Jeux, émoi

JO 2024 ? Oh, Marseille, tu ne cries pas assez fort !

Billet de blog
le 23 Août 2016
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Cette chronique quotidienne à propos des Jeux de Rio s'achève. Elle reprendra sur un rythme modéré, pour suivre les efforts entrepris en faveur de la candidature de Paris pour les JO 2024, à laquelle Marseille est associée pour les compétitions de voile. Le choix de la ville organisatrice sera officiel en septembre 2017. Quand Marseille, justement, sera Capitale européenne du sport. Ces deux événements ne provoquent pour le moment que peu d'animation. Il est temps de se secouer!

JO 2024 ? Oh, Marseille, tu ne cries pas assez fort !
JO 2024 ? Oh, Marseille, tu ne cries pas assez fort !

JO 2024 ? Oh, Marseille, tu ne cries pas assez fort !

La formule, superbe, est de Giscard Samba, le charismastique entraîneur de Dimitri Bascou (médaille de bronze sur 110 h haies) : « On ne perd jamais : on gagne, ou on apprend. » La France a appris, chèrement, puisqu’elle ne compte que 10 médailles d’or sur 42 ramenées de Rio.

« La Provence » a compté dix concurrents provençaux revenus avec un trophée, dont trois dans une épreuve individuelle : le Marseillais, né à Apt, Denis Gargaud-Chanut (or au canoë monoplace slalom) ; le néo-Marseillais, né à Paris,  Jean Quicampoix (argent au pistolet 25 m tir rapide) ; et le licencié du CNM Florent Manaudou, né à Villeurbanne, (argent sur 50 m libre et sur 4 x 100 m libre).

Les autres récompensés de notre région pratiquent leur sport dans un collectif : Jérémie Azou (or en deux de couple poids légers), Erwann Le Péchoux (argent en fleuret par équipes), Fabien Gilot et Medhy Metella (argent au 4 x 100 m libre), Camille Ayglon et Michael Guigou (argent avec les équipes de France de handball), Hélène Defrance (bronze en 470).

Si la délégation française à Rio était forte de 396 participants, on peut noter que 96 en sont revenus avec une médaille, soit un sur quatre, car ce sont les équipes qui ont surtout « scoré ». Le bénéfice du sport collectif est très important, quel que soit le niveau de compétition, avec un exemple positif multiplié par le nombre de compétiteurs concernés dans un grand nombre de clubs, de quartiers et d’entourages.

Pour retrouver le chemin des victoires, et entendre plus souvent « La Marseillaise », le secrétaire d’Etat aux Sports, Thierry Braillard, a décidé de lancer au plus vite une réflexion au sein de toutes les composantes du sport français avec la réunion d’Etats généraux du sport de haut niveau à partir du 3 octobre.

Marseille y participera au premier plan puisqu’elle est particulièrement concernée. La nouvelle métropole, en effet, sera Capitale européenne du sport en 2017. Et lors de la 130e session du Comité International Olympique à Lima (Pérou), le 13 septembre 2017, sera désignée la ville organisatrice des Jeux Olympiques en 2014. On le sait, Marseille est associée à la candidature de Paris, pour l’organisation des épreuves de voile.

Marseille rêve de voile olympique, mais son envie reste encore bien discrète. Or la décision est imminente. Si la réputation que la ville s’est laissée coller dans le monde entier est sans doute aussi fausse que celle de Rio, en termes de sécurité et de confort, elle existe néanmoins et s’appuie sur quelques témoignages concrets. Demandez aux organisateurs de la Coupe de l’America venus découvrir les atouts de la ville pendant une grève des éboueurs.

La métropole doit prendre sa part du travail de lobbying autour de la candidature olympique de 2024, et ne pas laisser Paris se débrouiller seule. Cela passe par une mobilisation résolue et efficace de la population.

Jusqu’ici, le sport à Marseille tourne essentiellement autour d’un astre, l’OM, et d’une activité, le football. La maigre surface médiatique restée disponible, alors que les footeux évoluent depuis plusieurs saisons en demi-teinte, est quasiment accaparée par les nageurs et les poloïstes du CNM, avec quelques miettes pour les athlètes du CO Sainte-Marguerite et les boxeurs entraînés par Jean Molina.

Les événements annuels de renom sont peu nombreux, même s’ils se développent un peu. Avec au premier rang le tournoi de tennis ATP 250 animé depuis des lustres par Jean-François Caujolle, et la course pédestre Marseille-Cassis.

De remarquables galas d’arts martiaux, de motocross et de gymnastique (Trophée Massilia) n’ont guère de rayonnement auprès du grand public à l’extérieur de Marseille, et la ville a laissé s’échapper l’étape française du circuit mondial de fleuret féminin que constituait le Challenge Jeanty.

Dans un environnement béni des dieux, le sport se pratique essentiellement en activité d’agrément, hors des clubs, qui végètent pour la plupart dans des divisions secondaires et de disputent l’utilisation de salles insuffisantes en sombre et en qualité. Ce manque d’équipements doit pouvoir se combattre, avec une politique résolue, engagée sur une ou deux mandatures. « Marsactu » explique comment la population se débrouille pour contourner la pénurie de piscines publiques. Le problème est identique pour les amateurs de football, de vélo, de course à pied, de street-basket, d’aviron ou de kayak de mer, pour lesquels les créneaux horaires favorables à la pratique dans un environnement équipé et protégé sont trop restreints.

Pourtant, les exemples sont nombreux de villes qui renforcent leur notoriété par les succès d’équipes de « sport co », notamment chez les féminines. Avec l’aide d’un seule mécène fidèle, Anny Courtade, les volleyeuses de Cannes sont arrivées en quelques années au plus niveau européen. Grâce au basket, on a découvert le nom des communes de Lattes, Mondeville, Orthez, Villeurbanne, Gravelines, Le Portel. Grâce au hand, Fleury-les-Aubrais, Chambray, Cesson, Tremblay-en-France. Par le volley, Le Cannet, Terville-Florange, Vandoeuvre, Venelles (supportée par la communauté du Pays d'Aix). Si ces petites communes sont arrivées rapidement à ce niveau d’excellence sportive et de notoriété, Marseille devrait pourvoir y parvenir aussi et ne plus compter seulement sur deux clubs, qui recrutent leur effectif plus qu’ils ne le forment avec les talents locaux.

Un coup de main résolu au sport scolaire et universitaire serait aussi judicieux. Les grandes concurrentes internationales d’Aix-Marseille-Université disposent toutes d’un campus bien équipé en installations accessibles à toutes et tous.

Il nous semble qu’un tel lieu pourrait se créer sans problème autour de l’ancien Stadium de Vitrolles, au bord du plateau de l’Arbois, à égale distance des deux cités, et à proximité immédiate de la gare Aix-TGV et de l’aéroport de Marignane. Un tel campus sportif ne dérangerait personne, et permettrait même de valoriser un environnement qui vient de subir les ravages d’un gigantesque incendie.

Vitrolles, et au-delà la nouvelle métropole, s’interrogent activement sur l’utilisation de l’équipement créé par l'architecte Rudy Ricciotti au début des années 1990, et laissé complètement à l’abandon, livré aux ravages des pilleurs de tous ordres.

Le bâtiment est intouchable, étant donné la notoriété méritée par son auteur, et il a prouvé son efficacité quand il accueillait les matchs de hand européens de l’OM Vitrolles, ou les concerts qui leur ont succédés. Il a tout pour être l’arène des succès de grands clubs universitaires, mais aussi d’équipes de sport co issues des communes de la métropole. Sans exclure l’accueil d’événements artistiques ou culturels. Sa rénovation coûterait moins cher que les prix additionnés de sa destruction et de son remplacement.

Il est même possible d’y adjoindre un véritable « Insep » du Midi de la France, un centre d’entraînement multidisciplinaire de haut niveau qui bénéficierait de conditions climatiques incomparablement plus favorables que celles de la région parisienne.

Et pourquoi pas, tenez, y préparer les équipes qui représenteront la France aux JO de 2020 et 2024, dans les disciplines où elle ne parvient pas à les qualifier: volley et water-polo féminins, hockey sur gazon.

Marseille dispose d’une tribune internationale avec son statut de Capitale européenne du sport, et peut s’inspirer des efforts accomplis en 2015 à Turin et en 2016 à Prague, qui a mis sur pied plus de 400 événements de tous niveaux. Pour sa part, la ville de Marseille a collecté de nombreux projets à cette occasion. Mais avec le souci principal qu’ils ne lui coûtent rien, dans une sage détermination à bien gérer son budget, et à compter sur l’activisme des sponsors et des autres collectivités. Il lui est toujours possible d’encourager d’autres projets, et tout du moins de ne pas les décourager.

Il lui a été présenté ainsi une série d’idées, qui ne demandent qu’à trouver un animateur et un lieu pour pouvoir être proposés à des organisateurs et sponsors privés, qu’ils soient bénévoles ou à la recherche d’un profit. La liste est copieuse et elle pourrait même l’être davantage :

1. Un événement multimédia, autour d’un Salon du Livre de sport, qui n’existe que l’hiver à Lyon grâce au soutien généreux et efficace de Thierry Frémaux, cheville ouvrière du Festival de Cannes et l’Institut Lumière dans la capitale des Gaules. Autour d’un tel salon, il est possible d’envisager un festival théâtral entièrement consacré au sport et à sa place dans la société. Mais aussi un festival de cinéma et de vidéo spécialisés. Une ou plusieurs expos de photos. Tous événements qui sont déjà au point et qui ne demandent plus qu’un accueil généreux.

2. Une course de cyclisme internationale peut voir le jour, ponctuellement en fin de saison 2017, voire au-delà si son intérêt se confirme. L’accueil réservé aux passages du Tour de France et à la création du Tour de la Provence démontre qu’un bon accueil du public et des compétiteurs est déjà acquis. On a même eu l’idée saugrenue de faire ressurgir la Course de la Paix, et de la réserver à de jeunes coureuses et coureurs, pour relier d’autres anciennes capitales européennes du sport dans une boucle autour de Marseille.

3. Un Tournoi international d’arts martiaux pourrait voir le jour en 2017. Il s’agirait d’une rencontre entre équipes nationales ou métropolitaines, opposant des combattants de plusieurs disciplines. Boxe, Judo, Lutte et Taekwondo, voir Escrime (disciplines de combat olympiques) proposeraient des compétitions masculines et féminines, individuelles et par équipes et donneraient lieu à un classement global. S’il fallait se contenter de la boxe, cet épisode pourrait s’insérer dans le circuit national dont Thierry Braillard souhaite favoriser la naissance.

4. Un grand rassemblement des « Audax ». Aucune grande concentration nationale ne concerne ces innombrables pratiquants de disciplines d’endurance, sans esprit de compétition : Cyclisme, Course à pied, Natation, Aviron. Il est aussi envisageable d’accueillir de la même manière des motards ou des pilotes de véhicules d’exception.

5. Une super « Grande parade maritime » : pour réunir l’aspect festif et le côté sportif, on pourrait organiser un grand relais où chaque équipe nationale ou régionale comporterait des barques, des galères, des planches, des dériveurs, des voiliers hauturiers et des vieux gréements.

6. Créer « FLASH ! », un Palais de l’Image sportive. Le Musée du Sport s’est finalement posé à Nice. Mais il manque un « Hall of Fame » et surtout un « Palais de l’Image », qui proposerait au public des photos, des films et vidéos et des documentaires. La structure pourrait ne pas être permanente, mais utiliser ponctuellement le fruit d’un travail documentaire qui est en cours de constitution un peu partout en France.

7. Une série de tournois féminins et juniors :  ils pourraient concerner le football, le rugby à VII, et d’autres disciplines appelées à se développer dans la métropole, pour prouver qu’elle n’est pas obnubilée par les résultats de l’OM, et pas aussi pesant que lui pour les finances publiques.

Peu importe que ces idées se concrétisent ou non, si elles contribuent au débat sur la place que la ville doit offrir aux sports, aux pratiquants et aux spectateurs. Le retentissement d’une politique nouvelle et ambitieuse serait remarqué immédiatement, avec des effets positifs sur la candidature commune de 2024. Aucun effet négatif n’est à craindre en la matière. Pour la jeunesse marseillaise en premier lieu, ce qui est sans doute le plus important, ni pour les autres parties de la population.

Le moindre centime dépensé pour le sport, la moindre parcelle consacrée à un équipement, reversent un bénéfice mille fois supérieur à l’investissement consacré, de manière directe ou indirecte.

Nous avons tous une occasion en or pour le vérifier rapidement. Merci Rio, Marseille, c’est à ton tour.

 

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