À l’Après M, l’éducation populaire pour se rassurer face au RN

Actualité
le 24 Juin 2024
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La Ligue de l'enseignement des Bouches-du-Rhône organisait dimanche une après-midi de mobilisation face au RN, à l'Après M. Au programme, des ateliers pour décrypter l'activité du RN et inciter les citoyens à aller voter. L'occasion pour les militants et le tissu associatif local de resserrer les rangs. Et de préparer l'après.

Les participants à l
Les participants à l'ateliers sur les causes et conséquences de la montée du RN devant le panneau de synthèse (Photo : GM)

Les participants à l'ateliers sur les causes et conséquences de la montée du RN devant le panneau de synthèse (Photo : GM)

Surprenant mélange ce dimanche 23 juin à l’Après M. Aux familles du coin qui partagent leurs burgers et leurs nuggets, se mêlent des pancartes dénonçant les votes des députés Rassemblement National (RN) à l’assemblée, ou d’autres invitant à se rendre aux urnes. C’est que la Ligue de l’enseignement des Bouches-du-Rhône, une des grandes fédérations d’éducation populaire, avait donné rendez-vous à partir de 14h. Dans ce fast food solidaire emblématique de Marseille, à une semaine du premier tour des législatives, des ateliers sont organisés pour sensibiliser au vote, puis pour décrypter et combattre les idées du Rassemblement national. Une soixantaine de personnes de tous les âges se succèdent dans l’après-midi entre les murs rose et bleu, caractéristiques de l’établissement, en face des cités du grand Saint-Barthélémy, Picon, Font-vert et la Busserine.

C’est Karim Touche, délégué général de la Ligue dans le département qui fait l’accueil. Assis sur un coin de table, t-shirt blanc qui rayonne au soleil et sourire au coin des lèvres, il donne le ton du rassemblement face aux militants, membres des associations et quelques badauds des quartiers alentours égarés entre cornets de frites et affiches politiques : “On n’est pas là pour dire pour qui voter. On n’est pas là pour éveiller les consciences. On est là pour faire des électeurs”. La présidente Suzanne Guilhem abonde : “On est un mouvement d’éducation populaire, on ne peut pas rester inactif. Notre premier objectif, c’est d’inciter les gens à aller voter”. Et développe : “ensuite, le deuxième objectif, c’est de favoriser l’éveil critique et de décrypter le langage du RN par des méthodes d’éducation populaire”.

(Re)mobilisation

Cette journée est aussi voulue par les organisateurs comme un moment de remobilisation, qui s’est étiolée, dans les quartiers. Isabelle Dorey, également déléguée générale de la ligue, le confesse : “même nous, on avait peut-être un peu oublié la lutte… bien qu’on soit toujours investis sur ces sujets, il faut relancer une dynamique et poser les bases d’un mouvement pour agir”. Kamel Guemari, lui, n’a pas oublié le vrai visage du RN – que beaucoup ici appellent volontiers de son ancien nom, Front National.

Avec sa longue barbe, il slalome dans le restaurant, des plateaux de café et de thé en main. Celui qui s’est battu pour créer l’Après M, à partir de la lutte sociale des anciens salariés de McDo rappelle sans détours les faits : “le RN, c’est Stéphane Ravier condamné. Le RN, c’est l’assassinat d’Ibrahim Ali. Nous devons leur faire barrage”, avant de lancer : “contre eux, c’est ni oubli, ni pardon”.

Les animations débutent avec un quiz sur les législatives à venir et le RN. La salle se prend vite au jeu, et participe via une application dont les résultats sont projetés en direct sur un écran. Dans une ambiance braillarde et bon enfant, la petite compétition se met en place. On s’invective joyeusement et on s’exclame à chaque question. “Et interdiction d’utiliser Google”, rappelle Karim Touche avec un clin d’œil. La question “Est-ce qu’un député RN a prononcé dans l’Assemblée nationale la phrase « qu’il(s) retourn(ent) en Afrique »” provoque une bronca dans l’auditoire, quand celle qui demande “À combien s’évalue le préjudice des emplois fictifs du RN au Parlement européen ?” laisse planer plus de doutes. “Mais non jure ?!”, lâche une ado quand la réponse tombe : cinq millions d’euros. Le parti à la flamme vient tout juste d’être définitivement condamné pour cette affaire de kits de campagne.

Ateliers et burgers

Après le quiz, de nombreux ateliers sont proposés dans tout le restaurant. Ils sont animés par des bénévoles de la Ligue, et proposent de réfléchir à différents thèmes comme “le RN et la démocratie” ou “le RN et l’écologie”. Plusieurs jeunes sont venus participer. Parmi eux, Aaimen Adji et son cousin, casquettes vissées sur la tête, sirotent un soda et débattent devant la “fresque participative” qui explicite les causes et les conséquences de la montée du RN.

Ce panneau compile en un schéma des étiquettes que les participants à l’atelier ont identifiées comme des éléments ayant contribué à l’ascension de l’extrême droite. “Ce qui me parle le plus sur ce tableau, c’est l’étiquette où il est marqué “injustice sociale“. Je l’ai vécue dans mon quartier, où les subventions du centre social ont été coupées. Quand j’étais petit, on avait plein d’activités. Maintenant il n’y a plus rien, et les petits préfèrent faire de la bécane ou des bêtises”, expose Aaimen. L’atelier sur le “RN et les droits des femmes” attire également beaucoup de jeunes filles. Elles s’y interrogent sur le port du voile, ou sur les allégations de Jordan Bardella, qui campait récemment dans une vidéo le rôle du défenseur de la cause féminine.

Entre les ateliers et les discussions, quelques familles mangent tranquillement leurs repas. La majorité des participants sont avant tout des convaincus. Ce rassemblement, c’est aussi l’occasion pour les acteurs associatifs locaux et les militants de gauche de se retrouver et de témoigner leur soutien. On y croise ainsi Amine Kessaci, candidat écolo du Front Populaire dans la 3e circonscription (qui comprend les 13e, 14e et un morceau du 12e arrondissement de Marseille) venu “là car ces législatives sont un rendez-vous avec l’histoire. Le RN va s’implanter comme la peste, on cherche à l’en empêcher. Il faut qu’on soit au rendez-vous”. On y croise également Ahmed Heddadi, l’adjoint (PRG) à la mairie de Marseille en charge de la vie associative, qui “ne vien(t) même pas forcément avec [son] étiquette d’élu, mais plutôt pour témoigner [sa] sympathie”, et qui enchaîne les boutades et les poignées de main. Il exhorte à poursuivre ces initiatives : “il ne faut pas que cette journée ne soit qu’une réaction, il faut continuer, toute l’année”. Une occasion de serrer les rangs face au RN, donc. Comme pour se rassurer face aux jours qui arrivent.

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Commentaires

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  1. Pussaloreille Pussaloreille

    Respect à tous ceux qui sont déjà en mode action.

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  2. Lefortier Lefortier

    Dans la deuxième circonscription (7ème et 8ème arrondissement) le rassemblement national ne se donne même pas la peine de présenter son candidat , un certain Olivier Rioult (inconnu, sans photo), dans l”enveloppe reçue du ministère de l’intérieur il y a une affiche avec Marine Le Pen et Bardella “premier ministre” et sur le bulletin de vote candidat ” Olivier Rioult”, suppléante
    ” Clémence Parodi”. Cette dernière ayant fait “le boulot de base’ dans son quartier et remerciée à la dernière minute….il pourrait y avoir de la déception….
    en plus Mr Bardella ne veut pas être premier ministre sans majorité absolue…

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  3. mrmiolito mrmiolito

    L’endroit parfait pour réfléchir au vivre ensemble et à la force d’un collectif ! Un vrai symbole d’espoir, a soutenir sans réserve.
    Et au fait en tant que fast-food, accueil sympa et on y mange toujours aussi bien (cf Ovnis Passédat, mais aussi le vegan, à découvrir)

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    • julijo julijo

      bien de votre avis. j’utilise régulièrement leur service à emporter et je ne suis jamais déçu !
      c’est un lieu de solidarité intense, ouvert et très fraternel !

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