La guerre des clans se poursuit à l’unité d’hébergement d’urgence

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le 14 Avr 2016
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L'unité d'hébergement d'urgence de la Madrague-Ville est toujours en proie à d'importantes tensions alors que l'État s'apprête à rendre publiques les conclusions de la mission d'inspection. En interne, deux clans s'opposent toujours alors que l'association gestionnaire, AMS, s'apprête à recruter une directrice adjointe, comme le réclamaient les tutelles depuis des mois.

La guerre des clans se poursuit à l’unité d’hébergement d’urgence
La guerre des clans se poursuit à l’unité d’hébergement d’urgence

La guerre des clans se poursuit à l’unité d’hébergement d’urgence

La lettre est anonyme, simplement signée “les salariés et ex salariés de l’UHU mécontents”. Elle a été remise au directeur national de la cohésion sociale, en visite éclair à l’unité d’hébergement d’urgence le soir du 30 mars lors d’un déplacement à Marseille. Dans ce courrier – qui n’a à cette heure pas encore reçu de réponse – également envoyé à la Ville, la préfecture et l’inspection du travail, ces salariés souhaitent “faire entendre leur détresse” en détaillant une quarantaine de problèmes rencontrés à l’UHU qui en disent long sur la persistance de l’ambiance délétère qui y règne.

En septembre dernier, Marsactu avait dévoilé le drôle de fonctionnement de l’unité d’hébergement d’urgence reprise par l’association de médiation sociale (AMS) en décembre 2014. Celle-ci gère deux sites d’accueil de sans-abri à Marseille, à la Madrague-Ville et Saint-Louis. Suite aux différents articles de presse, la Ville et l’État qui financent conjointement l’UHU avaient annoncé la mise en place d’une mission d’inspection de la structure. Lancée en décembre 2015, celle-ci doit remettre ses conclusions dans les jours qui viennent. Mais, à lire les revendications d’une partie des salariés mécontents, rien n’a vraiment changé à l’UHU.

“Tentatives d’intimidation”

Ainsi les auteurs rapportent des “tentatives d’intimidation faites par la direction [de l’UHU] mais également la direction générale” d’AMS, des salariés “promus au détriment d’autres […] sans que l’offre, encore une fois, ne paraisse en interne, du moment que le salarié promu fasse partie de la famille ou des complices (sic) de Madame Carreras [coordinatrice de l’UHU dont une dizaine de membres de sa famille a été recrutée – ndlr]”. D’après de nombreuses sources concordantes, les accusations de népotisme portées par l’adjoint à l’exclusion Xavier Méry dans nos colonnes n’ont pas entamé l’influence de cette dernière au sein de la structure.

Également destinataire du mail, le président de l’association AMS Denis Belot se dit “très surpris” des informations décrites et fustige ses auteurs dans sa réponse également effectuée par mail : “Il est facile d’entreprendre une action anonyme qui nuit à l’intérêt des hébergés et au professionnalisme du personnel de l’UHU”. Il conclut son message par une menace dirigée à l’encontre du collectif : “Nous nous réservons le droit de déposer une plainte pénale pour diffamation contre X et contre toute personne qui serait à l’origine de propos diffamants.”

En attendant, depuis plusieurs mois les licenciements se multiplient. Le dernier en date secoue la structure. Ce lundi, l’infirmière de l’UHU a été reçue en entretien préalable à licenciement et informée de l’imminence de celui-ci. Il lui est reproché d’avoir laissé des médicaments à l’accueil dans des pochettes en plastique étiquetées et hermétiquement fermées, afin que les hébergés arrivant le soir, quand il n’y a plus personne à l’infirmerie, ne se retrouvent pas privés de leur traitement.

C’est le personnel accueillant qui est en charge de leur distribution. Cette initiative qui se pratique sous contrôle des médecins depuis des années à l’UHU lui est soudainement reprochée. Une source proche de l’UHU estime que ce licenciement “est une catastrophe. D’autant que la salariée donnait satisfaction aux médecins et était attachée aux hébergés”. 

Licenciement contre menaces de démission

En signe de protestation et de soutien à leur collègue, les deux médecins de la structure ont menacé de démissionner. Ils ont également manifesté leur incompréhension à la direction d’AMS, sans parvenir à la faire changer d’avis. Depuis la mise à pied de l’infirmière en début de mois, l’UHU n’a d’ailleurs plus d’infirmiers permanents. D’autres employés seraient également sur la sellette et auraient reçu des menaces verbales de licenciement. L’avenir du directeur Gilles Chalopin, dont l’isolement persiste, semble compromis au sein de la structure. S’il n’a pas souhaité nous répondre, des sources concordantes indiquent qu’il serait directement menacé de licenciement, tandis que la dizaine de proches de Aïcha Carreras seraient toujours en place. Contactée, la direction d’AMS s’est refusée tout commentaire.

Si les tutelles n’ont pas souhaité s’exprimer, elles ordonnaient, dans un courrier adressé à la direction d’AMS – que Marsactu vous dévoilait fin mars – de procéder au recrutement d’un directeur adjoint comme prévu par la convention. Une procédure que l’association s’était engagée à lancer avant fin 2015. Les tutelles enjoignaient également de revoir l’organisation interne de l’UHU en ce qui concerne la fonction exacte de la coordinatrice Aïcha Carreras mais aussi les “pouvoirs donnés” au directeur Gilles Chalopin, dont il était précisé “qu’il n'[était] pas en mesure d’exercer toutes les missions qui lui ont été déléguées”.

D’après nos informations, l’association AMS a finalement retenu une candidature et serait en passe de procéder au recrutement d’une directrice adjointe. La candidate doit cependant être reçue dans les jours qui viennent par les tutelles afin de finaliser son embauche, prévue à la fin du mois.

Au final, à quelques jours de la publication du rapport de la commission d’enquête, la marge de manœuvre de l’État comme de la Ville reste étroite. Quelles que soient les conclusions de l’enquête, elles s’inscriront dans les limites prévues par la convention signée avec l’association. Si elle est effective, l’embauche d’un ou d’une directrice adjointe répondrait à une des exigences du document contractuel. Pas sûr qu’à elle seule, elle permette le retour au calme et évite une nouvelle chasse aux sorcières.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Je serais curieux de voir combien de temps va résister la future directrice adjointe, bien entourée par la “coordinatrice” et la dizaine (sic) de membres de sa famille : nul doute qu’elle sera aussi libre d’exercer ses prérogatives que le directeur en titre…

    J’espère pour la candidate pressentie qu’elle lit vos articles : ça lui permettra peut-être de demander des garanties aux tutelles.

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