À la Provence, "demain, c'est la fin du monde"

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le 20 Déc 2012
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À la Provence, "demain, c'est la fin du monde"
À la Provence, "demain, c'est la fin du monde"

À la Provence, "demain, c'est la fin du monde"

Dans l'allée qui mène au parking, quelques anciens salariés grillent une clope en regardant passer les journalistes de la presse locale faire les cent pas en attendant une hypothétique déclaration de Bernard Tapie. L'un deux interpelle un plumitif : "Vous attendez quoi?" L'autre répond du tac-au-tac : "Il paraît que Defferre rachète La Provence". Le salarié de La Provence fronce aussitôt le sourcil : "Y a pas à comparer. Cela n'a rien à voir. Pour nous, demain, c'est la fin du monde. Enfin, la fin du monde qu'on a connu jusqu'ici".

La dernière image de Gaston Defferre trône toujours dans le hall à quelques pas des reporters d'images collés à la porte vitrée qui mène aux ascenseurs. Ils attendent en vain puisque le nouveau cador de la presse du sud réserve ses déclarations aux journaux du groupe dont il sera bientôt le président du conseil de surveillance. Même le photographe maison qui était mandaté pour prendre une photo de l'arrivée (ou du départ) de l'homme du jour a fait chou blanc.

Entre temps, d'autres journalistes viennent prendre leur pause et, incidemment, faire une déclaration à la presse. À l'origine d'un collectif de vigilance, Laetitia Sariroglou défend la création d'une société de journalistes pour contrebalancer les rumeurs négatives qui ont couru sur La Provence. "Nous n'avons pas de jugement a priori sur l'arrivée de Bernard Tapie. Tout ce qu'on peut dire c'est que l'on va continuer à être vigilant sur ce qu'on dira à propos de notre journal et de notre travail. La société des journalistes a vocation à défendre notre charte de déontologie et le travail de la rédaction". Les statuts seront déposés dès demain avec une composition proportionnelle au poids des rédactions des trois départements couverts par le quotidien et une élection en janvier des présidents et vice-présidents.

"Préserver la ligne éditoriale et l'emploi"

Dans les couloirs des journaux, on reconnaît des qualités au futur actionnaire. "Si il a des idées sur comment mieux vendre notre canard, je lui dis bienvenue. On connaît le bonhomme. Il a ses qualités et ses défauts, tranche une journaliste. Ce qu'on peut pas lui enlever, c'est qu'il est passionné, courageux et qu'il a de l'imagination". Du côté des syndicats, on se fait plus mesuré dans l'appréciation, sans pour autant insulter l'avenir. "Moi ce qui m'intéresse, c'est demain, formule Serge Mercier, délégué du SNJ pour La Provence. Si il a un plan pour développer l'entreprise, c'est l'essentiel. On ne va pas le juger alors qu'on n'a aucune information sur ce qu'il prépare. C'est sûr qu'on a beaucoup d'interrogations depuis quelques jours. Mais nous ce qui nous intéresse, c'est d'abord de préserver la ligne éditoriale et l'emploi".

Sur ce plan le délégué syndical ne fait pas forcément confiance à une Société des journalistes qui risque de "diminuer le travail des syndicats". "Le SNJ a mis sur pied la charte de déontologie. On peut pas nous dire que nous n'avons pas le même rôle. Cela multiplie les interlocuteurs face à la direction et ce n'est pas forcément bon". Surtout face à un futur actionnaire qui n'est pas connu pour porter dans son cœur ni les journalistes, ni les syndicats.

À Nice, quelques heures avant, Bernard Tapie a déclaré dans les locaux de Nice-Matin qu'il voulait être "à 100% un patron de presse". Dans le même temps, il a promis de maintenir les effectifs dans un avenir proche et un audit en janvier. Bernard Tapie est bel et bien dans la place. 

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    j’en connait au moins deux (trossero,guilledoux) qui vont aller sur le site :prendtavalise.com !

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  2. Rustine 13 Rustine 13

    Non, ils ont découvert le syndicalisme (SNJ) qui n’existait pas et la charte de déontologie qui n’avait pas été mise en place (super les moralisateurs). Cela rappelle un peu les députés socialistes qui du haut de leurs indemnités (15 000 euros à minima par mois avec les frais) explique au bon peupla qu’il faut faire des économies : 4,30 euros mensuel d’augmentation pour le SMIG augmentation de 2,5 % d’EDF et du gaz, prime de Noël de 20 muilliards d’euros pour les patrons. Quand aux journalistes leur petite niche fiscale, ils en parlent pas trop et quand une menace pése la pression est vite mise au nom de la liberté de la presse.
    Alors quand Tapie au nom du système fric que vénèrent nos bons élus néo-socialiste et leurs amis journalistes, les piétine : MDR.

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  3. Ouvrez les yeux Ouvrez les yeux

    C est quoi la ligne éditoriale de La Provence? Si quelqu un peut m expliquer

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  4. Anonyme Anonyme

    C’est rigolo que la provence parle de deonthologie lorsqu’ils orientent le service politique emmene par guilledoux et trossero qui pietinnent la presomption d innocence de jng et qui ne parlent pas d’autres affaires que tapie mette un grand coup de balai dans cette redaction

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  5. vilou08 vilou08

    la question va être de savoir si LA PROVENCE va être la “LA PRAVDA” pro GUERINI ou un journal basique, très basique, ce qu’il est…Pourtant, avec ce qu’il se passe ici, en PACA, il y a de quoi remporter, chaque année, le prix Pulitzer!! Mais, pour cela, il faudrait un VRAI journal… La Provence ne sera pas le Washington Post, c’est sûr.

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  6. douze douze

    Pourquoi tous les malfaisants de France veulent s’accaparer de cette pauvre ville de Marseille ?
    Ma première mesure sera de ne plus acheter la Provence, j’ai d’ailleurs commencé aujourd’hui, je vais donc économiser en 2013,396 €. Mes infos je les prendrais sur internet, c’est gratuit et comme çà je n’enrichirais pas le tapie déjà bien gavé des Euros des contribuables grâce à sarkozy et lagarde.

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  7. Anonyme Anonyme

    bonjour,

    Je ne comprend pas pourquoi on liasse faire une chose aussi terrifiante.
    Devoir céder le journal qui a un monopale de fait à un escroc.
    plus personne ne se souvient des chantiels navals de la CIOTAT.

    c’est un requin et c’es tune honte pour Marseille (je comprend pas
    pourquoi Gaudin laisse faire).

    Quant aux journalistes, ils sont comme tous les autres salariés d’une entreprise, ils sont libres de la quitter (d’ailleurs il vaudrait mieux pour eux s’ils savent qu’ils n’ont aucune marge de manoeuvre et qu’ils sont cantonnés aux faits divers.
    Contrairement à ce qu’on fait croire, les marseillais ne sont pas des vendus et je vous assure que depuis que l’on sait que TAPIE sera le patron, même pas j’achète une ramette du journal même offerte.

    La Provence en ayant laissé faire ça (les journalistes auraient pu faire grève,mener leurs revendications et insister sur les idées fortes qu’ils veulent véhiculer) , car personne n’est dupe, l’argent va à l’argent et le pouvoir ça monte au cernveau lorsqu’àn est homme d’affaires avant tout pour son portefeuille et pas progressiste pour un sou.

    On connait les hommes de pouvoir et leurs pseudo apparences dh’ommes honnêtes.
    Assurémment, la Provence va perdre un paquet d’abonnés,
    et les marseillais feront la révolution dans la rue ou au comptoir.
    Alors a qui peut on faire confiance ?
    Tout le monde peut se mettre le doigt dans l’oeil s’ils croyent que TAPIE va changer Marseille.

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  8. Caron Caron

    J’ai bossé…35 ans à Var Matin , et30 ans au SNJ…et promoteur d’une SDR à Var-Matin, ce que les patrons des syndicats Fo, CFDT et CGC ont tous fait capoter. Il nous restait, quand même, la bagarre avec la concurrence, Nice Matin…la concurrence n’existe plus, la liberté de la presse non plus, tout s’effondre. Peut-être les yeux s’ouvriront uniquement en présence de la catastrophe…j’en doute. C’est les esclaves qui font les dictateurs, pas l’inverse….

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