Que d’eau, Prado, crado…

Billet de blog
par Tarama
le 23 Nov 2019
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Que d’eau, Prado, crado…
Que d’eau, Prado, crado…

Que d’eau, Prado, crado…

C’est la même litanie maronnasse et malodorante à chaque pluie conséquente : l’Huveaune (et son affluent le Jarret), plus collecteur d’eaux pluviales que rivières une fois entrée dans Marseille, charrient vers la mer des millions de mètres cubes d’eau chargés de déchets en tous genres…

Plastique, polystyrène, canettes, pneus,…

Le flot continu des déchets lors de la crue modérée du 23 novembre 2019

Tous les bassins de rétention du monde, même les plus grands et les plus chers comme le bassin Ganay, ne pourront rien y faire : tant que nous jetterons des tonnes de déchets ailleurs que dans les poubelles où ils devraient, a minima, se retrouver, il y aura des tonnes de déchets qui partiront à la mer (et dans la nature dans son ensemble).

Plastique, polystyrène, canettes, pneus, on trouve de tout à la surface du fleuve. Et ce qui est plus lourd transite sous la surface, entre deux eaux.

Déchets dans l’Huveaune, le 14 novembre 2019. Pneus, plastique, polystyrène, etc.

Par temps sec, l’Huveaune et le Jarret (qui n’est pas un boulevard, mais bien un cours d’eau prenant sa source dans le massif de l’Étoile, et qui a donné son nom au périphérique urbain qui le recouvre) sont déviés depuis plus de 20 ans au niveau de la station d’épuration de Marseille, sous le stade Vélodrome, par le barrage de la Pugette.

Les cours d’eaux sont ainsi envoyés dans la calanque de Cortiou par un émissaire parallèle au grand collecteur des égouts. Cet émissaire à un débit maximal supportable et afin de ne pas le détruire, les eaux du fleuve côtier sont larguées dans leur lit naturel en direction de la mer, lors d’épisodes pluvieux dépassant le stade (Vélodrome) de la simple averse.

Cette déviation a été réalisée pour préserver les plages de Marseille de la pollution charriée par l’Huveaune, qui a longtemps servi d’égout à ciel ouvert à la ville et aux industries lourdes de la vallée de l’Huveaune. Les anciens racontent qu’il n’était pas rare que la cours d’eau change de couleur d’un jour à l’autre, et dans des teintes n’ayant rien de naturel !

Epluchures Beach

C’est cet état de fait qui a valu à la plage de l’Huveaune, située à l’embouchure du fleuve en face de l’hippodrome Borély son nom, bien connu des marseillais : Épluchures Beach.

Ce sont les véliplanchistes qui le lui ont donné lors de l’éclosion de la pratique de la planche à voile dans les années 1970 sur les plages (pas encore artificialisées) du Prado, où on ne trouvait pas que des posidonies séchées…

Pollution déchets plage Marseille

Epluchures Beach le 24 octobre 2019, après largage de l’Huveaune la veille.

Par temps de pluie, le réseau d’égout unitaire du centre ville fait que les volumes d’eaux arrivant à la station d’épuration de Marseille augmentent considérablement.

Pour ne pas détruire les installations, les eaux usées ajoutées aux eaux pluviales dépassant a capacité de traitement de la station sont elles aussi largués à la mer via un émissaire de dérivation courant sous l’Avenue du Prado plage et se jetant à l’embouchure de l’Huveaune.

C’est pourquoi il ne faut pas se baigner ni surfer dans les heures et jours qui suivent un largage, le temps que les bactéries disparaissent, sauf si on aime surfer la vague d’un bassin de décantation de station d’épuration bien sûr !

Pour nous, pour la nature

Une fois que nous aurons réglé la question de la propreté urbaine à Marseille, nous pourrons nous attaquer à la question de fond, celle de la surconsommation.

En attendant, il nous faut agir pour nous, mais aussi pour la nature qui n’a rien demandé, elle, et qui est bien présente jusqu’en ville, à l’image de ce héron pêchant dans l’Huveaune à quelques mètres de l’avenue de Mazargues le jeudi 14 novembre aux alentours de 13h, et qui sera dérangé par la montée des eaux polluées quelques minutes plus tard…

Héron dans l'Huveaune

Un héron dans l’Huveaune à Saint-Giniez, au milieu de la pollution, le 14 novembre 2019.

Commentaires

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  1. LN LN

    …”Géolide : Mise en service en février 2008, est la plus grande station d’épuration souterraine au monde. Elle a été conçue dans un objectif “0 nuisance” (0 nuisance visuelle, 0 nuisance sonore, 0 nuisance olfactive) en faveur d’une protection durable de l’environnement. Sa contenance est telle qu’elle peut desservir les 18 communes de la Communauté Urbaine, plus 10 autres, pour une capacité de traitement de 1.82 millions d’équivalents habitants”…
    Riez, rions….
    Sauf que les SI les communes en amont traitaient elles aussi leurs eaux usées, nous n’aurions pas systématiquement cette catastrophe annoncée lors de ces épisodes pluvieux. Je ne vous parle pas des 10 autres qui se sont rajoutées… Ca fait bcp pour Géolide.
    Alors ils stockent en pleine ville dans le bassin Ganay, qui est rempli en 2 minutes sous les pluies diluviennes et qui renverra plus tard vers Geolide .
    Depuis sa construction, Il inonde systématiquement le bd du même nom : et oui, plus tu bétonnes et moins ca absorbe.
    Quand aux “zeros” nuisances promises, on se fend la gueule… Allez donc traîner vers Pugette les jours de Mistral, ils en profitent pour bien larguer les gaz des bas fonds. D’ailleurs, samedi, sous le déluge, vers Sainte Anne la même odeur souffreteuse macérée dans la merde se dégageait aussi de l’Huveaune.
    Hop ! Tout à la mer ! Lundi, le spectacle était dramatique à David

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