Mes châteaux d’If: Refaire le match.

Billet de blog
le 10 Jan 2022
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Mes châteaux d’If:  Refaire le match.
Mes châteaux d’If: Refaire le match.

Mes châteaux d’If: Refaire le match.

 

La demi-finale de 1982 où Schumacher emplâtra Battiston fut un remake footballistique à la défaite de 1940 et à toutes les raclées prises par la France depuis le partage de l’empire germain. Tronchet qui interprète son propre rôle de footballeur acariâtre ressemble à bien des footballeurs de 50 balais qu’on rencontre sur les bords des stades engueulant les mioches qui courent pour faire comme Zidane. Rarement comme Pélé qu’ils n’ont pas connu. Quand ils jouent au foot, ils ont encore 10 ans dans leur tête. Ils jouent avec toute leur énergie, toute leur foi, ils se prennent pour Maradona quand ils trichent de la main ou qu’ils dribblent, ils sont des Battiston quand ils partent sur un brancard, victimes d’un salaud d’allemand, même si celui-ci n’est autre que Sofiane ou Riton, avec qui ils bossent toute la semaine. Et si un coup de boule part, c’est de la faute à Zidane.

 

Didier Tronchet que j’avais connu pour ses séries de Jean Claude Tergal ou Raymond Calbuth a viré de bords et dessine des choses plus personnelles depuis quelques années. Il dessine même des bd écolos à peine drôles tant ça lui semble important. Il y a même une préface de Pablo Servigne, le gars qui t’annonce que tout va s’effondrer, c’est dire comment tu te marres dans les Catastrophobes. ( Ed Fluide Glacial)

Les fantômes de Séville racontent la passion pathologique de Didier en proie avec sa propre histoire du foot, une histoire où il joue le tout pour le tout, la finale, quoi. Didier repense à son match toute la semaine, il n’oublie pas. Il rentre chez lui furax comme un gamin qui a perdu le match mais c’est lui qui met ses affaires à la machine, pas sa femme. On a changé d’époque. Sauf que sa femme lui redit cette phrase abominable : «  C’est que du foot »

Didier est tellement obnubilé par le football qu’il va disséquer la demi-finale de 1982 à Séville et s’apercevoir qu’il y a eu maldonne, que Battiston n’aurait pas du rentrer dans le match car il est arrière et qu’ Hidalgo a commis une erreur en le faisant rentrer en attaque à la place de Genghini à la 50e minute. Avec Fred, son pote journaliste à l ‘Équipe, ils partent retrouver les protagonistes de ce match. Avec Schumacher, l’entretien est ajourné mais avec un Platini dépressif, c’est d’une grande poésie : «  Le terrain de foot est un morceau de ciel tombé sur terre… » La rencontre vers Bordeaux avec Battiston devenu vendeur de jacuzzi et à qui chaque client ne peut s’empêcher de refaire le match est impayable. Didier essaye de faire comprendre à son fils le bonheur d’avoir comme ami Battiston mais le gosse est déjà ailleurs, rêvant d’autres Messie. Les icônes du football changent vite. Enfin, surprise , on débarque sur la plage du Prophète à Marseille, où il vient demander à Michel Hidalgo des comptes : «  Mais Michel, qu’est ce que t’as branlé ? » explose Didier trouvant devant lui un vieil Hidalgo compatissant : «  Pourquoi aller chercher il y a presque 40 ans un motif de se rendre malheureux ? » La réponse arrivera. On vous laisse la deviner entre le gratin de macaronis de la mère de Didier et le téléviseur en noir et blanc.

Les fantômes de Séville, Tronchet. J et AC Jouvray. Glénat. 2021, 22 euros.

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