À Marseille, plusieurs écoles pourraient rester fermées malgré la volonté de la mairie
Avec un protocole gouvernemental très difficile à mettre en place et son retard chronique sur les écoles, la Ville de Marseille est face à une simili-rentrée très compliquée. Des enseignants annoncent déjà qu'ils n'accueilleront pas les élèves.
À Marseille, plusieurs écoles pourraient rester fermées malgré la volonté de la mairie
“Vous comprendrez que ce protocole est inapplicable et par conséquent nous ne pourrons pas accueillir les élèves et dans des conditions d’hygiène adéquates.” Dans un long message consulté par Marsactu, l’équipe enseignante annonce que l’école maternelle des Bergers, dans le 6e, n’ouvrira pas le 12 mai. Joint à ce mail, le protocole de déconfinement scolaire de 63 pages doit faire office de preuve de l’impossible adaptation du quotidien scolaire. Plusieurs points sont jugés particulièrement difficile par l’équipe de cette école du 6e arrondissement de Marseille : l’impossibilité de partager jouets et matériel, la suppression des jeux dans la cour de récréation, l’interdiction pour le personnel de s’approcher à moins d’un mètre d’un enfant…
D’autres établissements devraient aussi rester fermés comme l’école de la Busserine (14e) où les enseignants estiment là encore impossible d’ouvrir les portes. Pour certains, c’est l’état des lieux qui sera également crucial. Sanitaires, points d’eau : la Ville de Marseille a certes lancé des travaux d’urgence, mais, à l’image de l’opposant socialiste Benoît Payan, beaucoup craignent que cela ne soit pas suffisant pour cette simili-rentrée. “Il est probable que des écoles ne rouvrent pas parce que le protocole sanitaire ne peut être appliqué, confirme Virginie Akliouat du syndicat Snuipp-FSU, majoritaire dans le 1er degré. Je ne peux pas dire combien puisque la plupart des enseignants est toujours en train d’étudier le protocole et rendra son avis lundi à la hiérarchie.”
“Une check-list” pour les enseignants lundi
Le directeur académique des services de l’Éducation nationale Dominique Beck confirme le schéma de décision. “Les enseignants disposent d’une check-list. Ils pourront vérifier si les points ont bien été mis en place. Dans la journée de lundi, ils pourront montrer à leur inspecteur de circonscription si des points n’ont pas été respectés et c’est cet inspecteur qui prendra la décision d’ouvrir ou non.” Pour les enseignants, en cas de divergence avec la hiérarchie, restera toujours la possibilité d’actionner le droit de retrait s’ils estiment que leur sécurité n’est pas garantie où de se mettre en grève puisqu’un préavis, “préventif” selon la FSU, a été déposé.
Pour les différents acteurs de l’école, l’incertitude est donc de mise. “La Ville de Marseille se démène mais je ne peux pas affirmer que les 470 écoles – exception faite des sept que nous maintenons fermées à Malpassé et Kallisté – seront ouvertes mardi”, résume Dominique Beck. Dans ce cas-là, les élèves devraient soit patienter le temps que l’école soit mise aux normes, soit être réaffectés dans une école qui l’est déjà. “Nous ne laisserons aucun élève dont les parents veulent qu’il retourne à l’école sur le carreau”, assure le directeur académique.
Un gros tiers des agents municipaux présents ?
À la difficulté sanitaire, s’ajoute la question des effectifs pour lesquels c’est encore flou. Alors que leur rôle sera essentiel dans la bonne marche des établissements, combien d’agents municipaux seront présents aux côtés des enseignants ? “Nous sommes en train de faire de la dentelle pour assortir le nombre d’agents municipaux au nombre d’élèves et d’enseignants”, explique l’adjointe municipale aux écoles Danièle Casanova sans s’avancer sur un nombre. “Nous avons eu une réunion avec le directeur général des services de la mairie. Sur 3000 agents, 1100 devraient pouvoir être au travail, assure Yannis Darieux, du syndicat SDU13-FSU. On aurait pu en ouvrir une partie mais c’est celle de toutes les écoles qui pose problème.” Au rectorat, Dominique Beck n’exclut pas non plus “certaines difficultés RH”. Dans ce cas, la réponse serait la même avec des élèves éventuellement ventilés dans les autres écoles de la ville.
Le maire (LR) de Marseille Jean-Claude Gaudin et son équipe soutiennent mordicus que “tout est prêt”. Alors que de Buno Gilles (DVD) à Michèle Rubirola (Printemps marseillais) les adversaires de la dauphine Martine Vassal se sont quasiment tous exprimés pour un délai supplémentaire, pour se mettre en ordre de marche. La Ville de Marseille se retrouve à nouveau face à un immense défi scolaire. Un domaine dans lequel elle a déjà montré ses lacunes à de nombreuses reprises.
Commentaires
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Gaudin et Rué sont faces à leurs incompétences.
L’adjointe est aux abonnés absents, remarquez rien ou elle c’est pareil.
Nous allons avroit droit au c’est la faute des autres, sauf que les autres c’est lui, ce qui me laisse dire que Gaudin n’est pas seul dans sa tête.
Malheureusement cette situation démontre une fois de plus que les enfants qui sont défavorisés le sont encore plus avec cette équipe.
Après FO reste FO.
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“La ville de Marseille se démène”….
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oui, “se démène” c’est le mot !! je propose :
“C’est la danse des canards
Les gamins comme les loubards
Vont danser ce gai refrain
Dans tous les coins
Ne soyez pas en retard
Car la danse des canards
C’est le tube de demain
Coin-coin, coin-coin”
et donc, l’équipe municipale est sur le pont… au taquet !!
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Le “défi scolaire”, c’est tous les jours en temps normal dans cette ville qui a eu l’honneur de voir ses écoles qualifiées de “honte de la République”. Alors en période de crise sanitaire, le défi est tel qu’on peut se demander si Gaudin est allé sur le terrain avant d’asséner que “tout est prêt”.
J’ai eu pendant près d’une décennie des enfants dans un groupe scolaire municipal pas particulièrement en mauvais état, mais où il n’y a jamais – rigoureusement jamais – eu le moindre gramme de savon dans les sanitaires. Et là, tout serait “prêt” pour que le respect de règles d’hygiène élémentaire oubliées pendant des années soit possible. Je demande à voir.
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Je suis étonné que tout le monde se focalise sur l’inapplicabilité du protocole (qui est réelle), alors que son problème, pardon de le dire, ce n’est pas son côté inapplicable, c’est sont côté inhumain. Parce que l’appliquer à la lettre revient à maltraiter les enfants (puisqu’ils sont contraints de ne pas bouger, or, un enfant bouge).
Et ce sera la même chose en septembre, pour ceux qui croient qu’en septembre tout sera différent, d’une manière quasi magique.
Ce truc va être revu car sinon c’est la mort de l’école.
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Vous avez entièrement raison. A l’école maternelle condamner les jeux de cour, enlever tous les jeux collectifs genre Legos, Kapla, cuisine et coins chambre ou déguisements; Mettre 2 enfants par table octogonale, les empêcher de faire un câlin, ne plus leur tenir la main pour les aider à faire un geste correctement… C’est à l’exact opposé de ce que l’on fait tous les jours: partager, jouer ensemble, coopérer, bouger. Toutes les enseignantes de maternelle ont le cœur serré aujourd’hui. Il y a énormément de colère aussi.
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Tarama, je sais que je suis très vieux,mais……..
Votre commentaire en première partie est tout à fait vrai. Cette municipalité n’a jamais réussi à gérer tant au plan matériel que du personnel nos écoles. À part le privé bien sûr.
Dans votre deuxième partie vous employez le terme de maltraitance à l’égard des enfants.
Dans les années 50, nous savions nous tenir à la communale et par 35 par classe. J’ai le bonheur d’avoir encore des amis de cette époque, cela fait guerre de 14, mais nous ne gardons pas de souvenir de maltraitance de cette époque. Beaucoup de choses sont changées, c’est sûr, mais si il n’est pas possible d’avoir une dizaine d’élèves attentifs un moment c’est que le problème n’est pas chez les enfants. Et franchement ce mot de maltraitance évoqué je ne le saisis pas.
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Vous avez manifestement un image de l’école qui date en effet, mais surtout qui concerne les enfants de primaire les plus âgés. Étiez-vous à l’école maternelle entre 3 ans et 6 ans? On n’y reste pas assis, il n’y a pas de bureaux individuels mais des tables collectives. A cet âge là on ne sait pas s’habiller, on apprend. On ne sait pas tenir un crayon ou un feutre,on apprend. On ne tient pas bien debout et on ne maîtrise pas bien ses gestes. Les terminaisons nerveuses ne sont pas toutes complètes et on les développe en bougeant. On ne sait pas bien parler ,on apprend en interagissant avec les autres et les adultes. On n’a pas encore de notion du temps et une heure sans maman c’est une éternité. On apprend doucement à se séparer d’elle en faisant confiance à la maîtresse et à l’ATSEM qui rassurent, câlinent, mouchent, changent les vêtements pleins de pipi ou de vomi. Voilà la réalité de la maternelle ! Les psy s’attendent à des phobies scolaires en masse. La maternelle est le 1 er contact d’un enfant avec l’école. Quelle impression vont faire aux petits ces endroits où tout est impossible?
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