Dans la peau d’un bénévOFF, ou comment j’ai tiré des bières au J1
En début d’année j’avais infiltre les bénévoles de MP2013 et participé à une mission pour l’inauguration du Pavillon M, mission que j’ai racontée sur Marsactu. Jaloux, le Off m’a proposé d’intégrer un de leurs évènements. Il y a eu une première tentative avortée avec le Festival du Film Chiant, et puis finalement, vendredi dernier au J1, j’ai pu accomplir ma mission de bénévOFFlat. Vous m’avez peut-être croisé derrière la tireuse à bières ou bar à vins… Voilà comment on vit une soirée du Off en backstage.
Tout commence par un rendez-vous manqué : « Je peux te mettre sur le Chiant ? », j’aurais pu écrire ce billet en début d’année. Si tout s’était passé comme prévu, j’aurais du tenir le bar dans le Temple Protestant pour la grande soirée-concert du Festival International du Film Chiant. Et puis on avait été annulé la veille dans des circonstances qui m’avaient un peu refroidi, j’avais enterré l’idée d’être bénévole pour le Off.
Et puis, dernièrement, Stéphane nous a proposé (Nico et moi) de passer derrière le bar pour la soirée au J1 du 15 novembre. RDV sur place avant 19h, j’arrive à l’heure, je prends mon bracelet, tout m’a l’air bien organisé. “Bonjour, salut, voilà, j’ai posé mes affaires au vestiaire, je fais quoi ?” Je m’attendais franchement à ce qu’on me ballade à la recherche d’un responsable dans une armée mexicaine. Pas du tout : il y a une responsable des bénévoles qui te présente à la responsable du bar.
Impressionné je suis !
Mais c’est pas fini ! Non seulement on a une « chef » mais elle nous briefe avant l’ouverture des portes ! Truc de fou ! On est réuni en rond, elle attribue une place à chacun, qui à la tireuse à bière, qui derrière pour le réapprovisionnement, qui pour gérer les déchets, qui au vin… J’ai l’impression d’être à McDo ou en OpEx. « Qui ne sait pas tirer de bière ? » et hop elle montre. L’expérience Yes We Camp ? Une manifestation supplémentaire de leur gestion « germanique » ? Le Off est passé maître en encadrement des bénévoles…
On a même signé une convention de bénévolat… Je vous promets, une association marseillaise qui fait signer une convention de bénévolat ! C’est une rupture de civilisation ce truc ! « convention, association, signer, Marseille »… trop de mots qui ne vont pas ensemble ! On a même droit à deux cadeaux : un ticket de catering et 6 gastons pour boire.
A ce stade, je suis choqué !
Bon, autant vous dire que je n’ai pas utilisé mes gastons… Attends, Off ou pas Off, tu me mets pas derrière le bar en pensant que je vais jouer à la marchande avec moi-même et m’encaisser les verres que je prends ! Désolé les amis, j’avoue que j’ai bu à l’œil ! Mais pas trop si j’en juge par ma tronche le lendemain.
Et en plus, j’ai bien mangé les lasagnes et le brownie. Et là, j’aimerais souligner la classe du Off qui nourrit (bien) ses bénévoles conventionnés alors que la Mairie nous avait laissé sans un verre d’eau ni un sandwich pendant une journée entière au Pavillon M. Ici en plus, on se fait servir et on a droit à des verres à pied ! (Et oui Nico, j’adore ça !).
20h : laissez entrer la foule !
Une soirée derrière le bar, c’est pas du tout pareil ! D’abord on entend la musique mais on l’écoute pas vraiment. On se fait aussi plein d’amis, on entend des histoires formidables… « Eh, tu veux des ragots sur lui / sur elle ? »… On se rend compte à quel point on peut être désagréable en tant que client, on fait aussi beaucoup de pédagogie « il y a un euro… heu… un gaston de consigne pour le verre »… « c’est quoi le gaston ? Ah… alors, c’est pas compliqué, c’est des jetons que vous pouvez acheter à côté du vestiaire ».
« A côté du vestiaire »
C’est le mot que j’ai le plus dit de la soirée, le tout accompagné d’un bras qui se lève vers la droite pour indiquer l’endroit, et du plus grand sourire possible (c’est mon côté serveur américain).
Messages aux organisateurs pour les prochains évènements : mettez la gastonnette à l’entrée avec des grandes affiches, parce que les gens sont des saoulards (moi le premier), ils se foutent du vestiaire, se jettent sur le bar dès l’entrée et veulent « à booiiiiiire ! ». Et c’est pas facile d’expliquer la gastonnette, le jeton, tout ça, il y a des gens que ça exaspère et nous ça nous fait perdre du temps.
Autre cas de figure au bar à vin : « somment ça ya pas de bière ici ! Ho je vais devenir fou ! J’ai attendu 1h dehors, là on me dit de venir ici, et vous me dites d’aller là-bas ? Ho ! », « J’ai cru qu’il allait t’exploser la tête contre le mur ! » m’a dit une copine juste après. Le monsieur était pas content, pas sympa et je me suis dit qu’un T-shirt avec écrit « bénévole » en gros dessus, c’est moche mais ça peut servir à calmer les plus virulents. Et ça, la Mairie l’a bien compris, au Pavillon M ils envoyaient les bénévoles pour les tâches les plus délicates.
Et puis il y a ce boulet aux relents vaguement anar qui refuse le principe du gaston « Moi je veux pas payer en Gastons… C’est illégal, vous avez pas le droit de refuser mes euros… Alors quoi, je suis obligé d’aller acheter tes trucs là… d’arborer ton logo là… de rentrer dans la secte… parce que c’est une secte ! »… Sourire, toujours, se demander ce qu’il fout là, pouffer en le voyant se dandiner sur la piste 1h après et se demander combien de bières pour diluer des convictions ?
Et la soirée avance
Je croise mon ancienne prof de provençal « tu vas encore à l’Oustau ?», plein de copains qui lancent des « mais qu’est-ce que tu fous là ? » amusés, le gratin médiatique marseillais qui a fait son possible pour que le bar à vin tienne droit, merci les gars !
Plus les gens boivent, plus ils sont sympas… et les conversations sont un peu plus décousues au bar. Et il y a ceux qui reviennent tellement qu’on se demande pourquoi ils prennent la peine de partir entre deux verres qu’on remplit… Certains sont lucides « Eh oui, c’est encore moi… Tu me remets un fond de vin blanc ? », et d’autres inventent des histoires pour avoir un truc gratuit « Tu vas pas me croire mais j’ai renversé mon vin blanc…encore ! »
“Si on est étranger on a droit à plus de vin ?
-T’es d’où ?
– Syrien
– Ouh la, c’est pas facile syrien… je te rajoute 5cl !”
1h30 : je me fais draguer ! Ah ben enfin ! On est pas censé se faire allumer toutes les 5 minutes quand occupe cette position de pouvoir toute symbolique derrière le comptoir ? Je suis juste déçu qu’il ait fallu attendre 1h30 du matin pour que ça arrive ! Combien de bières pour me rendre dragable ?
On ferme le bar, c’est terminé ! Normalement, on aurait dû prendre une pause et terminer la soirée à la gastonette… Finalement on prend un dernier verre et on se casse, les limites du modèle germanique façon Off. Devant la porte des groupes discutent, j’ai l’impression de connaître tout le monde, je discute avec quelqu’un qui est le Directeur de Cabinet d’une mairie de secteur, mais vu l’heure, pas facile de se sentir concerné par la politique.
Plus de tram, reste les pieds… « Ou le vélo ! », eh oui, on se souvient qu’on est en 2013, que Marseille a mis un pied dans la modernité et que les vélos sont disponibles après minuit. Un mec du groupe confie sa joie : « non mais la première fois que j’ai pu en prendre après minuit, oh, j’ai bandé ! ». Sans m’émouvoir autant, j’en enfourche un direction Longchamp, l’occasion d’éliminer le vin et de commencer à penser à ce billet.
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