Perquisition d’un lanceur d’alerte : une dérive inquiétante
Il a lancé l’alerte.C’est lui qu’on perquisitionne.
Peu importe qu’on aime ou non Sébastien Delogu. Ce n’est pas la question.
Ce qui se joue ici dépasse les clivages. Il s’agit de vérité, de pouvoir et de justice.
Les faits
En septembre dernier, le député marseillais adressait un signalement au procureur de la République.
Il y dénonçait la gestion de Laser Propreté, société chargée du nettoyage pour la RTM à la gare Saint-Charles.
Les accusations sont graves : faux et usage de faux en écriture comptable, abus de biens sociaux, fraude à l’assurance maladie, blanchiment d’argent…
Un signalement effectué dans les règles, au nom de l’intérêt général.
Et pourtant, quelques mois plus tard, ce n’est pas l’entreprise qui fait l’objet d’une enquête approfondie,
mais l’élu qui a osé parler.
Son domicile. Sa permanence parlementaire. Ses communications.
Une inversion du réel.
Ce renversement doit nous inquiéter.
Parce qu’il brouille volontairement les lignes : le témoin devient suspect, l’alerte devient un danger.
Ce qui arrive aujourd’hui à un élu pourrait arriver demain à n’importe qui.
Un salarié. Un journaliste. Un citoyen ordinaire.
Et cette confusion ne tombe pas du ciel.
Elle est entretenue par des titres de presse racoleurs, des articles rarement lus dans leur intégralité,
et une avalanche de commentaires violents, binaires.
On ne réagit plus à l’information, mais à un récit prêt-à-penser.
Ce n’est plus d’une réalité qu’on débat, mais une narration instrumentalisée.
La justice de l’opinion a remplacé la justice des faits.
Or, dans un État de droit, lancer l’alerte n’est pas une faute. C’est un acte civique.
La peur de parler, c’est la mort civique de la vérité.
Quand ceux qui dénoncent deviennent les cibles, ce n’est pas un accident.
C’est un message politique. Un avertissement.
Notre ville change. Elle avance.
Mais elle reste à la croisée des chemins.
Marseille a besoin d’une justice indépendante. D’institutions solides, crédibles, transparentes.
Trop longtemps, elle a souffert de petits arrangements, de compromissions, de clientélismes.
Une justice instrumentalisée ne réconciliera jamais les habitants avec l’institution.
Elle ne fera qu’alimenter la méfiance, la défiance, l’instabilité.
Alors, il faut choisir.
Veut-on une ville plus démocratique, plus juste, plus transparente —
où l’on peut encore dénoncer les abus sans craindre une perquisition ?
Ou une ville où l’on protège les puissants et l’entre-soi,
et où l’on punit ceux qui osent parler ?
« Se révolter, écrivait Albert Camus,
c’est refuser l’humiliation infligée à l’homme. »
Ce n’est pas une question d’opinion.
C’est une question de société. De courage. De dignité.
Et ce combat-là, il nous appartient. À toutes et tous.
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