Mes châteaux d’If: Vente en rafales.
Mes châteaux d’If: Vente en rafales.
Bonne nouvelle pour les fêtes: Le gouvernement veut sauver des vies dans notre bel hexagone et se réjouit de vendre des avions de guerre Rafale aux Émirats Arabes Unis. Joyeux noël à Dassault Aviations. Tout est normal. Je ré-écoute Pink Floyd, Another brick in The Wall…
Voici quelques livres qui parlent des armes, des armées et des soldats. Tiens voila du boudin.
« Vous m’êtes sympathique et j’ai donc décidé d’être gentil et de vous envoyer dans l’armée de l’air. Vous devriez vous plaire au sein de ce corps qui compte beaucoup de personnes comme vous : elles adorent avoir les fesses en l’air. » Ainsi fut incorporé le soldat Schindler, homosexuel et anarchiste , deux tares pour la grande Muette qui va subir durant trois bonnes années des mouvements de soldats refusant les mauvaises conditions du service militaire. : Le soldat Schindler va vivre des aventures amoureuses dans une caserne y semant un joyeux bordel. Si en France les jeunes hommes en sont libérés depuis 2001, tout a malheureusement commencé avec la Révolution Française. Ce qui paraissait une bonne idée est devenu avec l’armée Française, le règne d’un Etat dans l’Etat. Si l’on sait qu’il y a coté de l’Assemblée nationale le pouvoir sans partage de l’ Etat Major et de ses amis, les marchands d’armes, on se rappelle moins combien cette parenthèse dans la vie que fut le service militaire fut une privation de liberté et la découverte de la bêtise humaine. Car s’il est insupportable d’obéir à un patron, il est encore plus terrible d’obéir à un gradé. Le soldat est un pion sans cervelle qu’on comprime de règlements quotidiens et qui doit se comporter comme un sanguinaire sans foi ni loi une fois débarqué sur un champ de bataille. Admirez la contradiction. « L’armée ca pue ca pollue et ca rend con. » Schindler nous raconte sur un mode burlesque et juvénile les turpitudes de son incorporation le 29 juillet 1974. Il signe l’Appel des cents suivi par des milliers de bidasses pour obtenir des droits dans les casernes. Ce sont des membres de la Ligue Communiste pour la plupart, mais ils sont vite rejoints sur le front de la désobéissance par les « anars » qui organisent manifestations et monômes dans les casernes. Des journaux naissent au sein des régiments. Si l’armée ne vacille pas, elle embastille les réfractaires comme les Trois de Draguignan. L’auteur signe son journal de bord de cette période fiévreuse où il a l’audace de réaliser un film anti militariste au service des armées. Louis Lecoin, pacifiste et objecteur de conscience se retrouvant cité dans une séance avec des galonnés, on se dit que cette époque était vraiment une époque bénie pour le désordre et le rire. Hormis les passages en prison où la solidarité fonctionne à plein, ce livre est un énorme Merde à l’Armée qui résonne à chaque fois que l’autorité écrase de ses chenilles la vie humaine. C’est à dire à chaque instant.
Christel Coton a une démarche différente. Sociologue et fille d’un officier issu du rang, elle a pu réaliser une véritable observation participante du corps des officiers. Deux terrains militaires lui ont servis de matériaux : L’école d’Etat Major de Compiègne et un régiment de cavalerie des troupes de marine : du beau monde en somme. L’élite. Il ressort de cette enquête qu’il y a une sourde lutte des classes dans l’armée. S’opposent donc les soldats issus du rang, éventuellement ceux qui ont combattu et ceux qui les commandant, les Saint Cyriens, la noblesse d’école.
Dans cet ouvrage, peu de turpitudes ni de rébellion. L’obéissance est la clé de l’armée française. On se souvient encore d’un général français en Yougoslavie qui avait pris une initiative mais globalement « un militaire, c’est comme un ministre, ça ferme sa gueule ou ca dégage ». Contrairement aux années 60, la sédition a abandonné les casernes. Il est loin le temps où Henri Maillot, aspirant de vingt-huit ans détournait un camion militaire pour rejoindre un maquis communiste en Algérie1. Aussi loin celui du temps ou des généraux « félons » s’opposaient à Degaulle lors du putsch d’ avril 61.
Aujourd’hui l’armée française ce n’est plus des hommes mais un service de vente d’armes lié à la DGA. C’est le propos terrifiant développé dans le livre-spectacle de Nicolas Lambert. En recoupant des textes et des conversations téléphoniques autour de deux affaires d’Etat qui sont celles de l’attentat de la DGA à Karachi avec celui de l’écrasement du dictateur libyen par son débiteur, l’auteur dresse une politique de l’armement en France. Citant Jean Pierre Lenoir : « Notre appareil militaro industriel est devenu dépendant de véritables poudrières- Libye, Irak, dictateurs irresponsables, émirs, qui ne se sont pas privés d’alimenter chez nous le terrorisme. Pour s’offrir du matériel, notre armée a du en vendre à l’adversaire plus qu’elle n’en avait acquis. » Cette soumission au commerce va à l’encontre de l’esprit patriotique inculqué dans l’armée. Elle oppose donc le militaire issu du rang, pour qui la position de guerrier est fondamentale avec celui de l’officier issu de l’école, pour qui l’obéissance à la DGA et donc aux marchands d’armes est contrainte et apprise.
Ces trois ouvrages ont tous le mérite d’explorer un domaine inconnu : l’esprit de sédition dans les casernes. L’armée n’est pas si imperméable à la société que ne le voudraient nos dirigeants.
Contingent rebelle. Patrick Schindler. L’ Echappée. 2017, Paris, 17 euros.
Officiers, des classes en lutte sous l’uniforme, Christel Coton, Agone, Marseille, 2017, 19 euros.
Le maniement des larmes, Nicolas Lambert, L’Echappée, Paris, 2016, 10 euros.
1 Cité dans Les balles du 14 Juillet 1953, Daniel Kupferstein. La découverte.
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