Comment s’engager pour les Municipales ?

Les élections municipales approchent, avec elles leur lot de sondages, de promesses, de visites d’élus “in real life”, de phrases chocs, de frayeurs, de chiffres contradictoires et de principes démocratiques. Certaines élections soulèvent l’espoir et les passions, je pense à celles de 2008 aux États-Unis, ou celles de 2007 en France, d’autres, comme celles qui s’annoncent à Marseille l’année prochaine m’ont plutôt l’air d’être des occasions manquées d’avance. Et je me pose, face à cette situation, la question de l’engagement : pourquoi et comment s’engager pour les Municipales en 2014 ?

Ces élections qui approchent inexorablement me laissent sur ma faim… Trop tôt, trop tard, trop mal, j’ai l’impression que nous n’avons rien à gagner à voter dans 5 mois, voire même tout à perdre. Pourtant, bercé par les cours d’éducation civique et l’exemple d’un grand oncle maire de son village pendant 36 ans (Defferre-style), je ne peux me résoudre à dire “me’n garci”. Oui mais que faire ?

S’engager pour Gaudin reviendrait à considérer que le boulot a bien été fait ces 18 dernières années, à passer l’éponge sur le creusement des inégalités Nord / Sud, à accepter la plus-belle-la-visation de Marseille, à redemander de cette gestion court-termiste qui refuse la confrontation avec FO, utilise le tram pour rénover le centre-ville et impose un couvre-feu de fait via la RTM et les CIQ. D’autres personnalités de droite auraient peut-être pu incarner la vision d’un nouveau Marseille, car il s’agit franchement de tout remettre à plat, mais le goût du statu-quo les aura mené à ne rien changer, jusqu’à leur candidat. Je refuse de croire que la seule politique de droite possible à Marseille est du gaudinisme mou : la confrontation avec FO, la recherche de rentabilité dans les transports à travers le développement des bus, un activisme économique qui cherche le long-terme, la réduction des emplois publics… c’est de droite et ça mériterait d’être mis dans les débats ! (Je ne dis pas que je suis nécessairement pour toutes ces mesures, je dis juste qu’elles sont absentes de la droite-Gaudin).

Alors s’engager pour Mennucci ? Mais quid des compromis que le candidat commence à faire avec le système Guérini ? Je pense qu’il n’a pas le choix de s’allier avec des dinosaures du gérinisme (en étant lui-même un) s’il veut gagner. Mais je pense aussi qu’il vaut mieux parfois prendre le risque de perdre dans la dignité pour éventuellement reconstruire quelque chose de sain après, plutôt que de chercher à gagner à n’importe quel prix. Je m’interroge également sur les tas de promesses dont je sais d’avance qu’elles sont irréalisables (un quartier sur les voies de St-Charles, le métro Catalans-Belle de Mai par exemple). Sommes-nous si bêtes qu’il faille autant nous mentir ? Et tout ça pour quand ? 2030 ? De la même manière, de vraies primaires avec de nouvelles têtes auraient peut-être permis de voir émerger un candidat de gauche (à défaut d’être encarté au PS) sans lien avec ce bâton de poulailler qu’est le PS13, mais l’inertie étant ce qu’elle est, les primaires ont accouché de la seule chose possible : le compromis entre les propres et les pourris.

S’engager pour le Modem ou les Verts ? Marseille mériterait une 3e force qui puisse être un réservoir d’idées plus innovantes que les deux mastodontes, et qui tempère leur orientation à travers le jeu des alliances. Mais ça supposerait que ces mini-partis ne soient pas uniquement mis au service de la réélection de leur chef. Pour ma part je rêverais d’une troisième force politique qui allie puisse être humaniste, libérale et marseillaise. Un parti qui n’aurait pas besoin d’exister dans tout le pays, qui se concentre sur la résolution des problèmes marseillais : le port, les infrastructures, le manque d’emplois privés, le dynamisme culturel, la coopération métropolitaine…

Je n’ai une seule crainte : que Gaudin 4 ne puisse pas se faire sans l’appui du FN et qu’ils décident de gouverner ensemble. Ce gaudinisme dur, rance, violent mettrait fin au début de mouvement qui a lieu – malgré la Ville, malgré MPM et malgré le Conseil Général – grâce à MP2013 et à l’action d’associations, de la CCI et (et ça fait mal de le dire) de l’Etat (aïe). La triste perspective de 6 ans de co-gestion Gaudin-FN, c’est peut-être la seule bonne raison de quand même s’engager.

Bref, faut-il regarder le cirque passer et attendre que rien ne bouge ? S’engager à contrecœur ? Penser à 2020 et constituer dès maintenant les bases d’un mouvement capable de s’imposer à cette date ? Parce qu’avec ce qui s’annonce, quelque soit le gagnant, il y aura sans doutes une envie de changement décuplée d’ici les prochaines élections.