonctionné. Mais la crise devenue alimentaire n’est pas terminée. Ou étaient les grandes associations nationales qui passent leur temps dans les médias à faire des appels aux dons? L’état qui a ouvert les vannes va maintenant demander des comptes.méritent des,subventions et des aides ceux qui bossent.
    Ne pas oublier aussi la distribution de repas Sodexo qui continue encore en juin.

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