Pac de croissance

Printemps de l'art contemporain-Jardins des arts éphémères.

Quatre villes, quarante-cinq structures, plus de cinquante expositions, des centaines d’artistes, trois soirées festives… Le Printemps de l’Art Contemporain entre dans une nouvelle ère et conquiert de nouvelles terres. Marseille Expos s’est agrandie et le PAC prend ses aises en se déployant de Istres à Châteauneuf-le-Rouge, en passant par Aix-en-Provence et, bien sûr, Marseille.

La neuvième édition du Printemps de l’Art Contemporain s’étale dans le temps et dans l’espace. Dans le temps puisque la semaine dernière, on sentait déjà une certaine fébrilité, voire l’impatience non dissimulée de ceux qui parcouraient les allées du parc de Maison Blanche à la découverte de la neuvième édition du Festival des Arts Éphémères, signée Martine Robin et Isabelle Bourgeois.

Idem dans la cour du Mac Arteum, où s’inaugurait l’exposition Destinerrance de Christiane Courbon et Rindala El Khoury, chez Didier Gouvernnec Ogor avec une (encore) très belle exposition des monochromes hypnotiques de Timothée Talard, et bien sûr au [mac] et au Mucem avec le lancement des deux expositions consacrées au hip-hop… Mais c’est officiellement le 24 que les festivités du PAC débuteront en soirée à la Friche avec l’ouverture et l’inauguration de six expositions, dont celle du nouveau Centre Photographique de Marseille (1). Avant de finir la soirée en musique sur le toit-terrasse…

Dès ce jeudi

Comme à l’accoutumée, le PAC se déploie selon trois parcours, mais toutes les expositions seront ouvertes au public dès le jeudi de l’Ascension. Ce même jeudi, les galeries du Cours Julien et de la Plaine assureront les nocturnes et fermeront à 22h. Cependant, des rendez-vous hors des horaires officiels sont d’ores et déjà à noter, comme cette conférence à 11h chez Béa-Ba autour de l’exposition de Paul Vergier. Puis en revenant de la rue Sainte, on pourra revoir l’exposition Beautiful Africa à la Galerie du 5^e et en profiter pour écouter le commissaire indépendant Nicolas de Ribou à 14h30. L’heure de l’apéro sera celle des vernissages, de Philippe Turc à la Galerie Meyer et de l’exposition collective Scabellon à la Double V Gallery. On découvrira l’exposition Sauvetage vertical d’Estel Fonseca à la Straat Galerie, qui nous raconte une ville pétrie de paradoxes dont la pauvreté se transforme en richesse à travers les rebuts collectés par l’artiste. Si le propos des nouveaux dessins “néguentropiques” de Pascal Navarro à la Galerie Territoire Partagés ne sera pas plus léger, il se dévoilera peu à peu pour révéler les Merveilles du monde que Godard ne renierait pas. Après avoir vu sa très belle pièce qui flotte encore sur le bassin de Maison Blanche, on retrouvera Olivier Nattes chez HO avec une installation et des œuvres graphiques. Mais la soirée n’est pas finie, puisqu’il vous faudra absolument pousser jusqu’à la Galerie des Grands Bains Douches pour Sépand Danesh, en ayant préalablement fait le détour par Rond-Point Projects pour l’exposition collective Anywhere out of the book.

“Nécessaire présence au monde”

La soirée du vendredi se révélera moins dense, bien que le FRAC PACA, avec trois expositions (si vous ne les avez pas encore vues), vous prendra déjà une bonne partie du temps dévolu au parcours Joliette-Belsunce-Panier… Il ne faudra manquer sous aucun prétexte l’exposition de Marc Quer à l’Espace GT qui démontrera, s’il le fallait encore, « sa nécessaire présence au monde » de l’art. À deux pas, on profitera de l’ouverture exceptionnelle du CIRVA jusqu’à 21h, ainsi que celle des Ateliers de Lorette (2) . Juste à côté, on se réjouit de retrouver Lina Jabbour dans une exposition monographique proposée par Vidéochroniques, qui poursuit une programmation dans laquelle les femmes tirent particulièrement leur épingle du jeu. De l’autre côté du Panier, au Mucem, l’artiste italien Gandolfo Gabriele David nous fait revenir sur terre et à sa cynique réalité avec une installation créée en 2016 sur l’île de Lampedusa, construite avec des gilets de sauvetage, évoquant le drame des migrants.

Bon pied bon œil, samedi matin le Château de Servières nous convie à son traditionnel brunch pour inaugurer l’exposition personnelle de Gilles Desplanques, Hétérotopia. Pour motiver les couche-tard de la veille, les notes planantes du duo Postcoïtum seront de la partie en « spatial guest ». À l’étage, les artistes des ateliers Boisson ouvriront eux aussi leurs portes… Ainsi débutera suavement le parcours du samedi consacré aux quartiers Canebière, National et Belle de Mai… En déambulant jusqu’au boulevard de la Libération, on s’arrêtera à la Galerie Porte Avion pour l’exposition de Anne-James Chaton, qui se joue des genres plastiques et détourne les pièces peintes des grands maîtres. Pour une pause bienvenue, on se rendra au Gyptis, qui projettera le nouveau film de Pierre Malphettes, Silva. La soirée se terminera aux Ateliers Ni et Tchikebe pour, dans un premier temps, découvrir les fruits de la résidence d’Aurélie Pétrel au rez-de-chaussée et les nouveaux Print des Tchikebe, puis danser sur les notes électro de Fantastic Man, Abstraxion et Bader Motor, dans une soirée musicale qui commence à s’imposer comme le moment cool du PAC…

On reprendra ses esprits le lendemain au calme dans les jardins de l’American Gallery. En commissaire invitée, Soraya Amrane y propose l’exposition de la jeune photographe Anouk Deville, assortie à 16h d’une performance sonore de Clara de Asis. Toujours du côté de la Corniche, et pour finir ce week-end arty en beauté, on se calera sur la plage des Catalans pour la proposition Behind Mare Nostrum de Eleonor Klène et Juliette Feck, présentée par Voyons Voir…

L’aventure de Richard Baquié à Malpassé

Le week-end suivant (du 2 au 4 juin), le PAC se déplace dans les quartiers Nord, au cœur de quelques lieux insolites, pour y retrouver de l’art contemporain. Vendredi, Voyons Voir nous invite aux visites commentées des Tuileries Monier pour y découvrir à la fois la dernière tuilerie de la région et le travail d’Edwin Cuervo en résidence depuis trois mois. On redécouvrira aussi volontiers l’exposition de Suzanne Hetzel à l’Artothèque Antonin Artaud. Fidèle au poste et comme chaque année, Où et l’aventure proposera le samedi à Malpassé une exposition collective sur les vestiges de L’Aventure de Richard Baquié… Le dimanche sera placé sous le signe de l’inattendu avec Fabrice Hyber chez Patrick Raynaud rue de Crimée, ainsi qu’avec des parcours et animations imaginés par Sextant et + et Voyons Voir pour la deuxième journée Foresta organisée par Yes We Camp (3).

Et l’histoire de ne s’arrête pas là, puisque le week-end suivant, c’est à Aix-en-Provence que le PAC fera ses premiers pas dans les jardins du Pavillon de Vendôme avec le festival Watergame (⁴⁾. La manifestation réunira quelques-uns des nouveaux membres du réseau Marseille Expos qui, en 2016, s’est ouvert à la métropole et intègre désormais quatre lieux du territoire, se déployant sur trois villes : Voyons Voir, le 3bisF et Seconde Nature à Aix, le MAC Arteum à Châteauneuf-le-Rouge et le Centre d’Art Contemporain intercommunal à Istres. Autant de lieux qui nous accueilleront pour ce week-end avec leurs expositions respectives, tandis que la soirée de clôture de ce long et vaste PAC prendra place sur les pelouses du Pavillon de Vendôme. Au programme, le résultat du workshop autour de la performance de Nicolas Daubannes (invité par le CAC d’Istres) et des élèves de l’École des Beaux-Arts d’Aix. Invités par Voyons Voir, Émilie et Hugo Bel rejoindront Clémentine Carsberg, actuellement exposée dans les salles du pavillon Vendôme, et tout ce beau monde accompagnera Seconde Nature, aux commandes de la programmation musicale…

Ceux qui n’auront pas fait le déplacement jusqu’à Aix ne seront pas en reste, puisque la septième édition de la Nuit de l’Instant se déroulera au Panier : une déambulation nocturne à la découverte de la sélection photo vue autrement.

Ainsi, le temps de trois week-end, l’art contemporain guidera nos pas et nous amènera à parcourir la cité phocéenne comme on l’aime : innovante, factieuse, accueillante.

Céline Ghisleri

Printemps de l’Art Contemporain : du 25/05 au 11/06 à Marseille et ses alentours. Rens. : 09 50 71 13 54 / http://pac.marseilleexpos.com/fr/

(1) Créés en 1996, les Ateliers de l’Image ouvriront en 2017 un nouvel espace au cœur de la ville, qui dotera Marseille d’un lieu d’envergure dédié à la photographie et ses liens avec d’autres formes d’images. Rens. : www.ateliers-image.fr/

(2) Ateliers municipaux octroyés aux artistes âgés de moins de 36 ans pour une durée de deux ans. Rens. : www.ateliersvilledemarseille.fr/

(3) Depuis plusieurs mois, le collectif Yes We Camp, la coopérative Hôtel du Nord, la société Résiliance et de nombreux riverains, associations locales et artistes échangent, marchent et élaborent peu à peu ce que pourrait être un parc métropolitain d’un nouveau genre, à la fois lieu de vie, de mémoire, de pratiques culturelles et sportives, et d’activités pédagogiques et productives comme l’agriculture urbaine et la céramique. Rens. : https://yeswecamp.org

(4) Depuis 2013, l’association Voyons Voir, en partenariat avec le service des espaces verts de la Ville d’Aix-en-Provence, organise le festival Watergame. Durant un week-end, artistes professionnels et étudiants de l’École supérieure d’Art d’Aix investissent un parc et collaborent à une exposition éphémère.

Le programme complet du Printemps de l’Art Contemporain ici http://www.journalventilo.fr/#recherche=Printemps%20de%20l%27art%20contemporain&filtre=