Adieu Philippe, fini l’engatse

Billet de blog
le 9 Mai 2019
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Philippe Carrese est parti brutalement ce dimanche. Écrivain, cinéaste, musicien... Ce grand monsieur savait voir le noir dans le bleu de sa ville. Il laisse une œuvre pléthorique et inachevée et une foule d'amis dans le chagrin.

Philippe Carrese, il y a quelques années, ici dans le viseur de Patrick Gherdoussi (Divergences images).
Philippe Carrese, il y a quelques années, ici dans le viseur de Patrick Gherdoussi (Divergences images).

Philippe Carrese, il y a quelques années, ici dans le viseur de Patrick Gherdoussi (Divergences images).

Putain de réseau. Tu ouvres ton téléphone et voilà que la mort te crache au visage. Quelques caractères balancés sur la toile pour dire que Philippe Carrese n’est plus. À 63 ans, l’auteur de Trois jours d’engatse et de 17 autres livres, plus ou moins noirs, en a fini avec la vie, avec sa ville et ses amis. Il y a six mois tout juste, je l’avais croisé un dimanche alors qu’il réalisait une émission pour France 3. L’œil qui pétille derrière l’écran des lunettes, la patte d’ours sur l’épaule, la gentillesse et l’ouverture aux autres, voilà ce qui persiste comme dernier souvenir.

Ces petits moments furtifs nous rattachent de loin en loin. Dans ces moments là, on se dit qu’on aura le temps pour un café, faire le point sur ses mille projets, lui le cinéaste-musicien-dessinateur-écrivain et on peut encore accoler des mots à ces tirets sans jamais parvenir à définir qui il était. Quand on lit ses livres, on peut sans trop de peine le projeter en images, avec une musique trépidante derrière. Dessin, littérature ou cinéma tout se tient par l’oreille, la barbichette ou la plume.

Et puis le café ne vient pas et la mort passe par là.

Je l’ai connu au tout début de mes années de journalisme, qui coïncidait avec le nouveau siècle. Je faisais mes classes au Pavé, hebdomadaire foutraque, dont la rédaction logeait dans un HLM de Fonscolombes, à Saint-Lazare. Une fois par semaine, à l’heure du bouclage, Philippe y débarquait avec son sourire en coin pour se poser sur un bout de table. On y discutait d’actualité, des sujets du journal et lui, en trois mouvements, torchait ses petits bonhommes, santons reiseriens, sans jamais lever la main. Il avait l’humour grinçant, désenchanté, qui met du noir dans le bleu jusqu’à le faire virer.

On se souvient de son texte “J’ai plus envie”, paru dans Mars Mag en 2006, autre titre marseillais aux allures de comète. Un texte dont je ne partage aucune des colères mais qui lui ressemble dans sa volonté de voler dans les plumes de la bien-pensance. Par la suite, ce texte s’est propagé sur la toile, sans qu’il y soit pour grand-chose, provoquant débat, colère ou adhésion. Mais Philippe était déjà ailleurs, derrière la caméra ou le stylo-plume.

Philippe Carrese n’aimait pas les idées toutes faites, notamment celles qui collent à sa ville et ceux qui y habitent. Il détestait ces excès mais en faisait le miel de ses livres. Je ne vais pas là égrainer la liste de ses talents, de ses réalisations, de ses œuvres. Elle est incomplète. Ce coup-ci, Philippe, t’exagères.

Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Merci de ces quelques lignes.
    Carrese avait un sourire à la fois plein d ‘ironie, plein d’ humour et de tendresse.
    Un marseillais bon en tout et excellent partout.
    Quel dommage que des gens de la trempe d ‘Izzo ou de Carrese ne soient plus là.
    C’ est la vie mais quand même.

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