PACA - La dévitalisation des centres anciens de la Région à l'étude
Les territoires doivent faire des investissements lourds pour les centres anciens
Xavier Durang est géographe, chef de projet au service Connaissance territoriale et information géographique de la Région PACA. Cette interview a été réalisée sur la base de l’étude publiée en décembre 2017 « La dévitalisation des centres anciens : un constat préoccupant ».
Les territoires doivent faire des investissements lourds pour les centres anciens
Comment se définit un centre ancien et combien en avez-vous repérés dans la région ?
Cent centres ont été étudiés. Nous voulions travailler davantage sur les centres anciens que sur les centres-villes. Les espaces anciens sont marqués par les parties moyenâgeuses, entourées de remparts à l’origine, la présence du patrimoine, des églises, et du bâti tout autour. C’est d’abord sur des critères de tissu urbain historique.
Quelles sont les raisons principales de la dévitalisation d’un centre ancien ?
D’une certaine manière, l’histoire récente du développement de la ville est une des causes. Le lotissement, le logement individuel, la voiture se sont généralisés. La vacance de logements est très forte. Aujourd’hui, une famille qui souhaite s’implanter va plutôt privilégier, si elle en a les moyens, une maison avec un jardin. En centre-ville, les logements ne répondent pas assez à ces critères. Pour le commerce, le développement incontrôlé des zones commerciales dans les périphéries se fait aux dépens des centres, sans compter la diminution des marchés. C’est plus facile, et moins coûteux, de construire des bâtiments sur une zone d’activité que de réinvestir dans le centre.
Quels sont les risques auxquels peuvent être confrontés les centres-villes en forte dévitalisation ? Devenir des quartiers fantômes ?
Dans certaines des villes les plus touchées, il y a des îlots d’insalubrités. Je ne dirai pas fantôme, mais l’action Cœur de ville [Plan gouvernemental de revitalisation des centres-villes] avait choisi des villes sur lesquelles on a travaillé, comme Grasse, Draguignan, Manosque. Elles étaient suffisamment en difficulté pour pouvoir bénéficier de ce dispositif.
Pourquoi des centres sont plus impactés que d’autres ? On peut voir notamment dans l’étude l’ouest du Vaucluse fort impacté, comparé à la conurbation azuréenne, peu concerné par cette problématique.
Le facteur de résilience, c’est le tourisme. Une commune touristique a moins de risque d’être fragilisé que les autres. C’est un atout pour résister à la dévitalisation. Nous pensions que les centres-villes des petites villes étaient les plus touchés, alors que ce n’est pas forcément le cas. 14% de ces centres-bourgs atteignaient un niveau d’alerte très élevé de dévitalisation. Pour les villes moyennes, comme, Gap, 1 sur 2 est en situation de fragilité.
Pourquoi avoir écarté de l’étude les plus grandes villes de la région (Marseille, Aix, …) ? Est-ce que ce n’est pas restrictif d’exclure ces métropoles alors qu’elles pourraient être une des raisons de la dévitalisation d’autres villes ?
Dans la dernière version de l’étude, qui sera livrée cette année, il y aura un focus sur les centres-villes des grandes villes, mais la problématique n’est pas la même. Autant pour Avignon le centre-ville est bien circonscrit intra-muros, autant pour Marseille c’est plus compliqué. 1 million d’habitants, son centre ancien peut être délimité, mais le centre-ville et son activité commerciale comment les définir ? Marseille est une ville trop grande, elle doit être comparée à d’autres grandes villes.
Quelles sont les solutions pour faire revivre un centre-bourg ?
Dans le cadre du SRADTT [Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire], nous avons fixé un certain nombre d’orientations pour que les centres-villes soient plus attractifs. Pour que les gens aient envie d’y habiter, il faut une nouvelle offre de logement. Ces centres doivent être très bien desservis par les transports en commun. Nous devons aussi pouvoir y flâner à pied, s’y déplacer à vélo. Les territoires doivent être en capacité de faire des investissements lourds, le commerce, l’habitat, le transport, et d’animer ces centres, en y créant du flux.
Est-ce-que le développement du numérique peut aussi avoir un rôle ?
Oui. Aujourd’hui on ne fait pas ses courses que dans les magasins. On pratique le click-and-collect, et il faut que les centres intègrent les nouveaux usages des habitants-clients. Les villes peuvent monter des plateformes pour regrouper leurs commerçants. Sur les transports, il faut aussi développer des applications.
Thomas VERBRUGGHE-DELCHAMBRE @ThomasVbgh
Xavier Durang présentera le rapport lors de la deuxième conférence sur les territoires, le 21 juin à 11h à l’Ecole de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille.
Le rapport "la dévitalisation des centres anciens : un constat préoccupant" a été conçu en partenariat avec les agences d'urbanisme Audat Var, Agam, Aupa, Auray et la Dreal PACA.
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