JO 2024 : pluie dehors, buée dedans
Les intempéries ont compliqué la tenue de plusieurs épreuves, et la chaleur incommodé quelques salles. Elles ont peut-être favorisé le VII de France, vainqueur des Fidji en finale.
Le rugby à VII ressemble au rugby à XV, mais pas tant que ça au fond : l’équipe de France peut y battre l’Afrique du Sud, et s’imposer en finale. Le principal point commun, c’est Antoine Dupont, acteur majeur dans les deux disciplines. Auteur d’une passe décisive et de deux essais contre les Fidji, il s’est imposé comme l’homme clé dans le succès inattendu des Tricolores, dans un stade de France bondé et déchainé. Le rôle du sélectionneur français Jérôme Daret, qui va quitter ses fonctions après ce triomphe, doit être mis en exergue pour la justesse de ses choix, au même niveau que le demi de mêlée déjà champion d’Europe et champion de France à XV en 2024. Les autres joueurs champions olympiques ne sont pas trop concernés par la lumière des projecteurs, et leur titre ne devrait pas changer radicalement leur vie de sportif.
Les Fidjiens, doubles tenants du titre olympique, avaient écrasé la compétition jusqu’alors et battu les Français en poule. Ils ont paru empruntés devant l’agressivité qui leur était opposée et ont multiplié d’inhabituelles fautes de main, peut-être moins habitués à jouer sous la pluie.
Car l’humidité s’est révélée la reine de la première journée pleine des compétitions.
Elle a provoqué le report des épreuves de « skate board street », car le skate park était devenu impraticable, comme la veille pendant la cérémonie d’ouverture. Car si les planches glissent dans la Seine, cela devient du surf et ce sport est prévu à l’autre bout du monde, à Tahiti. La découverte de cette nouvelle discipline provoque une attente insupportable sous les pébroques… On ignore en particulier si ces compétitions prévoient des repêchages.
Les gouttes ont gêné les tournois de tennis à Roland-Garros, et provoqué une énième noyade de Caroline Garcia, la meilleure Française, tellement imprévisible malgré son talent qu’elle est capable de briller dans les doubles.
Le beach-volley s’est joué sur du sable mouillé, berk. Les cavaliers du concours complet ne pensaient pas avoir les grandes eaux à Versailles pour leur première épreuve et s’attendent maintenant à faire leur cross dans la boue, ce que leurs montures ne supportent pas toujours.
Les cyclistes féminines et masculins engagés dans le contre-la-montre se sont trouvés parfois embarqués dans de belles glissades, ce qui n’a pas empêché l’Américaine Chloe Dygert d’obtenir le bronze malgré trois chutes, neuf secondes devant la Française Juliette Labous qu’il faudra surveiller dans la prochaine épreuve sur route. Arrivés du Tour de France qui vient de se terminer, les Belges Remco Evenepoel et Wout Van Aert ont pris les médailles d’or et de bronze, encadrant l’Italien Filippo Ganna. Ces machines à rouler ont su éviter les dérapages.
Les rameurs et les pagayeurs engagés samedi ne se sont pas plaints de la pluie, ils craignent plutôt le manque d’eau. En revanche, les épreuves de triathlon et de nage marathon redécouvrent l’inquiétude à propos de la qualité bactériologique de la Seine. Car la tombée de eaux de pluie s’accompagne de la montée des eaux usées.
Notez que ce n’est pas forcément mieux à l’intérieur des salles. La chaleur de l’ambiance et l’absence de climatisation provoque de la buée sur les parquets, et quelques volleyeurs et basketteurs en ont fait l’expérience.
Au Grand Palais, l’épéiste Auriane Mallo-Breton dit pour sa part avoir été perturbée par l’éclairage et avait bricolé son masque pour atténuer la lumière. Elle a succombé à la « mort subite » en finale après y avoir survécu à son entrée dans la compétition. Elle a pourtant mené 7 touches à 1 au début de son dernier assaut. Les autres Françaises et les trois sabreurs ont coulé à pic, en dépit des pronostics favorables. Mais il ne semble pas, cette fois, que ce soit en raison des orages récents qui se sont abattus sur l’organisation de leur discipline en France. La n°1 mondiale à l’épée et désormais championne olympique, Man Wai Vivian Kong (« Queen Kong » ?) est une des perles de l’équipe de Hong-Kong entraînée par le Français Grégory Koenig.
La médaille d’argent de Mallo-Breton a été saluée par un public exceptionnel, qui aura son rôle à jouer pour faire oublier les embrouilles qui déstabilisent ce sport, notre trésor national.
Les judokas français ont commencé en fanfare leur semaine de compétitions avec le bronze de Shirine Boukli et l’argent de Luka Mhkeidze. Ce n’est pas la chaleur qui les a gênés, même si on a vu plusieurs combattants s’éponger le front. En quart, Boukli affrontait la terreur de sa catégorie, la Japonaise Natsumi Tsunoda, triple championne du monde en titre. Elle s’était entrainée pour contrer le « spécial » de sa rivale, et c’est sur ce « spécial » qu’elle est néanmoins tombée. Boukli a su se reprendre en repêchage et dans le combat pour le bronze. Elle semblait tout de même ravie d’avoir obtenu sa première médaille olympique et comme elle est âgée de seulement 25 ans, elle devrait pouvoir en gagner d’autres.
Luka Mhkeidze, médaillé de bronze à Tokyo en 2021, ne semblait pas trop déçu par sa défaite. Sa vie personnelle lui a déjà proposé d’autres épreuves : il est arrivé en France comme réfugié politique. Il a été battu par l’expérimenté Kazakh Yeklos Smetov (32 ans), déjà médaillé d’argent aux Jeux de Rio et de bronze à Tokyo. Smetov a su contrer son adversaire qui avait eu l’imprudence de tenter trois fois de suite la même technique.
Ces deux échecs mettent l’accent sur l’espionnage des adversaires, plus ou moins efficace, mais devenu à la mode. Il est compliqué de faire entrer un drone dans une salle de judo, mais au-dessus d’un terrain à l’air libre, c’est jouable. C’est aussi risqué comme vient de s’en rendre compte l’équipe féminine de foot du Canada. Pour avoir tenté de percer les secrets de l’équipe de Nouvelle-Zélande, futur adversaire, la sélectionneuse s’est fait éjecter et la sélection, championne olympique en titre, a écopé de six points de pénalité. Envoyer un observateur aux antipodes aurait coûté moins cher.
La Nouvelle-Zélande, chez les hommes, sera la prochaine adversaire de l’équipe de France de foot, qui a battu difficilement la Guinée (1-0) pour son deuxième match, et se rapproche d’une qualification pour les quarts.
Le parcours des autres sélections nationales est contrasté : les basketteurs se sont réveillés contre le Brésil, mais les handballeurs se sont effondrés contre le Danemark pour l’entrée dans leurs compétitions. Les équipes de water-polo et de hockey sont contentes de participer, elles perdent et apprennent.
VIGNETTES
¤ Triple champion olympique au sabre, le Hongrois Aron Szilagyi s’est incliné dès son premier combat dans l’épreuve individuelle. L’épreuve a été emportée par le Sud-Coréen Oh (quelle surprise !) devant le Tunisien Ferjani (déjà médaillé d’argent à Tokyo) et l’Italien Samele.
¤ L’entraîneur de l’équipe de boxe des Samoa, Lionel Elika Fatupaito (60 ans) est décédé subitement d’un malaise cardiaque dans sa chambre du village olympique. Un seul boxeur était inscrit dans la compétition olympique, dans une délégation qui comporte 20 hommes et 4 femmes, dont les 12 concurrents de l’épreuve masculine de rugby à VII. L’équipe des Samoa s’est classée 10e (sur 12) du tournoi olympique, après avoir remporté deux matchs contre le Kenya et le Japon. Les Samoa participent aux JO d’été depuis 1984 et y ont obtenu une seule médaille, d’argent, en 2008 à Pékin en haltérophilie féminine dans la catégorie des plus de 75 kg. Ele Opeloge avait bénéficié en 2016 du déclassement pour dopage des deux athlètes qui la précédaient au classement.
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