Un Raval nettoyé accueille Guédiguian et Ascaride
Avril 2012, près de vingt ans après les Jeux Olympiques, deuxième mois d’exercice de la nouvelle Filmothèque de Catalogne, confortablement nichée dans le Raval. Ce quartier, c’est un peu le Belsunce de Barcelone, le quartier du centre-ville en perpétuelle réhabilitation. Vingt ans après les premiers coups de bulldozer, d’institutions culturelles et de bars cools, on peut dire que ça a fonctionné…en partie. A lui seul, ce quartier montre la portée et les limites d’un urbanisme de gentrification au forceps.
Le Raval, ou “barrio chino” est un triangle bordé par les Ramblas d’un côté (ancien centre de la vie sociale barcelonaise déserté par les mêmes depuis sa colonisation touristique), l’avenue Paral.lel (sorte de Pigalle : cabarets, théâtre et prostitution dont il demeure de beaux restes) et Sant-Antoni / Plaça Universitat (pas la peine d’expliquer qu’il y a la fac). Si vous avez lu “L’ombre du vent”, c’est là qu’il va au cimetière des livres oubliés, c’est un enchaînement de petites rues biscornues, de ligne aux fenêtres, de bars glauques, de vendeurs pakistanais et de quelques institutions nocturnes plus ou moins recommandables, restes d’un passé sulfureux. Sans oublier les hôtels de passe, la prostitution en plein air, notamment près d’un bar bien nommé : “Bar Marsella” (Bar Marseille… la classe internationale !).
Pour comprendre ce qu’il s’y passe depuis les années 80, je vous conseille le documentaire “En construccion”. En gros, ils ont réussi ce que la Mairie de Marseille rêve de faire entre la Canebière et la gare depuis des décennies sans y parvenir : faire du quartier chaud un lieu d’encanaillement bon enfant, très étudiant et très cultivé. Une armée de bulldozer à aménagé une Rambla qui n’existait pas (en détruisant des immeubles insalubres qui occupaient l’espace), on a installé un énorme campus, puis le Musée d’Art Contemporain, le CCCB (Centre de Culture Contemporaine de Barcelone), et dernièrement la Filmothèque de Catalogne.
Cette dernière, accolée à une rue où la prostitution low-cost vit ses dernières heures génère un mélange délicieux sur l’esplanade : l’intello barcelonais à lunettes sartriennes y côtoie la prostituée en surpoids sous habillée… Décidément, “A Barcelona tot hi cap” comme disait un ancien slogan municipal. Cette Filmothèque vaut le coup, sans parler de son architecture, comme d’habitude, ils ont assuré, il faut mettre les moyens quand on veut transformer un quartier !
Et cette semaine, Robert et Ariane, Guédiguian et Ascaride, viennent présenter un cycle qui leur est consacré… outre les Neiges du Kilimandjaro (qui sort en Espagne), L’armée du crime, Lady Jane, Le Voyage en Arménie et Ceux qui aiment la France ponctuent la semaine de la Filmothèque du 10 au 15 avril. Les deux stars du ciné marseillais seront même là mardi 10 (demain), séances à 19h (Ceux qui aiment la France) et 20h (Les Neiges du Kilimandjaro). Le cycle a reçu le support de l’Institut Français, du Parlement Européen et de TV3 (la chaîne publique catalane).
Les deux artistes qui s’intéressent tant aux mutations sociales auront de quoi prendre des notes s’ils se penchent sur l’histoire du quartier…
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