Finances : Le Off obtient le triple A

Billet de blog
par Lagachon
le 3 Oct 2013
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Suite à la présentation de son bilan financier, Marseille 2013 Off obtient le triple A de l’agence Lag&Chon, venant récompenser une bonne gestion. Avec plus de 2/3 de financements privés et un budget à l’équilibre, la gestion Off m’a intéressé. On peut donc attirer plus de 120 000 personnes pour des “trucs culturels”, ne pas attendre que la collectivité règle l’ardoise et se payer le luxe de presque faire des bénéfices. Au-delà de la blague du triple A, il y a quelque chose d’intéressant en période de crise.

D’abord les faits, le Off c’est 450 000 euros de budget, dont 67% venant du privé et 33% du public (Conseils régional et général). Mais c’est aussi une gestion de rigueur : 80% du budget a servi à financer des projets, et seulement 20% le fonctionnement : des coûts de fonctionnement maîtrisés grâce à une gestion savoyarde des ressources, pour preuve le stylo cassé utilisé par la Présidente pour prendre des notes le jour de l’AG. Comme ils disent : “Nous n’avons toujours pas de salarié, toujours pas de bureau, pas d’ordi ou de Smartphone de fonction, toujours pas de carte de visites et encore moins de ticket restaurant… bon, d’un autre côté, nous n’avons pas de dettes non plus.” Angela ne peut qu’applaudir (d’une seule main qui tape sur la cuisse, ça ne sert à rien d’user les deux) !

Stéphane Sarpaux témoigne : “pour le J1 le 13 juin, on a fait tirer des affiches, dont 3 grandes. J’en ai mis une à l’Espace culture. La veille de la soirée, je suis allé la récupérer pour pouvoir l’utiliser sur place le soir de l’évé. Le mec de l’espace culture a halluciné que je vienne la récupérer. “D’habitude, on met tout à la poubelle”…” Zer gut Herr Sarpaux !

1€ public / participant : le Off ne coûte pas cher à la collectivité par rapport à ce qu’il attire comme public. Mais que génère-t-il comme retombées pour le territoire ? Aucune étude quantitative n’a été menée qui permette de mesurer les dépenses des visiteurs du camping, des participants aux soirées Klaxons… Par contre, on peut penser que ces soirées (klaxon) sont bénéfiques pour les commerces qui demandent au Off d’en organiser dans leurs quartiers, j’ai personnellement pu constater que le banquet de Platon avait eu un impact significatif sur la comptabilité du “Baby Fred”. Sans oublier que dans une vision néocolbertiste ou montebourgeoise, on sait que 90% du budget a été réinjecté dans le secteur économique du territoire. “Die Off ist gut für uns !”

Au-delà des chiffres et des blagues merkelliennes, on peut quand même s’interroger sur ce modèle, sans chercher à le comparer (je n’entends pas dire que le Off gère bien contrairement au In, les logiques, tailles, objectifs sont trop différents pour que l’on puisse comparer). Deux remarques sur ce modèle :

  • Les entreprises s’intéressent au financement de la culture, on peut compter sur elles et même baser les 2/3 de son budget dessus sans que la programmation soit conventionnelle, corporate, attendue. A l’heure où le public cherche à se désengager, il est intéressant de voir que le privé est prêt à prendre une partie du financement de la culture, même si nous n’avons pas (encore) la culture anglo-saxonne du don. J’aimerais bien connaître le montant des dons aux structures “élitistes” : l’Opéra, le Musée des Beaux-Arts, le Festival de Marseille… Ceci étant dit, les ressources du privé ne sont pas moins limitées que celles du public et le modèle du Off n’est sûrement pas généralisable à toutes les institutions culturelles marseillaises, d’autant plus que le tissus économique local n’est pas des plus prospère.
  • La rigueur du Off ne peut pas être un modèle exportable, ou du moins, on ne peut pas le souhaiter. Par contre, elle met le doigt sur le fossé qui existe entre des organisations où personne n’est payé (ou très mal), et quelques institutions (souvent publiques et nationales) où une rationalisation du fonctionnement permettrait de gagner des marges de manœuvres (pour par exemple financer les premières). Vu de chez moi, le milieu de la culture a l’air organisé en castes : après avoir fait ses preuves dans la précarité la plus totale, on accède aux sacro-saintes subventions, et oubliant les principes de bonnes gestion qui permettaient de survivre au départ, on se dépêche de faire en sorte que personne n’émerge trop de peur qu’il vienne grignoter la “sub”. Espérons que le Off ne suive pas cette voie là.

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Commentaires

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  1. <a href=Prisca" src="https://secure.gravatar.com/avatar/?s=96&d=mm&r=g" class="avatar avatar-50 photo" width="50" height="50"> Prisca

    J’aime bien ton analyse.
    Quelques ajouts : avec un budget de 450 000€ le Off arrive à l’équilibre, avec un léger bénéfice même, avec 67% de fonds privés, 33% de fonds publics ET un appui énorme de bénévoles…
    Je pense donc qu’il faudrait pouvoir quantifier le nombre d’heure non payées (je ne parle pas du noyau dur de l’équipe exclusivement mais de tous les bénévoles qui ont participé à cette aventure) pour estimer le budget réel de l’opération, parce que le travail a une valeur.
    Effectivement, la questions des retombées sur le territoire mérite aussi d’être posée : les retombées économiques d’une part, mais aussi de valorisation d’artistes locaux qui sont nombreux et qui auraient pu, à mon sens, être d’avantage mis en valeur par le Off.
    Enfin, je souligne qu’un positionnement en “Off” implique d’accepter le fait qu’il y a succès de l’opération (et participation au financement) du fait qu’il y ait un “In”.
    “Cela m’amène à une autre question : les acteurs du secteurs privés ont-il eut suffisamment de retombées positives sur leur image pour renouveler l’opération ? On verra en 3013 si les mêmes mécènes renouvellent l’opération, à même hauteur de financement, ou/et si d’autres tenteront l’expérience.
    C’est cool que 3013 soit au programme : affaire à suivre, donc !

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    • <a href=lagachon" src="https://secure.gravatar.com/avatar/?s=96&d=mm&r=g" class="avatar avatar-50 photo" width="50" height="50"> lagachon

      Le travail a une valeur, effectivement, d’où mon second point : on ne peut pas souhaiter la généralisation de ce modèle qui base son succès sur une certaine précarité (très très merkellien décidément). Le Off c’est un peu l’Allemagne de Marseille !
      Globalement d’accord avec toi et content que tu aies commenté. A bientôt 🙂

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  2. <a href=Flo'" src="https://secure.gravatar.com/avatar/?s=96&d=mm&r=g" class="avatar avatar-50 photo" width="50" height="50"> Flo'

    Pourquoi “Globalement d’accord” et pas simplement “d’accord” ?

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    • <a href=lagachon" src="https://secure.gravatar.com/avatar/?s=96&d=mm&r=g" class="avatar avatar-50 photo" width="50" height="50"> lagachon

      parce que j’ai du mal à être catégorique, je souffre de modérite.

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