L’histoire sans fin

Idées de sortie
le 25 Mai 2018
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Executioner Anwar Congo (left, with a prop dummy) appears in the film -- sometimes as a victim of atrocities he participated in or oversaw.
Executioner Anwar Congo (left, with a prop dummy) appears in the film -- sometimes as a victim of atrocities he participated in or oversaw.

Executioner Anwar Congo (left, with a prop dummy) appears in the film -- sometimes as a victim of atrocities he participated in or oversaw.

Comment filmer l’histoire ? Comment représenter un réel, passé et reconstitué ? Quelle place doit alors adopter le cinéma ? Autant de questions qui seront au cœur du nouveau cycle du Videodrome 2, « Encore », qui explorera le sujet avec une poignée de films de nouveau triés sur le volet.

Depuis de nombreuses décennies, philosophes et historiens du cinéma ont tenté d’analyser son rapport au réel : si La Trahison des images de René Magritte venait nous rappeler que le sujet peint n’était pas une pipe, ce postulat devrait systématiquement s’appliquer au cinéma. Tout film devrait être précédé de la mention « ceci n’est pas le réel ». Mais un réel subjectif mis en scène par un regard, défini par un cadre, chorégraphié par un mouvement.

Cela devient d’autant plus vrai lorsqu’un film s’attache à reconstituer l’Histoire, à rejouer des scènes du passé à propos desquelles aucun historien ne peut déjà s’entendre sur leur véracité. La question se pose alors, cruelle et incontournable : comment filmer l’Histoire ? Des origines du cinéma — on pense en 1908 à L’Assassinat du Duc de Guise d’André Calmettes — à nos jours, bon nombre de cinéastes se sont essayés à cet exercice de style, développant des artifices pour tordre le temps et l’espace, pour mieux atteindre ce mensonge qui dit la vérité.

On pense aux zooms étonnants de Barry Lyndon qui, écrasant les perspectives, se rapprochait de l’iconographie sémiologique des peintures du XVIIIe siècle, aux langages contemporains d’Histoire de Judas, qui éclatait de fait la temporalité sur deux millénaires. Partant du film Third Memory de l’artiste Pierre Huyghe, un travail saisissant sur la question de la mémoire et de la reconstitution (l’histoire du braquage de John Wojtowicz, qui inspirera Sidney Lumet pour Un après-midi de chien), devenu l’une des grandes pages de l’art contemporain, l’équipe du Videodrome 2 propose un nouveau cycle passionnant sur cette question de la représentation quasi phénoménologique entre cinéma et Histoire.

Une poignée de films classiques ou rares, mais toujours essentiels, viendront apporter quelques réponses à cet « exercice de ventriloquie parfois étrange » : Blanche Neige Lucie, autre opus de Pierre Huyghe, ouvrira le cycle le mardi 22 mai. Suivront les incontournables S21, la machine de mort khmère rouge de Rithy Panh, The Act of killing de Joshua Oppenheimer, Moi un noir de Jean Rouch, et, plus rares, Wundkanal de Thomas Harlan et El Brujo de Louidgi Beltrame.

Emmanuel Vigne

Cycle « Encore » : du 22 au 27/05 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e). Rens. : 04 91 42 75 41 / www.videodrome2.fr

Le programme complet du cycle « Encore » ici 

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