Marseille inside out
Ça fait longtemps que je voulais crier sur le web mon bien vivre à Marseille, mon billet devait commencer comme ça…
“Et tu habites ici toi aussi ?”, “Non, moi j’habite Marseille, je suis là que pour le week-end”, “Waouh, Marseille…[sourire gêné / inspiré / surpris] et, heu…ça va ? Enfin c’est pas trop…” Que celui qui n’a jamais eu un début de conversation comme ça lorsqu’il était à Paris, Lyon, Nantes, Lille, Genève, Bruxelles, Mulhouse ou ailleurs lève le doigt !
Parfois les gens sont moins politiquement correct (ou moins polis) et au choix on entend “pas trop sale / pas trop dangereux” ou même “pas trop… heu, heu…enfin moi c’est vraiment une ville qui m’attire pas du tout !” On a surtout parlé Kalach’ et la conversation a quasiment tout le temps viré sécurité, ou plutôt insécurité d’ailleurs. Et à chaque fois, j’ai l’impression de parler de mon pays à des étrangers “ben non, en fait ça va, je suis dans le même quartier depuis un an et pas une seule attaque à main armée ! Je me suis même pas fait agressé une seule fois !”
Et puis je suis retourné à Barcelone pour quelques mois, et voilà, en étant ici je vois les choses différemment. Du coup, j’ai décidé de réorienter le billet vers une sensation différente que la plupart de ceux qui n’ont pas toujours vécu qu’à Marseille vont peut-être reconnaître.
Lorsque j’habitais Marseille, j’ai souvent eu l’impression que les médias ne parlaient pas de ma ville, ou en tous cas pas de mon quotidien. Là où je lisais insécurité et désert culturel… je vivais sans peur (et pour ceux qui ne me lisent pas souvent, j’évoluais entre Castellane et la Joliette en passant par Longchamp, le Port et le Panier, nuit et jour), je ne me suis jamais ennuyé (et il n’y a qu’à lire mes billets pour le voir, enfin je crois). Finalement, concernant les poncifs sur Marseille, j’ai effectivement fait l’expérience de la saleté et des problèmes de transports en communs.
Fort de mon expérience, j’avais prévu d’écrire :
“si des français lisent ce billet : arrêtez de croire tout ce que vous voyez à la télé sur Marseille ! On peut vivre dans le centre-ville et ne pas avoir la peur au ventre, c’est mon cas et celui de la plupart des gens autour de moi. Attention, je ne veux pas dire qu’il n’y a aucun problème d’insécurité ici, il y a beaucoup de faits divers sordides.
Mais cette violence n’affecte pas toute la ville en permanence. Marseille fait le double de Paris en superficie : ce qui se passe dans les quartiers nord est aussi éloigné de la Pointe Rouge que l’Avenue Foch de La Courneuve (si ce n’est pas plus). Et sinon, il suffit d’être attentif et de se renseigner pour vivre sans problèmes, ou en tous cas c’est mon expérience”
J’avais vraiment envie d’écrire ce que je raconte souvent lorsque je suis ailleurs en vacances ou en week-end et qu’on me regarde avec compassion lorsque je dis que je vis ici : “Marseille n’est pas une ville comme les autres, la misère est beaucoup plus visible qu’ailleurs, les différences sociales aussi, c’est une ville vibrante, violente (pour le meilleur et pour le pire), mais ça n’est pas la ville en guerre que les médias décrivent”
Mais en relisant ce billet sauvegardé l’année dernière, et en étant plus sur place, je suis pris d’un doute. Quand je lis les articles qui remontent via Google Actu sur Marseille, je dois admettre qu’il y a du scabreux à la pelle, et n’ayant plus mon expérience du quotidien pour évaluer, je ne sais plus trop quoi répondre lorsque quelqu’un me pose des questions sur Marseille. Et je réalise mieux comment ceux qui ne connaissent pas finissent par imaginer le pire.
Et il en va de même pour plein d’autres aspects, à commencer par le dynamisme de la ville. “Ma ville accélère”, on nous le répète à longueur d’affiches, d’insertion presse, d’événements et de relations médias tactiques (combien d’articles La Provence / La Marseillaise relaient chaque mois une opération d’urbanisme, une inauguration…?), tout ça pour entretenir l’idée d’une métropole en mouvement perpétuel. Ce qui, je l’avoue, avait assez bien marché sur mois tant que j’étais là. Une fois vu de l’extérieur, je me rends mieux compte de l’abysse qui sépare parfois (j’insiste – pas tout le temps) ce que l’on nous annonce de ce qui se fait ailleurs.
Alors que se passe-t-il ? Comment arrive ce sentiment inside out… Une idée : à vivre à Marseille, on se laisse emporter par la marseillologie, à se croire unique au monde pour le meilleur et pour le pire ? Et en sortant, bam, on se prend en pleine figure la réalité, on est comme les autres, dans le meilleur comme dans le pire ?
C’est la meilleure explication que j’ai trouvée à ce sentiment… et vous ? Vous l’avez expérimenté ? Quel regard porte-t-on sur Marseille quand on n’y est plus ? Je serais très intéressé de savoir si d’autres ont vécu (ou vivent) ça.
Commentaires
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Et voila je suis une marseillaise qui habite en Espagne depuis tres longtemps et qui est ravie de vous lire
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Merci pour ce gentil message, tu es où en Espagne ?
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