Les toiles du paradis

Idées de sortie
le 17 Fév 2023
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La galerie Zemma accueille les toiles de Georges Autard jusqu'au 31 mars.

Photo : Thibaut Martinez
Photo : Thibaut Martinez

Photo : Thibaut Martinez

En pénétrant la Galerie Zemma, l’état de surprise se fait automatique. Tout d’abord, c’est une histoire de configuration, de toiles qui se lisent selon une intelligente partition. Leur signature technique ? De la peinture acrylique travaillée de façon industrielle, qui convoque le regard et les sensations. Au mur, ces toiles sont là, radicales et contemporaines, encerclant une imposante installation au sol. Ce mastodonte de papier, qui se déroule comme un long tapis mystique ?

C’est toute l’apologie de la prosternation. Un rituel monastique que Georges Autard a « récupéré » de ses voyages, notamment au Ladakh et au Tibet, et qu’il a volontairement laissé infuser dans sa tête. Une façon de faire cohabiter l’espace, le corps et le sacré, mais sans forcer la main. Son intention ? Donner à voir le Paradis, dans ce qu’il a de réaliste (ses œuvres d’une sobriété tranchée) ou de prometteur (son travail sur l’éclat et la luminosité, qui devient virulent de beauté). Cet itinéraire vers la plénitude, Georges Autard nous l’offre avec immédiateté, selon plusieurs entrées. Celle du geste, toujours emprunté, et dont il interroge la justesse : est-ce un geste juste ou juste un geste ? Chaque tableau fait d’ailleurs appel à un nouveau procédé : « sauces de peinture », encres noires, traces de doigts, éponges de javel… Et puis, il y a le statement, une recette chérie qui tire son inspiration aussi bien de mouvements contestataires que de préceptes méditatifs : Wisdom and Compassion, Imagine, Spirit in the sky, Instant Karma… Des mots qui s’explosent sur la toile sans jamais l’agresser.

Au gré de ces œuvres percutantes, de leurs formes et de leurs tangentes, le spectateur apprécie la patte de l’artiste : celle d’un homme qui, d’abord enseignant en mathématiques aux Beaux-Arts de Marseille, a transformé sa complexité en prescription de bonheur. Ce qui le nourrit ? Sa curiosité pour la sphère culturelle, ses plongeons dans l’inconnu, sa rigueur dans les arts martiaux, sa compréhension de l’universel, son besoin d’être dans l’opposition, sa sensibilité au monde. Un monde qu’il voit — à juste titre — chaotique ou meurtri, mais qu’il décide de réinventer avec cette arme infaillible : l’harmonie. Concrètement ? De son esthétique picturale aux tréfonds de sa pensée, Georges Autard ne veut rien d’autre qu’une cohabitation longue durée : celle du punk et du zen, de la rage et de la paix. Pour débloquer les nœuds et les turbulences de l’ego. Pour que ce néo-monde s’élève en sachant ce qu’il vaut.

Plus qu’une simple exposition, Paradise Now place l’art comme le moteur d’une spiritualité “d’un seul trait”. Une vision du bien-être, jamais niaiseuse mais délibérément paradoxale : ce que Georges Autard sait si bien représenter, c’est l’importance de la fureur dans la quête de tranquillité.

Pauline Puaux

Georges Autard – Paradise Now : jusqu’au 31/03 à la Galerie Zemma (40 rue Sainte, 7e).

Rens. : galeriezemma.fr

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