Lumières d’étoiles

cine De cendres et de braises de Manon Ott et Grégory Cohen (Photo : Journal Ventilo)

À l’instar du travail de Documentaire sur Grand Écran, le Réel à Paris, où même l’ACID, Le festival Les Étoiles du Documentaire, créé en 2005 en collaboration avec la SCAM (Société civile des auteurs multimédia) et la Cinémathèque du Documentaire, défend profondément cette écriture et nous invite à (re)voir les plus belles pages, récentes, du genre, en mettant chaque année en lumière une sélection de trente documentaires et reportages d’exception. Geste qui prend cette année une dimension toute particulière, à l’heure de la forte chute des entrées en salles pour les œuvres d’auteurs.trices, a fortiori pour les films documentaires. Un paradoxe lorsque l’on prend pleinement conscience de l’indigence d’écriture presque totale de ce robinet d’eau tiède qui coule sans discontinuer, en télévision ou sur plateforme : l’écriture documentaire, par sa rigueur, son intelligence filmique, la pensée qui la traverse, est pourtant l’endroit des plus justes représentations du monde, dont nous pouvons nous imprégner sur grand écran.

La manifestation posera derechef ses valises au Videodrome 2, au cinéma Le Baleine du Cours Julien, ainsi qu’à l’excellente salle créée par Lieux Fictifs au centre pénitentiaire des Baumettes, du 9 au 12 juin, et ce en entrée libre.

Parmi les trente films primés à Paris, huit ont ainsi été sélectionnés par un groupe d’autrices et d’auteurs Marseillais·e·s, membres de l’AARSE (Association des Auteurs Réalisateurs du Sud-Est), qu’accompagneront de nombreuses rencontres. Et le menu est particulièrement alléchant : citons d’emblée la série — passionnante et sublime ! — composée par Stan Neumann et Joris Clerté, Le Temps des ouvriers, dont le troisième volet, Le Temps à la chaîne, sera diffusé le dimanche 12 juin. Autre opus tout à fait remarquable, De cendres et de braises de Manon Ott et Grégory Cohen, film que l’on avait découvert lors du festival Image de Ville, explore avec poésie et engagement les mutations d’une banlieue ouvrière. Citons par ailleurs les projections de Khamsin de Grégoire Couvert et Grégoire Orio, Invisibles, les travailleurs du clic de Julien Goetz et Henri Poulain, Ayi de Marine Ottogalli et Aël Théry, Ne croyez surtout pas que je hurle de Franck Beauvais ou Papa s’en va de Pauline Horovitz.

Mais l’événement ne se limite nullement à la seule projection des œuvres : il est un espace d’échanges et de questionnements collectifs sur les enjeux, présents et futurs, de l’écriture documentaire, sans omettre celui de sa diffusion. Autant de sujets de fond qui nourriront les échanges lors de la masterclass sur le travail en compagnie de Manon Ott ou de la table ronde sur le sujet La multiplication des écrans participe-t-elle à la création documentaire ?

Emmanuel Vigne

Les Étoiles du Documentaire Marseille : du 9 au 12/06 au Vidéodrome 2 et au Cinéma La Baleine (Cours Julien, 6e)

Rens. : https://festival-des-etoiles.scam.fr/

Le programme complet du festival Les Étoiles du Documentaire Marseille :
https://www.journalventilo.fr/agenda/festivals/107823/les-etoiles-du-documentaire-marseille