Mais il est où le marché de la Plaine ?
Mais il est où le marché de la Plaine ?
Tôt le matin du vendredi 4 mars 2022 plusieurs dizaines de forains ont manifesté leur colère devant le conseil municipal, place Bargemon.
Trois ans et demi qu’on les balade. Trois ans et demi qu’on les a chassés sans ménagement sous prétexte de chantier de « requalification » de la place Jean-Jaurès. Après deux ans et demi de longs travaux, la nouvelle esplanade a été livrée au printemps 2021. Un an plus tard, toujours pas de marché. Ni le mardi, ni le jeudi, ni le samedi.
Du côté de la Métropole comme de la Mairie, ça tergiverse, ça se renvoie la balle. On dirait que pendant trois ans personne n’a eu l’idée ni le temps de réfléchir à l’avenir. Comme si on tablait secrètement sur la fatigue et sur l’oubli pour effacer toute trace du plus grand marché de Marseille.
Depuis des mois, on abreuve de promesses les commerçants ambulants et les usagers, mais rien ne vient. Un coup c’est les jardinières, les kiosques et la voie de circulation qui réduisent malencontreusement l’espace dédié aux stands… Un coup se sont les plots électriques régulant l’accès à l’esplanade qui sont en panne…
Pas étonnant de la part de l’équipe Gaudin-Vassal qui manœuvre depuis la Métropole : ils ont clamé haut et fort que « le marché de la Plaine, c’est fini ! » – dixit Mme Lota en octobre 2018, qui avait aussi déclaré à des forains inquiets : « On n’a rien contre vous, mais on ne veut plus voir les populations que vous attirez en ville. »
Mais la nouvelle mairie ? N’a-t-elle pas été élue pour défendre les habitants contre le mépris et l’abandon ? N’a-t-elle pas promis de recoudre la ville, d’en finir avec la ségrégation territoriale et la ghettoïsation des quartiers Nord ?
M. Cazzola, adjoint chargé des emplacements publics, a été vivement interpelé vendredi matin. Cornaqué par Mme Ghali, il a juré qu’il travaille d’arrache-pied au retour du marché. Mais en un an et demi il n’a pas trouvé le moyen d’obliger la Métropole, en charge de la voirie, à faciliter l’accès de la place aux forains. Pourtant, en cas d’urgence, les pompiers ne passent-ils pas ? Et les livreurs des commerces et des bars, n’ont-ils pas la clé ?
C’est donc clairement une question de volonté politique. On dirait qu’à gauche comme à droite on s’accommode plutôt bien de l’épuration sociologique en cours. A droite comme à gauche, on partage visiblement le même préjugé imbécile qui confond un quartier vivant et populaire avec un quartier sale et dangereux.
La droite rêvait d’un marché provençal de carte postale pour agrémenter le parcours du petit train à touristes. La gauche rêve sans doute d’un marché « écrémé » de sa fripe et de ses petits prix pour favoriser l’atterrissage d’un joli marché bio et branché qui satisfasse sa clientèle électorale. Alors que ce marché, comme celui de Noailles, a comme principale qualité d’être accessible à tout le monde. Pour que la Plaine reste ce quartier où tous les quartiers de Marseille viennent se croiser.
Texte : BLeD
Photo : Patxi Beltaiz
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