À Marseille, les poubelles débordent malgré l’accord sur le temps de travail des éboueurs

Des bacs enterrés débordent dans la rue Beauvau qui mène à l'opéra de Marseille. (Photo SL)

Une fois de plus, les sacs-poubelle dégoulinent dans le centre-ville de Marseille. Depuis plusieurs jours, certains points de collecte ne semblent pas être ramassés, ordures ménagères comme tri sélectif. La maire de secteur des 1er et 7e arrondissements de Marseille, Sophie Camard (Printemps marseillais), s’est agacée de cette situation ce mercredi 3 août. Elle déplore l’absence d’explications de la métropole, qui gère la collecte des déchets, au sujet de ces dysfonctionnements. “S’il y a des engins en panne, il faut qu’ils le disent ! On ne sait jamais l’ampleur ni la durée que ça prendra“, se désole-t-elle.

Si les déchets s’entassent, selon l’élue, c’est à cause de la réorganisation des tournées des éboueurs. Un accord avait été conclu en décembre dernier entre les syndicats et la métropole, à l’issue de deux grèves successives. Depuis, pour s’aligner sur les durées de temps de travail en vigueur, les agents doivent travailler un peu plus longtemps chaque jour. Chaque camion réalise une tournée plus longue.

Une réorganisation difficile à cerner

Sophie Camard joint dans son communiqué un courrier envoyé à la métropole. Elle y explique que cette réorganisation a conduit à une baisse des effectifs dans son secteur.   “Des rues ne sont pas collectées, ou mal, et les plaintes se multiplient de toutes parts“, écrit-elle. Elle pose aussi la question de la réaffectation du personnel : “A-t-il été redéployé sur du nettoiement [les cantonniers, ndlr] ? Si oui, combien d’agents ont-ils rejoint ce service, et quel est le nombre total d’agents de nettoyage affectés à ce secteur ?“. Des questions restées, dit-elle, sans réponse à ce jour.

Questionnée sur ces poubelles débordantes par Marsactu, la métropole mentionne la présence touristique qui induit une “surproduction de déchets“. À laquelle s’ajoute, détaille-t-elle, de multiples contraintes : “pannes de véhicules de collecte latérale, gestion du personnel saisonnier, incivilités dans le respect des horaires de collecte des ordures ménagères et absence de tri, notamment de la part de certains commerçants“. Elle assure que la situation “s’améliorera rapidement“. En juillet, la métropole avait déjà dû gérer une première crise estivale, face aux restaurateurs qui refusaient de payer pour la collecte de leurs déchets. Un délai leur a été accordé jusqu’en septembre.

“La réforme a été faite trop vite”

Du côté des syndicats, on évoque des absences chez les agents, “10% des effectifs“, selon Christophe Péllissier, secrétaire général de l’UNSA. Présent à 4 heures du matin sur un secteur de collecte, il témoigne d’un climat délétère. “La réforme a été faite trop vite, ça va péter”, s’inquiète-t-il. Les cycles de travail, qui devaient être renégociés en parallèle, ne l’ont pas été et cela a créé des crispations, confirme Véronique Dolot de la CGT. “La direction fait les choses bien ailleurs, mais pas à Marseille. L’accord n’est pas complètement appliqué. Dans l’accord, ce qui était intéressant, c’était que les agents puissent choisir leurs jours de repos“, développe-t-elle. Yves Moraine, l’élu (LR) chargé des négociations lors de la dernière grève, promet de conclure ces discussions d’ici “à la fin de l’année”.

En attendant, Sophie Camard dit avoir informé le préfet à ce sujet. “Il est garant de la loi 3DS et je sais qu’il est très impliqué sur la bonne communication entre la Ville et la métropole“, argue-t-elle. Ce dernier a aussi la tâche d’évaluer la légalité de l’accord passé entre la métropole et les syndicats qui a instauré un temps de travail hebdomadaire de 29 heures 45 afin de prendre en compte la pénibilité. S’il venait à le remettre en question, la bombe sociale pourrait atterrir au tribunal administratif.