Adieu les containers dans le massif de la Nerthe ?

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le 13 Nov 2013
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Adieu les containers dans le massif de la Nerthe ?
Adieu les containers dans le massif de la Nerthe ?

Adieu les containers dans le massif de la Nerthe ?

Qui veut encore entreposer des containers dans les collines de la Nerthe ? Alerté par le député Henri Jibrayel, opposé au projet, le ministre de l'Écologie Philippe Martin use d'un ton circonspect dans un courrier adressé au préfet de région : "Le stockage de containers dans un milieu naturel paraît a priori inapproprié quand on considère l'importance du foncier détenu par le GPMM (grand port maritime de Marseille, ndlr) sur son site de Fos-sur-Mer". Dans cette missive datée du 26 septembre et mise en ligne il y a quelques jours par une association environnementale, il fait le tour des enjeux sur le massif, dont 5000 hectares ont été classés cet été par son ministère. A savoir, en plus des containers, "un projet de stockage de déchets inertes porté par la société Lafarge sur le site d'une ancienne carrière" et "la construction pour desservir ces deux centres d'un échangeur autoroutier".

"Je vous prie de bien vouloir me préciser les suites que vous envisagez de donner à ces dossiers", conclut Philippe Martin. Pour l'instant, la préfecture ne nous a pas précisé ce qu'il en était. Responsable foncier & environnement de Lafarge, Sébastien Haug ne se montre pas particulièrement inquiet : "Le stockage de déchets inertes, ce n'est pas un projet, nous avons une autorisation préfectorale depuis 2011, on a fait des études d'impact et l'activité est suivie par la Dreal."

"Une lettre ne suffit pas"

"Le ministre n'a pas été informé de la réalité du terrain, on aurait posé la question de la gestion du site", réagit Marie-Blanche Apercé, présidente du CIQ des Hauts de l'Estaque. Loin de crier victoire, elle estime "qu'il faut une suite, une lettre ne suffit pas. Nous attendons une rencontre avec le préfet et éventuellement une visite du ministre". En particulier, les riverains et associations environnementales sont mobilisés autour du comblement d'un lac avec des gravats, dont les premières opérations ont débuté. Pas convaincu par le courrier de Philippe Martin, le président de l'association Fare Sud Jean Gonella a relancé le préfet pour obtenir des études complémentaires à ce sujet.

À Lafarge, Sébastien Haug ne voit pas ce qui pourrait remettre en cause son activité, pas plus que le projet de desserte routière depuis l'A55, via la création d'un échangeur au Jas de Rhodes. "Compte tenu des différentes protections, elle n'est pas du tout destinée à ouvrir la voie à une urbanisation", justifie-t-il. Mais derrière la crainte d'un mitage par des lotissements voire des projets immobiliers plus importants, un afflux de véhicules n'est pas à exclure. Le plan local d'urbanisme aligne ainsi dans ce secteur littoral des plate-forme d'activités économique aux Riaux, un pôle aquatique, une extension de la plage de Corbières, un centre de la mer…

Lafarge ne veut pas des containers

"La gêne qu'y voit tout le monde, c'est cette porte ouverte aux containers", estime Sébastien Haug. Soucieuse sans doute de rassurer pour donner toutes ses chances à la bretelle routière, la société semble peu disposée à accueillir les boîtes sur ses terrains : "Ce n'est pas notre projet et en ce qui nous concerne, il n'y a pas de co-activité possible." La question revient donc : qui soutient encore le projet ? Pas le député Henri Jibrayel, ni la sénatrice-maire du 15/16 Samia Ghali. Même le candidat socialiste à la mairie Patrick Mennucci, dont le programme parlait d'"ouvrir La Nerthe à la containérisation", a appuyé sur le frein pendant la campagne des primaires.

Reste la mairie de Marseille, cheville ouvrière du Plan local d'urbanisme (PLU), où le projet figure en toutes lettres et sur une carte. Ainsi que l'analyse posée dans la charte Ville-port, signée par toutes les collectivités où l'on trouve le projet ainsi résumé : "Les seuls endroits relativement proches qui paraissent susceptibles de les accueillir sont d’anciens carreaux de carrière dans l’espace naturel sensible du massif de la Nerthe". À moins de contredire cette affirmation en trouvant d'autres terrains, l'abandon du projet poserait une nouvelle fois la question de la vocation industrielle des bassins Est. La charte Ville-port prévoit de conserver une activité de containers à partir de la zone de Mourepiane. Pour cela, le port a besoin de site de stockage de containers à proximité de ses bassins. Mais où ? Philippe Martin esquisse une réponse en évoquant "l'importance du foncier détenu par le GPMM sur son site de Fos-sur-Mer". Pas sûr que tout le monde partage ce point de vue.

Le courrier du ministre de l'écologie Philippe Martin au Préfet Michel Cadot :

 

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Le ministre ne paraît pas très au fait de la situation marseillaise et du partage des activités portuaires entre les bassins Est et Ouest. On a surtout besoin d’emplois à Marseille et l’activité portuaire en est une des sources.

    Un coup tordu de Henri Jibrayel ?

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  2. choukran choukran

    Comme toujours, la machine à s’empoigner fonctionne…
    Les écolos et les journalistes montrent de belles photos absolument pas représentatives des lieux (carrières Lafarge, accès depuis l’A55, lac de fond de carrièe…)pour indigner les foules
    Les politico-clientélistes s’alignent.
    Le Ministre raconte n’importe quoi avec les réserves du GPMM sur Fos (les transports de conteneurs vides depuis les bassins-est seraient du meilleur effet écologique autant qu’économique…)
    Les mêmes activistes devraient se soucier d’une espèce en voie de disparition: l’emploi des hommes et des femmes.
    En fait, pour qui s’est rendu sur le site, il est évident que le charroi des camions depuis les Pennes est une absurdité alors qu’un accès direct depuis l’A55 permettrait de circonscrire les nuisances et de redonner aux flancs nord leur quiétude de jadis. Il est tout aussi évident qu’une petite étude, avec procédure contradictoire publique, précisant les emprises possibles de stockage de conteneurs sans aggraver l’impact sur des paysages déjà marqués par les carrières, permettrait de couper court aux annonces démagogiques si faciles par les temps qui courent, sans renoncer à protéger la Nerthe sur les milliers d’Ha qui en valent vraiment la peine

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  3. Marius Marius

    Il reste des friches industrielles non loin du port.

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