Gens de Marseille, un livre-galerie d’Alain Paire

Gens de Marseille, Un livre-galerie d’Alain Paire

Jusqu’à une date récente, une poignée de noms (autrefois Artaud, Suarès, Pagnol, puis René Allio, Robert Guédiguian, Jean-Claude Izzo…) ont résumé la création à Marseille. Mais ces arbres solidement implantés empêchaient de voir la forêt qui grandissait. » Ainsi Alain Paire présente-t-il lui-même Gens de Marseille, l’ouvrage qu’il vient de publier aux éditions Gaussen.

C’est bien à une promenade, une étonnante excursion dans le monde des peintres, des photographes, des écrivains, des éditeurs, des libraires, des « gens de musées » de notre ville que nous propose l’auteur. Semaine après semaine, il a accumulé dans le journal La Marseillaise les portraits ciselés de quelques-unes des innombrables personnes qui font vivre la vie culturelle de Marseille. Avec l’appui des photographes Estelle Doehr et Jean-Benoît Zimmerman, il a entraîné ses lecteurs vers des artistes qu’ils connaissaient déjà (et qu’ils étaient heureux de retrouver), vers d’autres qui leur étaient inconnus (et qu’ils étaient curieux de découvrir). Sans dresser de hiérarchie, sans se soumettre à quelque étroit parti esthétique, sans même s’en tenir strictement à son propre goût. En allant plutôt vers les plus rares, les plus singuliers, les plus ignorés. Sans négliger des figures mieux connues et qui depuis longtemps lui sont chères.

Car ce n’est pas d’aujourd’hui qu’Alain Paire se passionne pour la vie culturelle Marseillaise et s’efforce de la faire connaître dans toute sa diversité ; de la faire vivre tout bonnement. C’est ce que raconte le dernier portrait de ce beau livre, celui de l’auteur lui-même, que le sociologue Jean-Louis Fabiani esquisse dans la postface.

Fabiani nous rappelle qu’Alain Paire est l’auteur de plusieurs textes sur la peinture et la sculpture à Marseille au XXème siècle, qu’il s’est fait le spécialiste de la vie intellectuelle pendant la guerre et la Résistance (de nombreux textes se rapportant à cette période figurent aussi dans Gens de Marseille), qu’il ouvrit jadis à Aix une galerie où l’on a pu voir des œuvres de Masson, Amado, Coadou, Ronis, Bioulès, Pons, Ernest Pignon Ernest, Ceccarelli, Alechinsky…

D’Agata, Almodovar et Alt ; Billard, Biermann et Bonnadier ; Daumas, Deluy et Doehr ; Khélif, Kloix et Klemensiewicz ; Valabrègue, Verbena et Viton… C’est une autre galerie, ouverte à tous et pour toujours, qu’il crée avec son livre.

Et qu’il se promet d’enrichir, chaque semaine, dans La Marseillaise.

Éditions Gaussen

344 pages, 25 euros