Activités périscolaires : le compte n’y est pas encore

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le 28 Nov 2014
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Activités périscolaires : le compte n’y est pas encore
Activités périscolaires : le compte n’y est pas encore

Activités périscolaires : le compte n’y est pas encore

Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, la Ville de Marseille est passé à la vitesse accélérée dans la mise en place des temps d’activités périscolaires (TAP), les vendredis après-midi. “Depuis ce vendredi [28 novembre,ndlr], nous en sommes à 273 sur les 445 que comptent la ville”, constate Danièle Casanova, l’adjointe à l’éducation qui fait le point tous les jeudis sur l’avancée des TAP dans les écoles dont elle a la charge. Piquée au vif par le jugement du tribunal administratif à ce sujet, la Ville ne va pas attendre l’issue de son appel devant le conseil d’Etat qui n’arrivera pas en audience avant plusieurs mois. Mais cette montée en charge rapide ne fait pas que des heureux.

Il y a dix jours, lors de l’installation d’un groupe de suivi et d’évaluation de l’expérimentation à Marseille, le recteur d’académie, Ali Saïb a déjà formulé un certain nombre de recommandations. En effet, en choisissant de cumuler ces activités sur la seule après-midi du vendredi, la Ville agit dans un cadre expérimental. La poursuite de cette expérience est suspendue à un certain nombre de conditions. Et la réponse aux recommandations du recteur entrent bien entendu dans ce champ.

Un projet éducatif… externalisé

La première de ces conditions est la création d’un projet éducatif territorial ou PEDT. Celui-ci doit permettre de continuer de bénéficier des financements de l’Etat et également de ceux de la Caisse d’allocations familiales qui en est signataire. Le recteur a été très ferme dans ses propos :

J’ai demandé à la mairie d’être pilote, chef de file, organisatrice d’un projet éducatif territorial dont la réflexion doit être initiée dans les prochains jours, les prochaines semaines, de manière à avoir un PEDT opérationnel pour la rentrée 2015

La Ville a pris acte de cette nécessité. Un courrier de la ministre de l’éducation Najet Vallaud-Belkacem est arrivé cette semaine pour confirmer que le financement de la rentrée de 2015 était suspendu à la mise en oeuvre de ce document. Mais Danièle Casanova renvoie déjà à la rentrée de janvier sa mise en oeuvre. “L’audit commandé à KPMG avait pour but d’avoir un tableau général des équipements publics et des associations actives dans chaque arrondissement. Mais, depuis juillet, nous avons la tête dans le guidon et cette réflexion a été mise de côté.” De toute façon, l’adjointe aux écoles estime ne pas avoir les moyens en interne de réaliser un tel document : “Un PEDT pour une ville de la taille de Marseille, c’est un travail énorme. Nous allons donc confier cette tâche à un cabinet extérieur.” Après les 200 000 euros de l’étude confiée à KPMG, cela fait tout de même beaucoup d’argent dépensé…

Mieux communiquer sur les TAP

En dehors de ces questions très institutionnelles, Ali Saïb a formulé des recommandations plus concrètes sur la mise en oeuvre des TAP dès aujourd’hui. Il a ainsi insisté sur la nécessité de mieux communiquer avec les parents sur les activités périscolaires. “Je ne vais pas écrire aux parents des 74 600 élèves, s’étonne-t-elle. En revanche, ceux-ci peuvent consulter le site internet de la Ville qui est mis à jour chaque semaine. Je fais également passer des informations aux directeurs d’école via la sacoche interne. Enfin, après les élections des représentants des parents d’élèves, je reçoit les représentants des fédérations une fois par an en novembre.” Il n’est pas certain que cette réponse satisfasse pleinement les attentes du recteur.

Dans les écoles, la communication est réduite au minimum. Le référent “Ville” est loin d’avoir été identifié dans celles qui bénéficient des TAP. Les parents d’élèves doivent donc s’adresser… au responsable de la cantine. “C’est le personnel municipal le plus haut gradé dans chaque école”, justifie l’adjointe qui maintient par ailleurs que les animateurs comme les référents ont vocation à devenir les interfaces avec les parents.

Du côté des parents, les collectifs constituées depuis la rentrée contestent fortement et dans le détail la manière dont les fameuses activités sont mises en œuvre. Leurs critiques rejoignent celles du recteur quand ils distinguent les TAP de simples garderies. En effet, pour les parents d’élèves qui disent avoir recueilli près de 350 témoignages, sur 72 écoles censées être passées en mode périscolaire, “12 proposaient des TAP, 35 proposaient des garderies, deux n’avaient aucune prise en charge et pour 28 d’entre elles, du fait du manque de communication, les parents sont incapables nous indiquer ce qui a été proposé à leurs enfants”, écrivent-ils dans un dossier remis à la presse. “La qualité des activités périscolaires doit être à la hauteur de ce qu’attendent les familles. Les garderies ne sont pas des activités périscolaires”, avait pour sa part déclaré le recteur.

Des BAFA encore à venir

Ce jugement sévère ne démonte pas Danièle Casanova qui admet une montée en puissance progressive : “Les parents ne peuvent pas attendre le même contenu pédagogique que de la part de professeurs à Bac + 5. Et puis c’est compliqué de mettre en oeuvre des activités culturelles ou artistiques alors que les activités sont cantonnées dans les seules cours de récréation. C’est la même chose pour le matériel. Dans la plupart des cas, les animateurs n’ont même pas une salle où ranger leur matériel durant la semaine.” Elles espèrent que ces derniers seront peu à peu intégrés aux écoles et considérés “comme des partenaires éducatifs”. Concernant leur formation, elle accrédite un des reproches formulés par les parents qui décrivent des jeunes gens parfois sans diplômes, embauchés à la va-vite. “Certains ont le BAFA et d’autres ont la possibilité de le passer en interne au cours de l’année”, explique-t-elle.

Mais, pour ce faire, il faut encore qu’ils aient tenu le choc face à 14 élèves de maternelle ou 18 en élémentaire et “malheureusement, c’est parfois plus parce que les parents laissent leurs enfants sans prévenir”. Pour parvenir à fidéliser ces animateurs, la Ville a décidé d’accroître leur temps de travail en leur proposant de prendre en charge les temps récréatifs de restauration pour proposer aux enfants des ateliers entre midi et deux le reste de la semaine. “Nous réfléchissons également à la possibilité que ce soit eux qui fassent la garderie le matin et le soir pour qu’ils arrivent à avoir au moins 700 euros de salaire mensuel.” Petite différence, ces garderies du soir et du matin seront payées par les parents.

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Commentaires

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  1. mp mp

    Les directeurs et directrices d’école ont tous des idées sur le sujet, il y a deux ans qu’on aurait du les solliciter, les idées ne viennent pas toujours d’en haut mais du terrain.Une fois de plus les services de notre ville sont incompétents et ridicules.

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  2. Electeur du 8e Electeur du 8e

    “Un PEDT pour une ville de la taille de Marseille, c’est un travail énorme.” Ben oui, c’est même pour ça qu’il aurait fallu s’y prendre à temps : la circulaire qui en précise la définition date du… 20 mars 2013.

    Petit extrait : “Ce projet relève, à l’initiative de la collectivité territoriale compétente, d’une démarche partenariale avec les services de l’État concernés et l’ensemble des acteurs éducatifs locaux. À l’occasion
    de la nouvelle organisation du temps scolaire qui se met en place dans les écoles primaires à compter de la rentrée 2013, cette démarche doit favoriser l’élaboration d’une offre nouvelle d’activités périscolaires, voire extrascolaires, ou permettre une meilleure mise en cohérence de
    l’offre existante, dans l’intérêt de l’enfant.”

    Ah oui, “dans l’intérêt de l’enfant” : c’est sans doute pour ça que nos chers élus municipaux n’y ont vu aucune priorité.

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  3. sepia sepia

    “d’élèves, je reçoit les représentants des fédérations une fois par an en novembre.”

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  4. Delair Delair

    De toute façon à part leur intérêt personnel je vois pas ce que ces zélus défendent.

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  5. Céhère Céhère

    Dans les stations de métro, il y a des pubs de l’IFAC, l’organisme qui a obtenu la plupart des marchés pour ces activités périscolaires (et qui est une association créée par André Santini et Charles Pasqua en 1975, pour la petite histoire, que l’on retrouve donc sans trop de surprise dans des villes de droite), pubs qui indiquent “quel que soit votre profil venez partager votre motivation au service des enfants de la ville” ou un truc du genre. Ça sent la compétence à plein nez tout ça.
    On est fin novembre 2014…

    Et sur le fond, avoir tout regroupé le vendredi après-midi est contraire à l’esprit de la loi et n’a aucun intérêt pédagogique ou pour ce qui est des rythmes scolaires et de la fameuse “chronobiologie”.
    Encore une année de perdue pour les enfants de Marseille.

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  6. Philippe Philippe

    Moi je l’ai passé le BAFA et je peux vous dire que ce n’est pas rien en terme de connaissances (notamment sur la sécurité), ce n’est pas un diplôme gadget !

    Confier des enfants parfois en très bas âge à des jeunes gens qui ne l’ont pas, c’est les exposer à des risques… Auront-ils les bons réflexes en cas d’accident ?
    Sans parler de la capacité à organiser une animation, qui ne tombe pas du ciel elle non plus…
    Mais enfin tant qu’on rend les enfants en bonne santé le vendredi soir, même épuisés par leur semaine, même n’ayant rien fait d’intéressant, j’imagine que les parents électeurs de Gaudin (et les abstentionnistes) s’en contentent, tant mieux pour eux.

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