Villes et métropoles

QU’EST-CE QU’UNE IDENTITÉ MÉTROPOLITAINE ?

Billet de blog
le 18 Août 2018
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Nous poursuivons aujourd’hui la réflexion engagée ces dernières semaines, dans « Marsactu », sur la métropole marseillaise et sur ce qu’elle peut signifier, à la fois pour ceux qui l’habitent et pour ceux qui sont en relation avec elle.

Qu’est-ce qu’habiter une métropole ?

Habiter une métropole, ce n’est pas seulement habiter une ville : c’est habiter un espace qui regroupe plusieurs villes dans une forme d’identité partagée. Reprenons, une fois de plus, les mots, et, en l’occurrence, l’étymologie. En grec ancien, puisque c’est la langue qui a, en quelque sorte, « inventé » le terme même, métropole, et qui nous l’a transmis, unemétropole, c’est une ville-mère, une polisqui est, en même temps, une méter.Cela signifie qu’une métropole n’est pas seulement une ville un peu plus grande que d’autres, un peu plus importante que ses voisines, mais une ville qui donne, en quelque sorte, naissance à d’autres, une ville qui est une mère pour d’autres, c’est-à-dire une ville dont dépendent d’autres cilles, à la fois dans leur histoire, dans leur économie, dans leur culture et dans leur identité. Une métropole, finalement, c’est une ville dont le voisinage sert, en quelque sorte, à fonder l’identité des villes qui l’entourent. Habiter une métropole, c’est, ainsi, habiter ce que l’on peut appeler un réseau de villes, un ensemble de villes articulées les unes aux autres dans une politique partagée et dans une économie collaborative. Habiter une métropole, c’est ne pas être citoyen d’une ville, mais être aussi, en même temps, citoyen de cet ensemble de villes dont fait partie celle que l’on habite.

 

Identité urbaine et identité métropolitaine

De quoi est faite une identité métropolitaine ? C’est donc la question qu’il importe de se poser, en l’occurrence à propos de Marseille. La difficulté de la métropole marseillaise est qu’à la différence d’autres métropoles (en écrivant cela, je pense, en particulier, à Paris ou à Lyon), Marseille a, tout au long de son histoire, appartenu à un espace métropolitain où le pouvoir se partageait entre elle et une autre ville, en l’occurrence Aix. En effet, si c’est sans doute à Marseille que se situait, depuis toujours, l’activité de la métropole, c’est bien à Aix que s’engagent les activités liées à la justice et celles qui sont liées à la culture. Finalement, ce que l’on peut comprendre, c’est que l’identité métropolitaine est, en quelque sorte, partagée entre Marseille et d’autres villes comme Aix-en-Provence. C’est sur ce point que l’on peut faire une différence entre une identité urbaine et une identité métropolitaine : tandis qu’une identité urbaine désigne l’identité d’une simple ville, une identité métropolitaine désigne l’identité d’une ville dont dépend un ensemble de villes, l’identité d’une ville qui exerce une sorte de pouvoir, économique et politique, sur d’autres villes qui dépendent d’elle.                                                                                                   

 

Difficultés d’expression de l’identité métropolitaine

Mais, dans ces conditions, il importe que les métropoles expriment leur identité, qu’elles engagent les pratiques sociales, économiques et culturelles qui manifestent leur importance par rapport à d’autres villes qui, en quelque sorte, dépendent d’elles. À Marseille comme dans d’autres espaces urbains, l’identité métropolitaine a, sans doute, de la peine à s’instituer et à s’exprimer. Il ne s’agit pas seulement d’engager l’existence d’un réseau de villes dépendant de la même métropole, mais d’exprimer l’identité de la métropole en exprimant la ville qui en est porteuse. Trois éléments permettent de définir l’identité métropolitaine et de comprendre son existence. Le premier est l’existence d’un réseau unissant les différentes villes qui font partie de l’espace dominé par la métropole. Le second est l’existence d’un ensemble d’institutions de formation, de droit et de justice, de politique et d’économie mises en commun par un ensemble de villes voisines. Enfin, l’identité métropolitaine renvoie à une histoire commune, à une histoire partagée par l’ensemble des villes faisant partie du réseau constitutif de la métropole. La difficulté d’expression de l’identité métropolitaine tient, justement, aux logiques de pouvoir et de domination qui sont engagées dans l’espace de la métropole, à la fois sur le plan des institutions, sur le plan de l’économie politique urbaine engagée et sur le plan des réseaux institués dans le domaine du transport et dans celui de la production et de la distribution de l’énergie.

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