L'écologie urbaine à Marseille

SUR L’AMÉNAGEMENT DE LA PLAINE

Billet de blog
le 2 Oct 2016
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À propos de l’écologie urbaine à Marseille, l’aménagement d’un site nous donne à réfléchir, en ce moment : il s’agit du projet de réhabilitation de la Plaine, de la place Jean-Jaurès. Il s’agit d’un débat environnemental qui met en évidence la dimension politique des questions liées à l’aménagement de la ville et de ce que l’on peut appeler l’environnement urbain.

Un article publié sur Marsactu le 1er octobre évoque la décision du jury chargé d’attribuer la mission d’aménagement de la Plaine qui semble être confiée à l’architecte Paola Viganò, de Milan, associée à un bureau d’études de Valence. La SOLEAM (Société locale d’Aménagement et d’Équipement de l’aire marseillaise) présente, sur son site, le projet d’aménagement de la Plaine comme une partie de l’opération de renouvellement urbain du « Grand centre ville ». Cela appelle, de notre part, une première réflexion : c’est tout le centre de Marseille qui est ainsi en voie de « renouvellement urbain ». En réalité, sans doute s’agit-il, au-delà, d’engager des projets d’urbanisme pour, précisément, que le centre finisse par exister pleinement à Marseille, pour que Marseille ait un centre. En effet, c’est le centre qui manque à cette ville pour qu’une logique urbaine finisse par d’y instaurer, tant sur le plan de l’aménagement de l’espace que sur celui des transports et des déplacements ou sur celui, plus fondamental, de l’habitat et du logement. Le site de la SOLEAM présente, ainsi, ce grand projet, doté d’un budget de 235 millions d’euros, dans le but d’engager 35 interventions sur un espace de mille hectares, autour de seize axes de ravalement prioritaires.

Les objectifs annoncés sur le site de la SOLEAM sur le projet d’aménagement de la Plaine sont les suivants. Il s’agit, selon le site, de revaloriser la partie sud de la place, de rationaliser et de règlementer les usages de l’espace public, de favoriser les déplacements doux en assurant une continuité des cheminements vers le cours Julien et de limiter la circulation de transit. On peut commencer par s’interroger sur la signification de ces objectifs, et, en particulier, noter qu’ils ne portent pratiquement que sur les déplacements et que les usages de l’espace public doivent être « rationalisés » et « réglementés ».. Il y a là une dimension contraignante des usages de l’espace public, comme si le fait d’habiter la ville et l’espace urbain n’était rationnel que s’il était soumis à une réglementation. Il ne s’agit pas d’une rationalisation permettant de comprendre les usages de l’espace public et de lui donne du sens, mais d’une rationalisation destiné à en censurer les usages, à les soumettre à de la norme.

Par ailleurs, on peut s’interroger sur le fait qu’à ce jour, aucune indication n’est proposée sur le site de la SOLEAM sur les projets concourant pour l’attribution de l’aménagement de la Plaine. Il n’y a aucune information destinée au grand public sur les différents projets, sur ce qui les caractérise, sur ce qui les distingue, et sur les critères choisis pour décider de l’attribution de la mission de l’aménagement.

Enfin, on peut noter que le jury s’est réuni le 9 septembre, mais que presque un mois après, aucune information n’a été donnée sur la décision qui a été prise, ni sur le site de la SOLEAM ni sur le site de la Ville de Marseille. Il y a là comme une loi du silence observée par les autorités municipales sur un projet qui engage, cependant, toute une vie de quartier et tout un aspect des formes de la ville.

C’est pour lutter contre ce silence et pour faire entendre la voix des habitants du quartier que s’est instituée, le 24 mai dernier, une Assemblée de la Plaine, qui a publié un « Manifeste », exprimant, en particulier, deux avis importants. Le premier porte sur la vie du quartier de la Plaine elle-même. Il s’agit, pour l’association, de « multiplier les occupations festives et conviviales de l’espace public », c’est-à-dire, finalement, de rendre à l’espace public sa double signification : celle d’un espace de rencontres et de débat et celle d’un espace de fête destiné à rendre toute sa richesse et toute sa valeur au fait d’habiter la ville. L’autre opinion du Manifeste de la Plaine est la critique des logiques du pouvoir municipal, à la fois en critiquant ce qu’il appelle « le harcèlement médiatique et policier de notre marché » et en dénonçant l’absence d’information et de participation du public des habitants à la décision concernant les projets d’aménagement de la place.

 

Pour rendre à la ville toute sa dimension politique et pour faire retrouver à l’espace public sa mission fondatrice, celle de la rencontre, du débat et des échanges, il importe de commencer par ne pas contrôler l’information ni la censurer, mais, au contraire, de la diffuser le plus largement possible au lieu de gouverner par la rumeur et le secret. C’est le sens d’une politique démocratique de la ville et de l’espace urbain. Sans doute, apparemment, en sommes-nous loin à Marseille.

Commentaires

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  1. Maltsec Maltsec

    Sur un premier point : les maladresses de la SOLEAM contrainte à esquiver tout énoncé du projet. C’est sa position de technicien dans un contexte de marché public, dont la décision relève du politique in fine, qui est délicate sous le feu des partisans de l’agit prop. Ceux-là pour le coups ne contribuent pas à installer un débat, et sont peu habilités sur les aménagements urbain : la mal nommée assemblée de la Plaine s’émeut du budget prévu, les 11 M rapportés aux surfaces c’est un chiffre très moyen qui ne permet pas de dérapage grandiose et c’est tant mieux. Renseignez-vous et comparez. Le vrai débat sur les usages n’a pas eu lieu et c’était l’objectif de beaucoup dont la dite Assemblée.
    Vous reprenez à votre compte des affirmations bien abstraites sur l’espace public comme source du festif et du convivial contre le harcelement policier.
    Mais fréquentez-vous bien cet espace au quotidien pour reprendre bèatement ces arguments. Le premier caractère de l’espace public n’est pas la fête mais son usage partagé par tous et sa conséquence : le sentiment de sécurité. Ici le choix est en effet politique. Comment pouvez-vous ignorer que le choix de quelques uns de “multiplier les occupations festives et conviviales de l’espace public” ne contribue pas à terroriser ceux qui ne rejoignent pas la parade festive. Je connais de mes voisins qui n’osent plus sortir et accéder à cet espace commun qui est sous leur fenêtre, occupé par un concert de techno, des punk a chien, des forains sans égards. Vous vous gargarisez à bon compte.

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    • LaPlaine _ LaPlaine _

      Absolument d’accord avec les arguments de Maltsec. Ce type de discours colle totalement et depuis le début avec les ommissions et contre vérités qui servent de viatique à cette assemblée autoproclamée. En somme l’utilisation collective de la Plaine, c’est faire un petit feu de joie un dimanche soir entre potes au son du tambourin (vu de mes propres yeux), c’est improviser un concert sans autorisation préalable, c’est rendre inutilisable au petit matin un terrain de jeu pour enfants jonché d’éclats de verre, c’est accepter un “marché forain” qui s’oriente de plus en plus vers un énième marché aux puces et ne respecte aucune règle de nettoyage, c’est installer des tables et des structures sur l’espace public sans douter un seul instant que cela ne puisse pas plaire à tout le monde, c’est tolérer que cette place ne soit qu’un immense parking à ciel ouvert jour et nuit, j’arrête la liste des “occupation festives et conviviales”…Je pourrai également évoquer la notion de gentrification qui “va arriver à grand pas” après cette requalification, avec un sourire non feint. Au bout du compte, je pense qu’effectivement nous n’avons pas les mêmes notions de la convivialité mais avant tout de la démocratie et du respect d’autrui.

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