À quoi sert un commissaire au redressement productif ?

À quoi sert un commissaire au redressement productif ?

Mardi matin, le préfet de région Hugues Parant avait convié la presse locale sous les lambris dorés – qui commencent de plus en plus à se fissurer – de sa préfecture pour présenter Roger Reuter, le nouveau missi dominici d'Arnaud Montebourg dans la région. Celui qui était il y a encore quelques semaines sous-préfet d'Istres, vient en effet d'être nommé commissaire au redressement productif pour la Région Paca par le ministre bourguignon. "Sur ma proposition" a tout de suite souhaité nous préciser notre martial préfet de région, histoire de bien montrer qui reste le patron ici. Et au cas où on aurait pas bien compris, il en a remis rapidement une petite couche :

Dans notre région, nous avons un système de détection et d'aides aux entreprises déjà très performant […] comme la Comace, comité regional de l'action économique, qui réunit tous les mois les représentants de l'État sur ces sujets et les banquiers régionaux, mais aussi les 18 Elise (équipes locales de soutien inter-services aux entreprises locales) réparties dans toute la région que je réunis une fois par mois par visio-conférence et où siègent les sous-préfets, la Direccte Paca (direction de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi), la banque de France, Oséo et la Caisse des dépots

Bon, bon, bon. Du coup, notre nouveau commissaire, "chez nous, il va  devoir s'intégrer, on n'est pas ici comme en Aquitaine où dans les Pays de la Loire", a continué pas vraiment bon camarade, la Préfet Parant.

Après cette petite explication de texte, Hugues Parant nous a expliqué les missions de son commissaire, qui doit évidemment s'intéresser aux entreprises "en difficulté avérée", mais aussi, plus compliqué, à celles qui sont en "difficulté potentielle". Comment ? "En mettant en place un système de détection", nous ont répondu les deux haut-fonctionnaires, "en s'appuyant par exemple sur les réseaux de commissaires aux comptes ou d'experts-comptables". Et en garantissant au chef d'entreprise qui viendrait faire part de ses problèmes une "confidentialité absolue".

Fralib géré à Paris

L'idée est d'intervenir avant les tribunaux de commerce, car "seulement environ 15% des entreprises survivent à un dépôt de bilan", a ajouté Roger Reuter. Pour cette mission, qu'il a semble-t-il acceptée, "double R" pourra activer tous les leviers publics possibles : négocier les problèmes de trésorerie avec le médiateur de crédit , dealer les dettes sociales et fiscales avec l'Urssaf et les impôts, mais aussi faire appel aux moyens de son ministère de tutelle, ou déclencher des audits. Roger Reuter, comme ses 21 autres camarades commissaires devra reporter toute les semaines au cabinet du ministre.

Compte tenu des gros orages sociaux qui s'annoncent en France en général et dans notre région en particulier, et même si, comme nous l'a bien fait comprendre le préfet, ça roule plutôt bien  ici, "notre région est une grande région industrielle avec Thalès, Eurocopter, ST Microelectronics qui sont aussi de l'industrie même si elles n'ont pas de cheminées qui fument", le nouveau commissaire risque d'avoir un peu de travail dans les semaines qui viennent. Mais quand nous l'avons interrogé sur Fralib et Lyondellbasell – on était un peu venu pour ça – Hugues Parant nous a répondu assez curieusement que ces 2 dossiers étaient "directement gérés par le Ministre".

Aux dernières nouvelles et renseignements pris, Boris Vallaud, le conseiller d'Arnaud Montebourg, en charge de Fralib aurait quelques solutions nouvelles pour la reprise de l'usine de Gémenos, que pourraient venir présenter son patron vers la mi-juillet. De son côté, l'autre conseiller Christophe Bejach qui gère lui le dossier Lyondellbassell serait toujours en chasse d'un investisseur pour la raffinerie de Berre-l'Etang. On souhaite en tout cas bienvenue et bon courage à Roger Reuter.