Mes châteaux d’If : Tu kiffes Kiev?

Billet de blog
le 11 Mar 2022
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Mes châteaux d’If : Tu kiffes Kiev?
Mes châteaux d’If : Tu kiffes Kiev?

Mes châteaux d’If : Tu kiffes Kiev?

A ceux qui trouvent une résistance à changer le nom de la capitale ukrainienne en Kyiv, on est en droit de demander pourquoi ils n’y ont pas pensé  pour la capitale du Yémen: صنعاء ou pour toutes les capitales d’Afrique où l’opération française Barkhane est allé flinguer de l’islamiste à bas prix. Le plus surprenant c’est qu’une guerre gazière vient sous l’effet d’enchainement des médias prendre le pas sur la réalité mondiale. Est ce une  diversion médiatique afin que nous détournions le regard des rafales vendus par la France à l’Arabie Saoudite qui elle même bombarde le Yémen depuis des années. Le Yémen, une chtite guerre qui a fait combien de morts? C’est loin le Yémen, comme est loin l’ invasion du Koweït par l ‘Irak et la guerre du Golfe qui a précipité la région dans un chaos sans nom, comme est loin l’ Afghanistan où bien avant 1979, les États-Unis armaient une faction islamiste, ce qui a provoqué l’invasion soviétique qui a elle même entrainé le chaos qui dure encore aujourd’hui…

A croire dans le cas du Yémen, que le nombre de morts, plus de 300 000 soit inversement proportionnel à la couverture médiatique qui dans ce cas étouffe bien le conflit.

On nous parle d’ Europe aussi, mais savez vous ce que l’ Europe a fait pour la Yougoslavie? Qui se souvient des croates traités d’oustachis quand la France soutenait alors la Serbie? Comme à l’époque, la guerre de l’information peut nous entrainer dans des conflits semblables. Qui se rappelle des origines de la guerre de 1914; fallait-il par le jeu des alliances soutenir la Serbie contre l’ Autriche? Qu’est ce que Gustave, paysan d’ Ardèche enfoui dans sa tranchée pleine de merde avait à foutre des Dardanelles ou de la mort de l’ archiduc?

Face à ces nouvelles qui appartiennent au spectacle, les français pensent à leur plein d’essence plus qu’aux réfugiés. Ils se foutent comme d’une guigne que nous devions notre niveau de vie à l’ogre capitaliste qui ruine l’Afrique ou l’Asie, pille leurs ressources depuis des siècles, fore les sous sols, exige des réseaux de gaz, de pétrole, de télécommunications fluides.

Devant chaque nouveau conflit, on a envie de relire Jean Giono dans son Refus d’obéissance:

Autour de nous, trop d’anciens pacifistes ont obéi, obéissent, suivent peu à peu les grands remous, tout claquants d’étendards et de fumées, marchent dans les chemins qui conduisent aux armées et aux batailles. Je refuse de les suivre : même si mes amis politiques s’inquiètent dans cet acte d’un individualisme suspect.
Je trouve que personne ne respecte plus l’homme. De tous les côtés on ne parle plus que de dicter, d’obliger, de forcer, de faire servir. On dit encore cette vieille dégoûtante baliverne : la génération présente doit se sacrifier pour la génération future. On le dit même de notre côté, ce qui est grave. Si encore nous savions que c’est vrai! Mais, par expérience, nous savons que ça n’est jamais vrai. La génération future a toujours des goûts, des besoins, des désirs, des buts imprévisibles pour la génération présente. On se moque des diseurs de bonne aventure. Il faut sinon se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d’avenir. Surtout quand pour bâtir l’avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants. L’homme n’est la matière première que de sa propre vie.
Je refuse d’obéir.»
«Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l’entends, je la subis encore. Et j’ai peur. Ce soir est la fin d’un beau jour de juillet. La plaine sous moi est devenue toute rousse. On va couper les blés. L’air, le ciel, la terre sont immobiles et calmes. Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque.

Il faut lire inlassablement ce livre ré-édité par Folio pour 2 euros, le prix d’une balle, et chanter chaque jour la chanson de Craonne ou Rue des Lilas de Katé Mé. ( Texte Sylvain Girault)

Bravo à l’édito, ” Quelle connerie”peut-être le dernier du journal Le Ravi, éternellement en difficulté financière. En kiosques, s’il en reste.

Pour une réflexion sur la guerre en Yougoslavie, Annie Le brun, Les Assassins et leurs miroirs. Réflexion à propos de la catastrophe yougoslave, Paris, Jean-Jacques Pauvert / éd. Terrain Vague, 1993.

Pour continuer sur les mensonges de l’information  et le journalisme de marché: Les nouveaux chiens de garde de Serge Halimi. Liber Raisons d’ Agir. Un succès de librairie à l’époque,pour un livre montrant la servilité des journalistes et leur conformisme. A la suite de cet article, l’éditeur Libre raisons d’agir m’a signalé la nouvelle préface du livre de Serge Halimi, une actualisation salutaire.

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