MARSEILLE ET L’ÉCONOMIE DE LA MÉDITERRANÉE

Un réseau méditerranéen de transports et d’échange

C’est tout un réseau méditerranéen de transports et d’échange qui est aujourd’hui à reconstruire, à repenser, à imaginer, compte tenu à la fois des nouvelles logiques de transport, notamment dans le champ du transport maritime, et des nouvelles pratiques d’échange qui conduisent à construire une nouvelle économie politique de la Méditerranée. Trois éléments caractérisent ce réseau méditerranéen nouveau. D’abord, il s’agit d’un réseau ouvert sur une grande diversité de cultures et d’histoires. Le réseau méditerranéen dans lequel se situe Marseille est un réseau qui articule les échanges entre nations, les échanges entre cultures et entre histoires et les échanges entre espaces politiques et entre espaces de pouvoirs. Par ailleurs, le réseau méditerranéen connaît, en particulier aujourd’hui, une tension entre logiques économiques et logiques politiques : les conflits du Proche-Orient, les tensions liées à la présence de plus en plus étendue de l’islamisme radical et les tensions liées aux confrontations entre cultures font de l’espace méditerranéen un espace de violence politique. Enfin, et Marseille peut jouer un rôle dans ce domaine, l’espace commercial méditerranéen est à reconstruire, à repenser, notamment compte tenu de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui engagent de nouvelles pratiques d’échanges.

Repenser la place de Marseille dans la relation entre le Nord et le Sud

La Méditerranée est un espace qui articule les économies du Nord et les économies du Sud. La nouvelle définition, contemporaine, de la différence entre le monde du Nord et le monde du Sud se fonde sur la différence entre des économies dominées par une industrialisation déjà ancienne et des économies dans lesquelles l’industrialisation est encore à construire. La différence entre les pays du Nord et les pays du Sud s’inscrit dans une logique que l’on peut définir comme l’économie politique de la mondialisation : il s’agit d’une tension liée au fait que l’économie ne peut plus se penser, désormais, en-dehors d’une logique transnationale. C’est sur ce plan que Marseille peut avoir un rôle à jouer. En s’inscrivant dans un réseau de villes se situant dans l’ensemble du littoral méditerranéen, elle peut contribuer à la nouvelle approche méditerranéenne des relations entre les économies du Nord et les économies du Sud.

Cultures méditerranéennes et économie de la culture

C’est sans doute dans le champ de la culture et de l’économie de la culture que Marseille peut jouer un rôle fondamental. À cet égard, sans doute faut-il aller au-delà d’un projet comme celui du M.U.C.E.M. dans ce rôle que peut jouer la métropole marseillaise dans une meilleure approche des cultures de la Méditerranée, dans la construction d’un outil de regard critique et de questionnement de la diversité de ces cultures et dans la construction d’une mémoire partagée. Marseille pourrait, ainsi, par exemple, être le lieu d’installation d’une mémoire des articulations de l’espace méditerranéen entre guerres et conflits et entre échanges et transports. Enfin, Marseille peut jouer un rôle majeur dans ce que l’on peut appeler l’économie politique de l’information méditerranéenne. Il s’agit d’une économie des médias de l’espace méditerranée, d’une économie de la documentation et de l’information sur les pays de cet espace et d’une ville où pourraient se situer des formes d’archives de la Méditerranée. Cette économie de la culture pourrait s’articuler à la construction, à Marseille, d’un espace de la traduction économie, politique et culturelle dans l’ensemble des langues de l’espace méditerranéen. De cette manière, au lieu de constituer un élément de rupture et de confrontation, la diversité des cultures pourrait constituer un facteur d’enrichissement partagé.