Violences faites aux femmes : mieux vaudrait s’attaquer aux causes qu’aux conséquences

Billet de blog
le 7 Déc 2017
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Le sexisme ordinaire est le reflet d’un ordre social partagé par tous, femmes et hommes. Il est invisible et inconscient. A l’heure où l’on se refait une dignité en mettant sous les feux de la rampe la question des violences faites aux femmes, j’aimerais dire l’exemple d’une toute petite spoliation, consentie, justifiée, normale faite par des hommes qui pourraient se considérer comme féministes et consenties par des femmes qui ne s’en laissent certainement pas compter. A mon sens, c’est là qu’il faut regarder le problème, je veux dire la norme sociale.

Un soir de la semaine dernière, je suis allée à une réunion fort intéressante sur la présentation d’une augmentation de capital d’entreprise. Mais attention, si la démarche était économique, elle était aussi politique et plutôt éloignée d’une pratique capitaliste. 6 personnes travaillent régulièrement dans cette entreprise, 3 hommes qui en sont les porteurs, les initiateurs et 3 salariés et/ou co-propriétaires qui les ont rejoints ensuite par recrutement (un homme et deux femmes). Comme on pouvait s’y attendre, les questions étant politiques, intellectuelles et surtout financières, l’auditoire d’une vingtaine de personnes était majoritairement masculin mais la parole n’était nullement monopolisée. C’était une réunion qui constitue un excellent exemple de démocratie, d’ouverture d’esprit, d’intelligence, d’effort fait pour aller dans le sens d’une société démocratique et égalitaire,
voire probablement aussi solidaire. Les trois porteurs du projet et leur salarié étaient debout, actifs, répondant avec pertinence à toutes les questions. Les deux femmes étaient assises dans un coin, silencieuses, discrètes, observant attentivement le déroulement de la soirée.

Que faut-il en penser ? Tout cela est normal, légitime, justifié. Les femmes ont été recrutées plus tardivement que les hommes. Elles ont participé au projet largement avant la présentation au public. Elles ne sont pas cantonnées dans des tâches subalternes.

Alors ? Rien. Juste la norme sociale des rôles de sexe ! Et cette norme est indolore, acceptée, parfaitement intériorisée. En tous cas, non pensée. C’est ce que j’appelle la résistance sociale à l’égalité entre les femmes et les hommes. Il me semble que c’est là qu’il faut regarder, fouiller, gratter car c’est l’origine de toutes les discriminations qui, elles, sont visibles, désignables, sur lesquelles on peut s’indigner et tenir des discours militants et politiques. Il est incontestablement mieux que les femmes prennent la parole sur les formes imbéciles de la domination masculine dont elles sont quotidiennement victimes et même probablement mieux que les politiques y rajoutent quelques règlements nouveaux. Mais cela ne changera pas grand-chose. Après la vague d’indignation collective si politiquement correcte que nous connaissons, que restera-t- il dans notre quotidien ?
L’élastique des évolutions sociétales s’étire dans un sens et revient en arrière. Et si c’est vrai de tout, cela l’est encore plus pour ce qui concerne la place des femmes dans la société. Réjouissons-nous de la parole plus libre des femmes. Méfions-nous de tous ces indignés.

Il nous reste à penser la résistance sociale à l’égalité, c’est-à- dire la forme et le sens des normes qui nous régissent et qui fondent les légitimités que nous revendiquons.

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