Première classe

Deux visages d’une femme Bamileke de Rosine Mbakam. (Photo : Journal Ventilo)

Les premiers gestes documentaires ouvrent à bon nombre de cinéastes des pistes créatives échappant le plus souvent aux contraintes industrielles et financières. C’est un espace des possibles, où l’intime le dispute à l’universel, où la temporalité reprend un brin de sens dans la fabrication des œuvres. L’immense difficulté pour les réalisatrices et réalisateurs, une fois l’opus achevé, réside indéfectiblement dans sa diffusion à destination du plus grand nombre. Dès lors qu’un film ne parvient pas à trouver le chemin de la distribution, sa présence en salles se révèle compromise. Deux vecteurs restent alors essentiels pour l’existence de telles œuvres : les lieux alternatifs de diffusion et les festivals. C’est donc heureux que ce maillage hexagonal permette aux films de rencontrer leur public, en parallèle d’un système industriel par trop corseté. L’équipe du festival La Première Fois apporte sans conteste, depuis maintes années, sa pierre à l’édifice.

Dont acte avec la quinzième édition de la manifestation, qui se déroulera dans la cité phocéenne du 12 au 16 mars, au Videodrome 2, au Polygone Étoilé, ainsi qu’aux cinémas Les Variétés, le Gyptis et La Baleine. Comme à l’accoutumée, la programmation proposée offre de magnifiques découvertes, à commencer par les œuvres de la cinéaste Rosine Mbakam, invitée d’honneur de cette nouvelle édition. Avec Mambar Pierrette, particulièrement remarqué au dernier Festival de Cannes, la réalisatrice nous dévoile le portrait de la couturière Pierrette, dans les rues de Douala, au Cameroun : un film solaire, d’une rare beauté. La présence de Rosine Mbakam sera ainsi l’occasion de (re)voir le magnifique Deux visages d’une femme Bamileke, à l’occasion d’une masterclass assurée à la Baleine. Parmi les opus sélectionnés par ailleurs en ce mois de mars, citons l’excellent documentaire de Chloé Lecci López Tutto apposto gioia mia, splendide voyage introspectif en Sicile, d’où la réalisatrice tire le fil d’une histoire familiale. Citons également 4CM par heure de Pétronille Malet, Fleur d’épine d’Olga Stuga, Kumva, ce qui vient du silence de Sarah Mallégol ou Les Initiés de Colas Gorce, qui participent à composer une quinzième édition particulièrement riche en regards d’autrices et d’auteurs, propre à faire évoluer les langages de l’image en mouvement.

Emmanuel Vigne

Festival La Première Fois : du 12 au 16/03 à Marseille

Rens. : https://www.festival-lapremierefois.org/