Quand la Mairie tend le bâton…
Il y a vraiment de quoi se désespérer. Je suis à deux doigts de ne plus arriver à écrire sur ce blog tellement l’actualité marseillaise est déprimante ! La réforme des rythmes scolaires est un concentré de tout ce qui peut rendre fou. Je voulais faire un billet sur cet article du Monde “A Marseille, un système scolaire au bord de l’explosion” sans savoir par quel bout le prendre tellement ça m’énerve. Après trois tentatives, je pense qu’on peut en parler de la manière suivante : cette histoire est un bon exemple de la Mairie tendant le bâton pour se faire battre.
Je pars du principe (très arbitraire) que cette réforme doit être appliquée à Marseille, non pas que j’y crois profondément mais parce que dans ce pays, si le gouvernement dit, alors il faut faire. Les villes n’ont pas l’autonomie suffisante pour décider de ne pas appliquer une loi venant de l’Etat, on peut le déplorer mais c’est ainsi. La Mairie de Marseille savait donc qu’elle devrait s’y plier tôt ou tard. C’est un premier point essentiel pour ce qui suit : un maire en place depuis 1995 et qui a été vice-président du Sénat ne peut pas penser une seule seconde que Marseille restera en marge d’une telle réforme, il agit donc en pleine conscience.
Le second point est tout aussi important : opposé politiquement au gouvernement, ils cherchent à leur mettre des bâtons dans les roues. C’est de bonne guerre mais il ne faut pas confondre son rôle d’opposant politique national avec sa responsabilité de gestionnaire local. Et là, je pense que je suis en désaccord avec la bande à JC : selon moi, le mandat local prime sur tout, l’intérêt de Marseille (ou la définition qu’on en fait) passe avant toutes les loyautés partisanes. Le bâton doit aller dans la roue, il faut savoir le ranger assez tôt pour pas se le prendre en retour !
Or, si j’ai bien suivi, cette équipe municipale s’intéresse de près à l’image de Marseille. Là encore, on peut en discuter mais il se trouve qu’ils en ont fait une priorité. D’où mon troisième point sous forme de question : comment ont-ils pu penser qu’ils ne feraient pas mal à l’image de Marseille en préférant l’affrontement partisan à la mise en place d’une réforme qui allait s’imposer de toutes manières ?
Dit autrement, comment peut-on être aveugle au point de penser qu’attendre le dernier moment pour que s’installe un chaos tout à fait prévisible ne va pas activer ce cliché bien connu des Marseille bashers : “cette ville est anthropologiquement liée à l’anarchie” ? Il faudrait méconnaître l’image de Marseille ou le fonctionnement des institutions, ce qui n’est pas leur cas.
Il n’y a qu’à lire cet article du Monde pour voir le résultat d’un tel bordel organisé sur l’image de la ville, (attention, ici commence un passage de la première version du billet quand j’étais très colère) lire ce néo-marseillais anonyme qui fait le malin en “analysant” la situation comme un gros vier qu’il est : « La culture scolaire peine à se faire une place dans cette ville qui a construit son image d’Epinal sur la gouaille populaire, la débrouille et la magouille » (j’invente pas, je copie/colle). Que le premier français venu de son Alsace/Savoie/Bretagne/… natale se trouve particulièrement brillant et satisfait de lui en ressortant une connerie qu’il a lu dans Télérama, pourquoi pas. Mais qu’une journaliste d’un quotidien de référence le reprenne en ANONYME… c’est à dire en nous interdisant de savoir ce qui le rend légitime pour dire ça, c’est scandaleux. Limiter le problème de l’école à un trait culturel qui ferait qu’un marseillais est incapable d’investir sur l’école parce qu’il est magouilleur, ça s’appelle du racisme (mais ça va parce que c’est contre les méridionaux). En plus, ça dispense d’aller voir ailleurs : si c’est anthropologique alors pas besoin d’interroger les rapports de l’UMP marseillaise avec l’école privée, si c’est anthropologique, pas besoin de se demander quels objectifs politiques sont recherchés en torpillant cette réforme. Je commence par lui parce que, franchement, entendre ce genre de commentaire au bar, ça énerve mais ça fait partie des commentaires de comptoir, maintenant, payer un abonnement au Monde pour lire ça… à ce stade je lis Métro ! (fin du passage colérique)
Après y avoir pensé plusieurs fois, je n’en veux plus à ces gens (la journaliste et l’expert anonyme) car ils ne savent pas de quoi ils parlent. Mais j’ai envie de dire à l’équipe municipale : “vous l’avez bien cherché !”, maintenant vous pouvez aller pleurnicher sur le Marseille bashing : mais regardez vous ! Lisez-vous ! Ecoutez-vous ! J’ai honte pour vous, on dirait un étudiant qui refuse de faire le travail qu’on lui donne en faisant le cake, à qui on doit expliquer qu’il sera le seul à en faire les frais.
Si la réforme est inéluctable, on peut jouer son rôle d’opposant politique dans le discours, bluffer tant qu’il le faut mais en cachette on se prépare ! Et quand vient le moment de montrer qu’on est un bon gestionnaire on est exemplaire ! On est même meilleur que les autres ! Avouez que ça aurait eu de la gueule de tellement améliorer la réforme qu’on aurait pu dire à la fin au gouvernement : vous nous avez transmis une réforme nuisible et grâce à notre action ça a été bénéfique aux enfants ! C’est quand même pas le même type d’opposition. Mais là j’ai honte ! Tout simplement ! J’ai honte et je dois en prime supporter les commentaires indigestes de tous les crétins qui pensent avoir inventé l’eau chaude en analysant par de supposé traits culturels ce qui ne relève que d’un sale calcul politique. On n’a pas construit une cité comme Marseille qui a tenu pendant plus de 2600 ans, survécu à César, Louis XIV ou encore aux nazis en misant tout sur la débrouille ! Pierre Puget, la Comex ou Pythéas c’est un peu plus que de la gouaille populaire ou de la magouille ! Enfin, soyons un peu sérieux ! Évitons de faire d’un système qui pourrit la ville depuis quelques décennies un trait culturel !
Mais bien sur, tout ces problèmes de réputation qui me chagrine ne sont rien à cause de ce que doivent endurer les parents pris au piège entre deux instituions irresponsables qui se renvoient la balle (l’Etat et la Mairie). Et si je vous suis jusqu’au bout M.Gaudin, face à ces socialistes bons à rien du gouvernement, nous serions en droit de compter sur vous pour ne pas nous imposer la fameuse double peine (rappelez vous, c’était votre slogan)… Votre équipe et vous devriez sur-performer pour compenser la médiocrité de l’Etat, malheureusement, vous avez fait exactement l’inverse sur ce dossier ! Il n’y a vraiment pas de quoi pavaner !
Commentaires
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on prend les mêmes et on recommence??? Curieusement, le Snuipp-FSU et ses représentants locaux manifestaient en juin 2014 devant l’inspection académique pour s’opposer à la mise en place des rythmes scolaires à Marseille. Les mêmes manifestent aujourd’hui pour les appliquer… Cherchez l’erreur. Ces gens-là loin d’être des sans dents ou des illettrés, sont devenus maitre dans l’art de manipuler et d’instrumentaliser nos enfants..
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