Pour nos étudiant.es, pour nos écoles, nos universités, nos chercheur.es, nous ferons front

Depuis le 9 juin 2024, nous vivons un point de bascule dans notre pays. L’extrême-droite est aux portes du pouvoir.

Nous prenons ensemble la parole pour exprimer notre inquiétude face au danger que représenterait pour les étudiant.es et pour l’ensemble des personnels de nos universités, de nos écoles et de nos laboratoires, une victoire du Rassemblement national et de ses alliés dimanche prochain.

Le programme du Rassemblement national est non seulement incompatible mais il nuit même gravement à l’ensemble des valeurs de démocratie et de partage du savoir qui sont au cœur de nos universités et de nos laboratoires. Son projet de réforme du collège unique sera un frein à la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur pour les enfants des classes moyennes et populaires.

Par ailleurs, les propos dégradants, injurieux, voire menaçants tenus par des cadres de l’extrême-droite remettent en cause l’esprit critique et la liberté académique de recherche et d’enseignement. Ces propos s’adressent particulièrement à celles et ceux qui portent des projets de recherches n’entrant pas dans le cadre idéologique de ce parti, notamment en sciences humaines et sociales, dans la construction des programmes scolaires ou encore sur les causes du changement climatique et ses conséquences. Ces déclarations, à l’image du programme du RN sur la recherche et l’enseignement supérieur, illustrent le peu d’intérêt et le mépris que ce parti accorde à ces secteurs.

Depuis Marseille, nous faisons quotidiennement le choix de nous engager pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des étudiant.e.s marseillais.es et des personnels. À l’image de Marseille, la vie étudiante est marquée par les fractures et les inégalités. Nos étudiant.e.s sont confronté.e.s, au moment où ils et elles font leurs premiers pas dans la vie d’adulte, aux difficultés d’accès au logement, à la santé, à l’alimentation… Il n’est plus acceptable que des étudiant.es n’aient pas de quoi se nourrir, étudier, se soigner ou un toit sous lequel dormir. Le RN n’offre aucune solution à cette jeunesse, sauf à celles et ceux qu’ils considèrent comme de “jeunes talents”, et se perd en propositions injustes et démagogues telles que l’exemption d’impôts pour les moins de trente ans.

Attaché.es au rayonnement intellectuel de la France, à la qualité des conditions de vie, d’accueil et de travail des étudiant.es et des personnels dans les établissements de notre territoire nous souhaitons rappeler que le rôle de l’enseignement supérieur et de la recherche ne doit en aucun cas se résumer à la délivrance de diplôme et au dépôt de brevet dans une vision réductrice de la place des savoirs dans la société. L’Université se doit de former des citoyens et des citoyennes libres, critiques et émancipé.es ; pas une main d’œuvre silencieuse et passive. En outre, la pratique scientifique comme l’enseignement ont une dimension internationale que l’arrivée de l’extrême-droite au gouvernement mettrait en péril. La science et la transmission n’ont pas de frontières, car les progrès scientifiques et leurs transmissions sont les résultats de coopérations entre les peuples.

Produire et enseigner des savoirs nouveaux pour l’émancipation de toutes et tous

Nous avons pour cela besoin de garantir la liberté académique de la recherche et de l’enseignement. C’est la condition essentielle d’une part des grandes avancées scientifiques et intellectuelles et d’autre part de leur démocratisation à travers l’enseignement.

La recherche, l’éducation et la culture doivent être les priorités absolues de notre société. On ne pourra répondre efficacement et intelligemment aux grands défis écologiques, sociaux et démocratiques de notre époque qu’en faisant le pari de l’intelligence collective et de la création de savoirs. Nos sociétés ont besoin de sciences et de pensées critiques.

Nous considérons que l’essor récent et sans précédent des connaissances ouvre des nouvelles possibilités d’émancipation humaine à la condition qu’elles soient protégées de la prédation de quelque-un.es qui voudraient en faire des objets de pouvoir ou d’enrichissement.

Parmi les missions des organismes d’enseignement supérieur et de recherche, outre la création de savoirs nouveaux, il y a leurs diffusions. Si nous bénéficions des avancées que représentent ces nouvelles connaissances et techniques, les bases scientifiques qui les sous-tendent échappent à la compréhension commune et font le plus souvent l’objet d’un traitement médiatique que l’on peut qualifier de sensationnaliste, écartant la démarche intellectuelle de création des savoirs et techniques. Ainsi, les citoyen.nes peuvent se sentir entraîné.es dans une aventure les dépassant et dépossédé.es de la maîtrise de leurs destins. C’est pourquoi nous avons besoin de science, mais aussi, et c’est indissociable, de
culture scientifique.

L’esprit critique, plus petit dénominateur commun des disciplines scientifiques, est aussi indispensable à la recherche et à l’enseignement, qu’il l’est au débat public. La démocratisation de l’accès à l’Enseignement supérieur des jeunes issu.e.s des milieux populaires et leur réussite devient dès lors un enjeu central, c’est une condition essentielle de leur émancipation individuelle et collective.

Parce que nous souhaitons promouvoir une démocratie éclairée, nous avons besoin d’un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche au service du progrès social, de politiques publiques de vie étudiante au service de la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur. Nous nous devons aussi de soutenir la jeunesse qui s’engage pour construire un monde de justice sociale, écologique et plus démocratique, indispensable à la construction d’un avenir heureux.

C’est pour toutes ces raisons que nous appelons à faire barrage au Rassemblement national et à ses alliés le 7 juillet 2024.