regards sur une rentrée universitaire

Quelle rentrée ?

Billet de blog
par amaisetti
le 12 Sep 2018
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Fac d'Aix-Marseille : un chantier

Quelle rentrée ?
Quelle rentrée ?

Quelle rentrée ?

La rentrée est un rituel sans cérémonie. Les mêmes gestes et les mêmes paroles lancés pour commencer ce qui a déjà fini. Par exemple, la pensée que tout pourrait commencer.

L'université, un lieu qui reproduit ce monde à son échelle : la concurrence effrénée, la loi de la sélection (d'abord : il y aura ceux qui sauront trouver le bureau nécessaire à l'inscription), l'isolement mais sans la solitude, l'autorité d'un savoir souvent arbitraire, l'ennui et la fatigue. 

On rentre ici avec l'espoir d'en sortir avant le jour ; on finit perdu entre deux couloirs avec des documents à faire signer, pour quoi, par qui ? Tous les ans les mêmes aberrations administratives qui semblent justifier toute cette organisation sociale qu'on nomme l'université – les cours ne sont là que pour donner le change. Bientôt, les administratifs seront plus nombreux que les étudiants. 

La fac de lettres d'Aix est un chantier qu'on achève comme une corvée : depuis 2014, la boue et les préfabriqués, l'argent ruisselant des grands emprunts sarkozystes sert ici à repeindre les tags et fixer les tables au sol pour empêcher qu'elles servent aux barricades – logique d'ensemble d'une architecture pensée surtout en termes contre-insurrectionnels, avec bâtiments épars, multiples entrées, amphithéâtres enfouis (les mouvements du printemps dernier ont joyeusement démontré que c'était sans compter quelques ruses). 14-18 : c'était le temps donné pour le creusement des tranchées. On y est : la fac est donc sortie de terre avec l'éclat neuf des outils livrés pour qu'on ne s'en serve pas, qu'on la regarde comme un plan d'architecte.

Il y a ces grands bâtiments en verre à l'entrée Porte : l'image même du libéralisme – ces vitres qui donnent l'illusion de la transparence, mais rendent opaques les réalités qui sont derrière elles. Il y a ces couloirs sans perspective ; ces salles trop larges ou trop petites, ces fenêtres qui ne donnent vue que sur d'autres bâtiments de la fac.

Image prise en décembre 2017 de la Bibliothèque en chantier qu'on transforme en Cube, bâtiment qui regrouperait vie étudiante et pépinière d'entreprise, salle de spectacle aussi. Parce que c'est leur projet ?

La rentrée n'a pas eu lieu : à la place, des travaux qui ne cessent de remplacer le passé par un avenir sans cesse repoussé. 

En rentrant, on se dit qu'il faudrait trouver les mots. On ne sait toujours pas lesquels.

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