MARSEILLE : LE TEMPS EST VENU DE CONSTRUIRE UNE NOUVELLE EXPÉRIENCE DÉMOCRATIQUE
Au moment où Marseille est à reconstruire, et où l’impérieuse nécessité de réinventer une nouvelle gouvernance se fait jour, vouloir organiser un tri manichéen entre les volontés diverses qui se manifestent pour participer à ce vaste chantier, relève ni plus ni moins, d’une conception dépassée de la démocratie.
Face aux déséquilibres sociaux, économiques et environnementaux qui ont atteint un niveau inégalé partout en France et particulièrement dans notre ville, une nouvelle gouvernance de Marseille apparaît comme la condition préalable de toute transformation politique. Nous devons rompre avec les pratiques qui ont prévalu dans notre ville depuis 70 ans, dont l’échec est patent.
Inscrite dans les nouvelles pratiques démocratiques qui s’imposent partout dans le monde, cette gouvernance devra s’appuyer sur deux piliers de force égale : les élus et la société civile. Comme une arche est maintenue par l’égalité de pression de pierres individuelles les unes contre les autres, la coopération/confrontation entre la gouvernance élue et la société civile m’apparaît comme la seule solution pour construire une ville prospère et harmonieuse.
Faire AVEC et non faire SANS, devrait être l’étendard de tous ceux qui prétendent « libérer » la parole citoyenne ; l’humilité de chacun devrait permettre à tous d’être convaincus, compte tenu des enjeux qui sont devant nous, d’établir une nouvelle dialectique entre les citoyens et les politiques.
Autrement dit, permettre aux citoyens de s’impliquer dans les affaires publiques en favorisant la participation du plus grand nombre aux décisions qui les concernent est une nécessité, à l’aune de toutes les colères qui s’expriment et, n’en doutons pas, s’exprimeront de plus en plus si nous ne modifions pas nos représentations et notre approche. Cela ne peut se faire en considérant que le politique n’y a pas sa place.
La mise en place de cette nouvelle forme démocratique ne sera pas chose aisée. Trois conditions devront être réunies : une société civile remobilisée, compétente et organisée, des élus convaincus de cette modernité démocratique et des institutions capables de faire fonctionner cette dialectique nouvelle.
A tous les niveaux, cette construction doit s’inscrire dans une démarche positive et doit s’appuyer sur toutes les bonnes volontés aussi bien au niveau des élus, des partis politiques que des citoyens. Là sera la véritable « disruption ».
L’intelligence collective ne se décrète pas, elle se construit. Encourager son expansion et son appropriation par tous les marseillais, représente le cœur d’un nouveau projet politique pour Marseille.
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J’avais publié ce document le 8 juin 2019, sur ma page perso et sur la page de Nos Quartiers Demain. Je suis plus que jamais convaincue de ce que j’y affirmais. Le “jour d’après” cette crise sanitaire, nous verra entrer de plein fouet dans une crise économique et sociale profonde. Plus rien ne sera comme avant, et toute nos certitudes et nos pratiques, devront être remises en cause. C’est dans un grand rassemblement de toutes les forces citoyennes et des forces politiques sincères débarrassées de leurs oripeaux que nous pourront faire de Marseille, le lieu d’expérimentation du “monde d’après”, pour enclencher toutes les transitions impératives qui s’adressent à nous.
Commentaires
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Je suis complètement d’accord. Les conditions essentielles à réunir sont:
– une vraie mobilisation de la société civile qui rend impératif que tous les collectifs et toutes les associations continuent leur beau travail et assemblent leurs forces au profit de Maseille,
– l’intelligence collective des partis politiques de réaliser que, s’ils ne font pas leur part du chemin, ils se condamnent à moyen terme à disparaitre et ils condamnent la société toute entière à voir arriver les populistes et extrémistes de droite.
Courage et détermination. On va y arriver!
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Plus que jamais d’accord avec Cecile VIGNES qui se bat depuis longtemps pour faire émerger la parole des citoyens dans les choix politiques de la cité.
À Marseille, plus qu’ailleurs, nous avons depuis trop longtemps subi le mépris des politiques et payons très cher leur incurie.
A quand le réveil des citoyens ? La prise de conscience générale émergera-t-elle enfin ? Boostée par les circonstances actuelles extra-ordinaires… je le souhaite de tout coeur.
La puissance citoyenne en force !
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Cécile à raison, Alain aussi et Johanne tout à fait. Mais il y a un mais. Que les arapèdes qui occupent le rocher marseillais depuis 25 années dégagent, et que les arapèdes en devenir ( les opposants actuels de toutes tendances , plus ceux qui ont virés la veste et qui attendent leur tour ) renoncent. Compliqué.
Compliqué, car ils détiennent quasiment tous la vérité et leur capacité d’écoute est proche de zéro , d’autant plus que la société civile marseillaise “en place” est tenue par le jeu pervers des nominations et des subventions.
Revient le mythe de la démocratie directe ou du mandat impératif. Les institutions ne sont pas faites et prévues pour cela. Des élus entourés de comités consultatifs et représentatifs . Représentatifs de qui et de quoi ?
La seule opportunité qu’à cette ville est de prendre conscience que sa gestion est déplorable depuis des décennies notamment avec le drame de rue d’Aubagne et de ses conséquences, que la crise actuelle du COVID met en avant cette politique ségrégationniste et de clan et que l’ensemble des dysfonctionnements sont devenus insupportables. Mais tellement de monde est mouillé et arrosé par le clientélisme que l’issue semble à peine entrouverte.
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