A Marseille, l'économie sociale et solidaire demande sa part du débat pour la présidentielle
A Marseille, l'économie sociale et solidaire demande sa part du débat pour la présidentielle
On annonçait François Bayrou, Pierre Moscovici, Jean-François Copé et Cécile Duflot. Le débat politique organisé mercredi par le Coorace (une fédération d’entreprises de l’économie sociale et solidaire) à l’occasion de son congrès aura finalement eu lieu entre Robert Rochefort (député européen) pour le Modem, Marisol Touraine (députée-présidente du conseil général d’Indre-et-Loire) pour le PS et Richard Dell’Agnola (député du Val de Marne) pour l’UMP. Seule Cécile Duflot était finalement présente, en profitant pour souligner que cela témoignait que le sujet n’était « pas annexe » pour son parti. La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts qui n’a pas non plus fait le voyage pour rien puisqu’elle en a profité pour passer sur France 3 Provence-Alpes, organiser un déjeuner de presse puis faire un tour chez les antinucléaires varois…
Les oubliés du débat politique
Une situation qui illustre en tout cas le message qu’a martelé Christophe Chevalier, président du Coorace : « les préoccupations que l’on porte et les actions que l’on produit ne sont jamais au cœur du débat politique ». Il n’y a qu’à voir les récents débats de la primaire socialiste : difficile d’y trouver les structures d’insertions par l’activité économique (SIAE), qui forment le gros des adhérents du Coorace, ou plus généralement l’économie sociale et solidaire (ESS), qui représente plus de 2 millions de salariés (10% de l’emploi salarié dans l’Hexagone). Alors avant d’entendre ce que les quatre partis politiques invités avaient à dire et proposer, ce PDG du groupe Archer, dont les chaussures Made in Romans a servi d’illustration au Nouvel Obs sur « la démondialisation en marche », a commencé par un discours très politique, doublé d’un plaidoyer pro domo accompagné de trois pistes.
« Les politiques publiques de lutte contre l’exclusion et le chômage menées depuis 25 ans ne semblent toujours pas avoir pris la mesure du poids que ceux-ci font peser sur la cohésion sociale », a-t-il entamé, estimant qu’« il n’est proposé que des ajustements qui fonctionnent toutes avec la même logique : demain, le marché, la croissance – qui semble n’avoir aucune limite – sauront résoudre ces difficultés, comme d’un coup de baguette magique ». Sans « prétendre avoir toutes les réponses à ces difficultés complexes » il souhaite « proposer d’autre modèler économiques en intégrant le développement durable comme une boussole ». Et prévient « qu’on ne s’en sortira pas si on continue à financer nos organisations sur les politiques sociales ».
Les mesures soumises au débat ? Un, « Créer un contrat permettant de cumuler des droits et sécuriser les parcours de vie », pour ne pas que la « flexibilité du travail – dont ont parfois besoin les entreprises – ne retombe pas toujours sur les plus précaires », en incluant « à la fois les temps de travail, d’orientation, formation et aussi de congés ». Deux, une « labellisation des entreprises qui font le choix de la production locale, de la démocratie dans leur organisation, d’inclure des personnes en recherche d’emploi etc. » Trois, « soutenir l’émergence de nouvelles formes de coopérations économiques locales, notamment à travers la création de pôles territoriaux », dont les premiers sont en train de se constituer sur le modèle de « pôles de compétitivité dont l’objet ne serait pas un produit (aérospatiale, recherche médicale etc.) mais le développement économique local ».
Unanimité trompeuse ?
Sans surprise, tous les élus présents ont assuré que le secteur occupait « une place éminente mais malheureusement pas assez visible » (UMP), représentait « un modèle de société qui fait de l’économie le seul centre de gravité » (PS), qu’il était « porteur des valeurs et des pistes sur lesquelles nous devons bâtir notre économie (solidarité globale par opposition à l’individualisme et les inégalités de revenus, territorialisation quand pour pouvoir toujours plus consommer nous faisons appel à des productions du bout du monde » (Modem) ou de ne pas avoir « la concurrence partout comme valeur supérieure » et de « faire de la question de l’emploi, de la valeur travail le ciment de la société » (EELV).
Mais, comme l’a noté Robert Rochefort, « dans les manifestations comme celles-là, les partis envoient des gens porteurs de sensibilité sur le sujet ». Pas faux : Marisol Touraine est secrétaire nationale du PS aux affaires sociales et Richard Dell’Agnola de l’ESS pour l’UMP… « La question n’est donc pas de savoir si nous sommes personnellement d’accord, mais si dans nos partis comment chacun on arrive à faire avancer ces idées et quelle priorité ils leurs donnent ».
Et de s’appuyer sur une remarque de Christophe Chevalier sur le différentiel entre le budget de l’Etat pour l’insertion par l’activité économique (400 millions d’euros) et les 3 milliards d’euros par an que coûte la baisse de la TVA pour la restauration… Le représentant de l’UMP n’a pas arrangé les choses en essayant de faire croire que le gouvernement avait augmenté le premier de 100 millions d’euros d’un coup « soit 25% » via le grand emprunt : il ne s’agit pas d’un financement annuel et cela représente une goutte d’eau dans les 35 milliards crédités, a réagi Christophe Chevalier.
Fralib et l’industrie en filigrane
On ne va pas faire le tour de la multitude de propositions et d’expériences signalées par les différents partis – leurs programmes (s’ils en parlent…) le feront en temps voulu – simplement s’arrêter sur l’une d’elles, évoquée par Richard Dell’Agnolla : « permettre aux salariés de racheter l’entreprise quand elle est en difficulté. Il faudrait créer une étape supplémentaire entre le redressement et la liquidation judiciaire. Avec quels moyens ? Avec les indemnités chômage, des moratoires sur un certain nombre de frais, de charges, de taxes qui permettrait à l’entreprise d’être pérenne ».
Forcément, on pense à Fralib et que sa majorité devrait se hâter de mettre en place ces idées… Le soutien à la reprise d’entreprise qui pourrait, pour Christophe Chevalier, être une des
activités des pôles de coopération économique locale. Le lien avec Fralib et l’économie sociale et solidaire, Cécile Duflot l’a également fait. « Il faut sortir de la vision classique de l’ESS pour l’aide aux personnes âgées et le tri sélectif. Cela peut être une piste pour changer de modèle industriel. Les fermetures d’usines sont mues par une logique de rentabilité. Mais un site ne peut pas cracher du 20% ! »
La secrétaire nationale d’EELV qui prend aussi l’exemple de la filière du papier recyclé « qui est en grande fragilité. Alors qu’on est en capacité de faire du franco-français, quelques grands groupes essayent de l’étouffer pour délocaliser et importer. La question se pose de savoir ce que l’on fait pour ces secteurs. On peut très bien imaginer l’obligation de transférer à titre gracieux le patrimoine mécanique et les bâtiments. » Pas sûr cependant que Fralib (comme d’autres), puisse attendre 2012 et la mise en place de certaines de ces propositions…
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