Dicovid 19-20

Tranquille

Billet de blog
le 11 Mai 2020
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Une idée pour ces temps de confinement : élaborer un mini dictionnaire des mots du moment. Et jouer avec ces mots pour se jouer des maux. Ce sera mon rendez-vous quotidien.

Holà, holà, on se calme. Les plongeurs de grand fond respectent les paliers de décompression lorsqu’ils remontent. Et les accrocs en cure de désintox réduisent les doses progressivement. Idem pour les péquins en cours de déconfinement. Pas de précipitation ! Et pas tous en même temps. Pas tous sur les plages fermées, les pistes cyclables fraichement inaugurées, les magasins de niéme nécessité, les rues, les librairies…On ne se grise pas, on fait ça par étapes. D’abord prendre le temps de s’étonner. Dis-donc, le printemps a explosé d’un coup cette année, on n’a même pas vu grossir les bourgeons…J’étais pas venu dans ce quartier depuis un moment, il a drôlement pas changé…Et ces chantiers ils ont drôlement pas avancé. Prendre ensuite un moment pour se souvenir. Tu te souviens quand on s’était précipités dans les magasins pour faire des réserves avant leur fermeture…Et maintenant on se précipite à leur réouverture. Prendre aussi le temps de se préparer. On ne sort pas le nez au vent, on se pince-nez au masque. On fait des étirements et tant pis pour les confinés qui n’ont pas suivi les cours de gym gratuits-collectifs-tous niveaux-progressifs-et-validés. On choisit une tenue de circonstance, la combinaison intégrale ne s’impose pas, le string non plus. Et on sort en souriant largement, les yeux suffisent pour en attester, on reste prudemment sur son trottoir, on fait éventuellement quelques pas en direction du voisin de balcon que l’on connaît depuis peu et l’on engage la conversation. Mais en douceur et avec précaution. Comme un premier pas :
– Alors, ce confinement ?
– M’en parlez-pas ?
– Vous avez l’air en forme
– Si vous le dites
– Ce n’était pas trop long ?
– Comme pour vous je suppose
– Allez, à la prochaine fois…
– Une seule suffira, vous ne croyez pas
– Je voulais dire…
– Oui, oui, j’avais compris.
Et puis, petit à petit, vous reprenez confiance, vous vous enhardissez. Tiens, ils ont ressorti les terrasses, tiens, elles sont bondées. Tiens, les magasins sont ouverts, tiens la file est très longue. Tiens, les ados sont de sortie, tiens ça rigole et ça hurle. Ça vit quoi ! Vous marchez, trottinez, gambadez, courrez en respirant à pleins poumons. C’est bon de se prendre un bon bol d’air bien pollué comme avant. Vous sursautez parfois mais c’est tellement plaisant de retrouver les coups de klaxon. Et tous ces « pardon » des passants qui vous bousculent sont tellement sympathiques. Et puis vous rentrez chez vous. C’était juste une première sortie. Ne pas se laisser griser. La deuxième sera plus longue, plus aventureuse. Vous irez peut-être au marché. Au ciné, faut pas rêver. Avant d’ouvrir les vannes, il faut franchir les écluses. Un sas je vous dit. Pas un Sras, un sas.

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