À la Pointe-Rouge, la justice annule un projet immobilier trop gros pour son impasse

Actualité
le 2 Juil 2020
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Contesté par un collectif de riverains, le permis de construire de la "Villa Azur" a été annulé par le tribunal administratif le 25 juin. À deux pas de la Pointe-Rouge, le projet prévoyait la construction de trois immeubles sur trois étages au cœur d’une zone pavillonnaire. Rassurés, les habitants restent néanmoins vigilants quant au devenir de leur petite impasse.

À la Pointe-Rouge, la justice annule un projet immobilier trop gros pour son impasse
À la Pointe-Rouge, la justice annule un projet immobilier trop gros pour son impasse

À la Pointe-Rouge, la justice annule un projet immobilier trop gros pour son impasse

Devant l’usine d’armement Eurolink qui a prévu de déménager à Château-Gombert, le panneau du permis de construire est encore affiché : “contruction de 3 immeubles d’habitations ; hauteur de construction : 12 m”. Pourtant, le projet immobilier “Villa Azur”, à deux pas de la plage de la Pointe-Rouge ne verra pas le jour. Jeudi 25 juin, le tribunal administratif a décidé de l’annulation du permis de construire, l’ampleur de l’opération demandant “des accès plus conséquents et l’un des bâtiments ne disposant pas d’accès pour les secours”, explique Me Lasalarié, avocat des requérants.

“Le projet est surdimensionné pour un cul de sac ! Imaginez, la population de la rue aurait quadruplé”, argumente Bernard Figorito, membre du collectif de riverains qui a porté un recours gracieux en novembre 2018. Le projet immobilier, encore visible sur le site du promoteur, Sagec Méditerranée, prévoyait 72 logements, dans trois bâtiments de trois étages avec pour seul accès, l’étroit boulevard Bourre. Il faut dire que la voie desservant de jolis pavillons avec jardin, n’a de boulevard que le nom. Il se termine en impasse et ne dépasse rarement les 5 mètres de large.

Le boulevard Bourre finit en impasse. Photo : CG

“Vous voyez, ici, il y a des camions de 30 tonnes qui vont à l’usine. Ils arrivent en marche avant mais doivent repartir en marche arrière parce qu’ils ne peuvent pas faire demi-tour”, décrit Olivier, un habitant du boulevard Bourre, sur le pas de sa porte, en face de l’usine. Pour lui, difficile d’imaginer dans sa rue, une circulation et des croisements qui auraient largement augmenté. “Le projet n’était pas du tout intégré dans son environnement, c’est une réflexion hors-sol”, commente-t-il.

“Un projet anachronique, on est dans un quartier homogène”

L’arrivée des trois immeubles, avec “appartements d’exception offrant une vue mer ou vue sur les collines”, a également inquiété par sa hauteur. Le PLUi, alors en cours d’élaboration, prévoyait une hauteur maximale de 7 mètres dans les zones pavillonnaires. Mais la mairie avait préféré s’appuyer sur le Plan local d’urbanisme (PLU) alors en vigueur pour valider la construction des immeubles. L’argument de la hauteur n’aura finalement pas été retenu par le juge. Mais pour les riverains, l’autorisation délivrée par la Ville est un symptôme de la gestion de l’urbanisme à Marseille. “C’est vraiment un projet anachronique, on est dans un quartier homogène”, s’étonne Olivier.

Et si l’emplacement du projet, désormais enterré, est coincé entre le boulevard Bourre et le boulevard Richard, seul le premier avait été retenu pour accéder à la “Villa Azur” et à son parking souterrain de 110 places. “On a préféré ne pas déranger la quiétude du boulevard Richard en reportant toute la circulation de notre côté”, s’étonne Bernard Figorito.

Avec ses 21 voisins, représentant la quasi-totalité des riverains du boulevard Bourre, il a donc rapidement attaqué Sagec Méditerranée. “Notre démarche est citoyenne, ce n’est pas de l’égoïsme”, poursuit-il. Olivier appuie dans le même sens, “on veut juste préserver une qualité normale de vie. Le promoteur aurait pu nous réunir avant de déposer le permis de construire pour comprendre les spécificités de la rue.” Contacté par Marsactu, la direction de Sagec Méditerranée a préféré ne pas commenter la décision du tribunal administratif. Pas plus que la Ville de Marseille.

En face des ces calmes pavillons, l’usine d’armement est toujours en activité. Elle devrait néanmoins quitter son emplacement après avoir trouver un nouveau promoteur pour un rachat. “Les dispositions du nouveau Plui ont pris bonne note de notre environnement. Mais il y aura forcément un nouveau permis de construire, on va rester vigilants”, estime Olivier. Car un projet peut en cacher un autre.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    La question que tout le monde se pose : comment la mairie de Marseille a-t-elle pu délivrer un permis de construire aussi vérolé, entre l’étroitesse de la voirie locale et l’impossibilité d’accès pour les secours ? Y a-t-il encore un service pour instruire les demandes ?

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    • Maurice Maurice

      Quand on sait que certaines demandes sont refusées pour des aspects purement superficiels et cosmétiques…

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    • Jacques89 Jacques89

      Votre commentaire va encore plus loin. Si, comme l’article le laisse entendre, les services de secours et d’incendie ont probablement délivré un avis défavorable, le Préfet est également “mouillé” dans cette affaire. C’est lui qui aurait dû attaquer l’autorisation de construire au tribunal administratif sans que les riverains aient à engager la procédure. Si l’avis du SDIS était favorable, on se demande bien sur quels critères les pompiers ont raisonné. La photo du boulevard suffit pour se poser les bonnes questions. Rappelons aussi que les avis liés à la protection civile dans les actes d’urbanisme (au delà des règles d’un PLU) sont opposables aux tiers. Ceci dit ce ne serait pas la première fois que le Préfet des BdR laisse passer des autorisations (et même les délivre) au mépris de la règlementation.

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  2. petitvelo petitvelo

    Le projet pourrait peut-être se faire si tous les pavillons réaménagent leurs garages en garages et ne laissent plus leurs véhicules sur la voirie, et que tous les riverains changent leurs habitudes pour des véhicules plus modestes (deux roues) et des transports en commun… et pour combler la citoyenneté des riverains, il ne restera plus qu’à requalifier le projet de “appartement d’exception” à “appartements accessibles au plus grand nombre” .

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  3. PIANISTE PIANISTE

    L’article ne précise pas s’il s’agît d’une annulation totale ou partielle. Ce point est d’importance en matière d’urbanisme.
    En cas d’annulation partielle (accès litigieux), un permis modificatif bénéficiant de l’ancien PLU sera déposé par le promoteur, auquel cas la hauteur (12m) et la densité du projet ne varieront pas. La problématique subsistera et seul l’accès sera modifié. A noter que l’alternative d’accès par le Bd Richard est illusoire car il s’agit également d’une impasse sans aire de retournement.
    L’auteur de l’article peut-il nous éclairer?

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