Écologie urbaine à Marseille (5)

Pour des espaces verts à Marseille

Billet de blog
le 19 Fév 2017
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Dans le cadre de la réflexion que nous avons engagée dans Marsactu sur l’écologie et la politique de l’environnement à Marseille, nous souhaitons nous interroger aujourd’hui sur la rareté des espaces verts dans une ville de cette importance.

Ce qui frappe, à Marseille, c’est la rareté des parcs pour une ville de la taille de notre métropole. Il existe, bien sûr, le Parc Borély et le Parc zoologique, l’un et l’autre nés lors de la période faste de Marseille, au XIXème siècle, et il existe quelques petits squares de quartier, où les enfants peuvent jouer, mais, finalement, il n’y a pas réellement d’espaces verts dignes de ce nom. Pour mieux comprendre le rôle des parcs et des espaces verts dans la vie urbaine, sans doute est-il nécessaire de les inscrire dans une réelle politique urbaine de l’environnement, dans un projet politique urbain réellement écologique.

Un premier constat : on a l’impression, quand on parcourt Marseille, que cette ville confond parcs et parkings : le parti pris délibéré de la municipalité de favoriser la circulation automobile, alors que d’autres villes, comme Paris ou Lyon, cherchent, au contraire, à en réduire la place, se manifeste dans la pauvreté du réseau des transports en commun, dans la multiplication des parkings et des espaces de stationnement et dans le choix semble-t-il assumé de privilégier l’usage de l’espace par l’automobile au lieu d’y implanter des parcs et des espaces verts. Ce choix d’urbanisme trouve une expression particulièrement forte, voire violente, dans un choix comme celui qui consiste à privatiser une partie du parc Valmer pour y installer un parking (un de plus…) laissé à un opérateur privé. Rien n’a été engagé pour interroger les riverains sur leur opinion quant aux usages futurs du parc Valmer.

Au-delà, le développement des parcs et des espaces verts ne fait pas partie des orientations de la politique d’urbanisme de la municipalité en fonctions en ce moment (pas plus, d’ailleurs, soyons lucides, de celles qui l’ont précédée…), et aucun débat politique n’est engagé sur cette question des espaces verts et de l’environnement dans la ville.

Mais les espaces verts ont un rôle essentiel dans la ville et dans la politique urbaine. On peut situer ce rôle des espaces verts en quatre points.

Le premier est de réserver, dans la ville, des espaces de rencontre et de sociabilité. C’est dans les parcs que l’on peut rencontrer les autres habitants de la ville et engager avec eux des conversations et des échanges qui fondent une véritable vie sociale de la ville. C’est aussi dans les parcs et dans les jardins que les enfants font l’apprentissage de cette vie sociale et se préparent, ainsi, dès leur plus jeune âge, à avoir une vie d’échanges, de rencontres et d’échanges qui fera d’eux des citoyens en même temps que des habitants de la ville.

Le second rôle des espaces verts est plus proprement écologique : il s’agit de sortes de poumons de la ville, de lieux dans lesquels la ville peut pleinement respirer et trouver un air qui ne soit pas chargé de la pollution liée à la circulation automobile, aux émanations de produits toxiques qui parsèment la ville et qui sont liées à son activité économique. Les parcs sont les lieux dans lesquels la ville peut retrouver un véritable air à respirer.

Les parcs et les espaces verts ont un troisième rôle dans la ville : il s’agit de lieux qui proposent des sortes d’interruptions de l’agitation et de la tension liées à la vie urbaine. Dans les parcs, on peut se reposer des trépidations liées à la vie urbaine, au métier que l’on exerce, aux absences d’emploi dont on est victime, dans les espaces verts, on peut suspendre, le temps que l’on y passe, les questionnements et les interrogations que l’on peut avoir sur l’avenir de la ville et de la vie sociale.

Enfin, les espaces verts font partie de l’esthétique de l’espace urbain. L’espace de la ville n’est pas seulement un espace que l’on habite et dans lesquels on engage une vie sociale : il s’agit aussi d’un espace que l’on peut avoir du plaisir à voir, à regarder, un espace dans lequel se montre le paysage de la ville, cette forme d’esthétique qui fait de la ville une sorte d’œuvre d’art que l’on prend du plaisir à regarder et à visiter. Dans les espaces verts, on retrouve, dans l’espace urbain, le plaisir du paysage, car ces espaces s’articulent à la qualité architecturale des constructions et des aménagements pour faire de la ville un domaine offert au plaisir des yeux en même temps qu’à l’engagement de la citoyenneté.

Sans doute est-il ainsi urgent que l’ensemble des partis et des acteurs politiques finisse par s’emparer de cette question et par élaborer un véritable urbanisme écologique pour Marseille. Il y a urgence, car cette absence ou cette rareté des espaces verts fait partie des éléments qui font de la ville un espace de violence. Une trop grande rareté des espaces verts contribue à l’accroissement des tensions urbaines et à la perte de la citoyenneté.

On ne peut pleinement habiter une ville que si l’on peut la respirer, la parler et la vivre.

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