JO 2024 : le bonheur jusqu’au bout

Billet de blog
le 9 Août 2024
0

Les équipes de France accumulent les places en finales et promettent un dernier week-end rempli d’émotions. Les collectifs sont parvenus à réduire la concurrence entre les égos, et à valoriser l’apport des travailleurs méconnus. Le sport bénéficie de son internationalisation croissante. C’est aussi une victoire idéologique.

Seize places en finale sont offertes aux différentes sélections nationales dans les sports collectifs, femmes et hommes confondus, en basket à cinq et à trois, football, handball, hockey, rugby à VII, volley et water-polo. On écarte le beach volley, qui se joue par duos et non par équipes et où certains pays avaient engagé deux doubles.

La France a atteint six de ces finales, et peut-être une septième si les basketteuses écartent les Belges. Elle s’est déjà imposée dans le rugby à VII chez les hommes, et ce ne sera sans doute pas la seule occasion transformée. Aucun autre pays n’a approché ce total, pas même les Etats-Unis qui ont atteint trois finales et espèrent participer à deux autres. Et du reste, il ne s’agit pas d’une réussite totale puisque les handballeurs, principaux favoris dans le lot, et les footballeuses sont déçus par leurs résultats.

Le record constaté avec émerveillement à l’issue des JO de Tokyo était de cinq finales et de trois titres. Il sera probablement battu. L’avantage d’évoluer à domicile est bien entendu déterminant, et on l’a constaté jeudi avec les victoires arrachées par la peau des dents en basket masculin et au hand féminin. Mais la progression d’ensemble est flagrante, et elle apportera plein d’enseignements.

La qualité de la formation, de la détection et de l’organisation des sélections a été abondamment signalée par les commentateurs, mais elle existe déjà depuis longtemps et n’avait pas produit les mêmes effets. Outre l’apport du public, incontestable et souvent décisif, un autre élément semble avoir joué : l’internationalisation du sport professionnel. Les joueuses et joueurs évoluent de plus en plus souvent dans d’autres pays. Pour des raisons financières principalement, mais aussi pour s’échapper des chicailleries domestiques qui brident leur progression et pompent leur énergie.

Le football a ouvert la voie quand l’épanouissement de ses principales vedettes (Kopa, Platini, Zidane Henry, et maintenant MBappé) s’est constaté dans des clubs étrangers, où les joueurs ont appris à gagner et surtout à lutter.

Les meilleurs basketteurs français sont tous exilés désormais. Mais c’est dans les grands clubs européens, et non pas dans le championnat américain de NBA qui les fait tous rêver, que les principaux acteurs de la réussite actuelle ont renforcé leur réalisme et leur sens du jeu.

Les finales à venir vont donner un éclat inespéré au dernier week-end olympique, après une deuxième semaine qui a failli voir retomber la ferveur du public.

Le cyclisme sur piste a sauvé ses Jeux grâce à la victoire de Benjamin Thomas dans l’omnium, le décathlon de son sport qui additionne quatre exercices différents dans la même épreuve. Une partie du public en a découvert l’existence, alors qu’elle existe dans les vélodromes depuis le XIXe siècle, avant même l’invention du Tour de France.

Bilal Benamma a obtenu une deuxième médaille d’argent pour le petit groupe des boxeurs français, ovationné par le public de Roland-Garros. Avec trois récompenses, la boxe pourrait retrouver le crédit qu’elle n’aurait jamais dû perdre et réinventer un avenir aux plus méritants des pratiquants amateurs.

En voile, le public et les compétiteurs sont sans doute à l’opposé de l’échelle sociale, mais le spectacle ravit tout le monde. Lauriane Nolot se désole d’avoir manqué l’or du kitesurf au terme d’un combat splendide avec la Britannique Eleanor Aldridge. Mais elle tient la médaille qui a échappé à ses camarades, sans doute défavorisés par la faiblesse du vent à Marseille. Ce qui a redonné leurs chances à un plus grand nombre de concurrents. Avec deux médailles d’argent et aucun titre, l’équipe de France est déçue par le résultat de ces Jeux, mais il ne s’agit pas d’un échec.

Le tennis de table, en revanche, ne peut que se féliciter de l’audience qu’il a rassemblée, principalement grâce à Félix Lebrun, jeune héros souriant et déterminé. La France a retrouvé le plaisir procuré par cette discipline spectaculaire, pourtant ultra-dominée par les Chinois. C’est le mérite d’une longue chaîne de passionnés, qui a commencé dans les années 1970 par les premiers titres de Jacques Secrétin et les shows imaginés avec Vincent Purkart.

L’athlétisme s’est offert une belle soirée jeudi 8 août au Stade de France, où s’étaient donné rendez-vous plusieurs milliers de supporteurs néerlandais vêtus d’orange, pour saluer le triomphe attendu de Femke Bol sur 400 m haies. Las ! Leur championne a été humiliée par sa grande rivale américaine, la tenante du titre Sydney McLoughlin-Levrone, qui a amélioré pour l’occasion son propre record du monde en 50 s 37.

A la longueur féminine, une autre tenante du titre, l’Allemande Malaika Mihambo, a été détrônée, cette fois par l’Américaine Tara Davis-Woodhall, la seule concurrente au-delà des 7 mètres (7 m 10).

La finale du 200 m a vu une autre déconfiture, celle du favori américain Noah Lyles, paraît-il affecté par le covid, mais sans doute aussi par une perte d’énergie absurde, après son show d’avant-course. Le sprinteur venu du Botswana, Letsile Tubogo, s’est imposé nettement en 19 s 46, cinquième meilleure performance de tous les temps, sur un autre Américain, Kenneth Bednarek, et Noah Lyles.

Le grand favori s’est imposé, en revanche, sur le 110 m haies avec la victoire de Grant Holloway, le seul à être passé sous les 13 secondes. L’absence des Français en finale est consternante, puisqu’il s’agit d’une de leurs rares spécialités, comme la perche. Elle fait d’autant plus de peine que ces athlètes ne tiennent pas leurs promesses, pourtant généreusement répandues dans l’opinion, et semblent avoir passé plus de temps à soigner leur look et préparer leur passage devant les caméras pour la présentation qu’à s’entraîner sérieusement et soigner leur hygiène de vie.  Il est difficile en outre d’envisager un séjour dans une université nord-américaine pour progresser, car un niveau intellectuel minimum y est tout de même exigé. Ces jeunes gens devraient plutôt s’inspirer de Léon Marchand, au hasard. Il leur faudra décider s’ils préfèrent être des stars ou des champions. Si on a bien lu, Sasha Zhoya estime qu’il aurait mieux réussi s’il n’y avait pas eu de haies sur le 110 m. Allez, soyons bon bougre, et attendons de le revoir dans quatre ans.

Ces problèmes ne se posent pas pour les athlètes issus de pays émergents. Comme le sculptural Pakistanais Arshad Nadeem qui a survolé le concours du javelot avec un jet à 92 m 97, devançant ainsi le tenant du titre indien Neeraj Chopra et le représentant de la Grenade Anderson Peters, qui n’a pas dégoupillé devant une telle supériorité. L’accolade entre le Pakistanais et l’Indien a respecté le protocole, sans les mettre en danger à leur retour au pays.

Les deux relais français se sont qualifiés pour les finales du 4 X 100 m, ce qui n’était pas arrivé depuis belle lurette et respecte les nouveaux standards collectifs. Les hurdlers ayant déjà du mal à comprendre le fonctionnement des haies, on a renoncé à leur expliquer l’usage d’un bâton de relais.

VIGNETTES

¤ La Serbie a failli créer une détonation planétaire en dominant l’équipe masculine des Etats-Unis pendant les trois quarts de la demi-finale, n’échouant que sur le fil (91-95).

¤ La natation marathon a pu s’exprimer dans une Seine qui a longtemps jeté le trouble sur les Jeux. La Néerlandaise Sharon Van  Rouwendaal a nagé le plus vite pour sortir de ce piège. Les Françaises Océane Cassignol (7e) et Caroline Jouisse (8e) s’y sont senties bien pour leur part, et ont prolongé un peu leur bain.

 ¤ Les épreuves de canoë et de kayak en ligne cherchent un peu des représentants français et profitent lâchement de leur absence pour couronner l’Australie, l’Allemagne et la Chine. Les Bleus n’aiment que les portes et les descentes.

¤ Deux Français étaient engagés en haltérophilie jeudi 8 août : Dora Tchakounté a terminé 9e chez les moins de 59 kg avec un total de 213 kg, dans une épreuve gagnée par la Chinoise Shifan Luo (241 kg au total). Pour ses quatrièmes JO, Bernardin Kingué Matam a obtenu lui aussi la 9e place des moins de 73 kg, avec un nouveau record de France de l’arraché (145 kg), loin derrière l’Indonésien Rizki Juniansyah.

¤ L’escalade a couronné ses plus rapides monte-en-l’air. Il s’agit de l’Indonésien Veddricq Leonardo, mais c’est l’Américain Samuel Watson (médaillé de bronze) qui a établi un nouveau record du monde en 4 s 74. La Polonaise Aleksandra Miroslaw s’est imposée après avoir amélioré son propre record du monde en 6 s 06.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire