À la Joliette, un marché sauvage se maintient malgré le retour des forains à la Plaine
Alors que le retour des étals sur la Plaine aurait dû mettre fin au marché provisoire à la Joliette, une cinquantaine de forains investissent illégalement la place trois jours par semaine. Les vendeurs autorisés dénoncent une concurrence déloyale.
La place de la Joliette se transforme en marché sauvage trois jours par semaine depuis mai. (Photo : ML)
“Je suis en règle, je peux vous montrer ma carte de forain de Marseille et mon assurance.” Ce mardi matin José Cargoles vient de finir d’installer son stand de bijoux sur la place de la Joliette. Le forain retourne à sa fourgonnette car il tient à montrer tous ses documents officiels pour justifier de son statut.
Ce Marseillais de 46 ans est un journalier, un forain autorisé à se rendre sur le marché le matin pour tenter de récupérer un emplacement laissé vide par un des commerçants permanents. Mais en mai, quand les forains de la Plaine font leur retour en grande pompe place Jean-Jaurès, José Cargoles s’estime laissé sur le carreau. Son nom ne figure pas sur la liste des journaliers sélectionnés pour revenir à la Plaine, où il raconte avoir pourtant grandi et fait ses armes.
En compensation, le vendeur de bijoux et une cinquantaine d’autres journaliers sont autorisés par la Ville de Marseille à rester encore une semaine à la Joliette. La place du 2e arrondissement a servi pendant trois ans de marché provisoire pendant les travaux à la Plaine. Mais après cette semaine de transition, début mai, la mairie prend un arrêté interdisant le marché à la Joliette les mardis, jeudis et samedis. Les vendeurs décident cependant de ne pas quitter la place et les stands de produits en tous genres recouvrent illégalement presque toute la place ces jours-là.
“Ça fait deux mois qu’on est là et tout se passe bien, se défend José Cargoles. S’il y a de la place pour nous, on ne va pas rentrer alors qu’ici, on peut travailler”. Le forain enchaîne les ventes en naviguant entre les clients habitués qui travaillent dans le quartier et les touristes tout juste descendus des ferries.
Les forains installés à la Plaine ne manquent pas de qualificatifs pour critiquer ce marché parallèle, même s’ils témoignent uniquement de manière anonyme par peur de représailles, et évoquent une “concurrence déloyale”, une “situation injuste” ou encore un “manque de respect”. “Ils ont trouvé la solution de facilité en restant à la Joliette car on leur a créé leur clientèle pendant trois ans, s’insurge une commerçante. Ici, on crève de chaud en ce moment à cause du revêtement minéral et notre chiffre d’affaires a diminué après l’émulation des 15 premiers jours, alors qu’eux, ils profitent des touristes.”
Le marché de la Joliette a fait naître des vocations
Alors qu’au marché de la Plaine la tension règne, à la Joliette, les forains se montrent prêts à défendre leur emplacement. “Avec certains commerçants nous allons monter une association pour demander à discuter avec la Ville”, explique Mohamed Benchelil, vendeur de produits de parapharmacie et porte-parole improvisé. En l’absence de placier pour gérer l’organisation, les journaliers s’approprient les lieux et rêvent déjà de leur avenir sur la place. “La condition pour rester sur le marché sera d’avoir une carte de la Ville de Marseille et d’être à jour dans ses paiements, avance Mohamed Benchelil. On voudrait aussi dans un deuxième temps mettre en place un « dress code » avec des parasols identiques.”
“Certains n’ont même pas deux mois d’ancienneté et ils ont des places de roi”, déplore un second forain de la Plaine. À la Joliette Delphine fait partie de ces nouveaux journaliers visés par ces attaques. Derrière son stand d’accessoires, la jeune femme avoue avoir lancé son activité il y a seulement un mois et demi. “On a vu qu’il y avait de la place, alors on est directement venus ici”, reconnaît cette Marseillaise, gênée par la discussion.
“Ils ont cru qu’être journalier, c’était d’avoir des places automatiquement, se révolte Nahema Zemour du syndicat des commerçants non sédentaires de Marseille et des Bouches-du-Rhône. Ils oublient qu’ils doivent normalement courir derrière les placiers comme nous à l’époque.”
La Ville de Marseille pointe aussi la responsabilité de ces néo-forains. “Il y a certes des journaliers avec des cartes de Marseille qui n’ont pas pu remonter à la Plaine pour l’instant et qui ont vu une opportunité de gratter, reconnaît Roland Cazzola, conseiller municipal délégué à l’espace public. Mais les trois quarts ne faisaient pas partie des forains de la Plaine, ils ne sont même pas de Marseille ou ils ont commencé à travailler seulement ces derniers mois et ils veulent être régularisés. Ce n’est pas possible.”
Une opération de police s’est déroulée le 7 juillet, sans mettre fin au marché. Sur 38 forains contrôlés, seuls 13 avaient déjà déballé à la Joliette par le passé. Roland Cazzola indique que huit des forains pouvant justifier de leur ancienneté pourraient être intégrés à la Plaine, “sous réserve du paiement de leurs dettes”. Pour les autres, “des verbalisations vont avoir lieu, cette situation ne peut pas perdurer”, promet-il, enjoignant son collègue de la sécurité à mobiliser les policiers municipaux. Pendant ce temps, le marché sauvage de la Joliette s’installe dans le paysage et les clients passent, sans se soucier de son caractère clandestin.
Commentaires
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Mais quelle ville, où chacun se croit autorisé à faire ce qu’il veut ! Tant d’années de laisser-faire, ça laisse des traces.
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ils sont merveilleux ces forains de la plaine. ca fait trois ans qu’ils attendent le retour sur la place et une fois qu’ils y sont enfin ils se plaignent de ne plus être à la Joliette. un veritable festival !
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L’incurie à tous les niveaux. Il n’y a donc toujours pas de police municipale dans cette ville.
(Petite blague au passage sur la minéralité de la Plaine qui était probablement une oasis auparavant, tout comme doit l’être la place de la Joliette aujourd’hui.
Et blague numéro 2, comme le fait remarquer le commentaire précédent, sur les atermoiements des forains…)
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Allez une blagounette ,je le précise authentique.
Semaine dernière au feu rouge au bas de la République, 2 municipaux en faction, un automobiliste grille le sémaphore.
Le premier au second : tu as relevé le numéro ?.
Et non ‘putain” ( sic) ,j’ai vu que le 13.
Surtout,ne créons pas de problème,c’est la devise.
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j’adore aussi le commentaire du forain sur le revêtement! la place de la Joliette est en plein soleil et c’est du goudron!!!! trop fort!
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Mais dans quelle autre ville tolère t-on cette pratique du fait accompli? on s’arrange hein pour régulariser, et puis je paye. Tout ça pour abreuver leurs clients de produits de piètre intérêt, aussitôt acheté (pas cher? ça reste à réfléchir…) aussitôt jeté (visez un peu ces poubelles à ciel ouvert de nos rues). Alors que ceux de la plaine qui veulent retourner dans leur eldorado de la Joliette mais allez-y, les affaires ont l’air florissantes et puis vos plastiques partent plus vite vers la mer. A la mairie, cessez de vouloir contenter tout le monde à commencer par les commerçants forains. Pensez aux commerces du quotidien (il parait que vous commencez à vous interroger sur leur disparition?), à l’usage de l’espace public libre (sans nécessairement servir a faire du bruit, une terrasse commerciale ou de l’argent) à destination des habitants vivants de Marseille.
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Une initiative citoyenne qui va apporter un peu de vie à cette morne place. Et la pieuvre bureaucratique qui veut justifier son existence et les cent mille règlements qu’elle sécrète, gronde et menace tout ce qui ne provient pas de sa cervelle avariée.
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L’occupation de l’espace public sans autorisation n’est pas acceptable. La pratique du fait accompli perdure. L’excuse d’une tradition marseillaise ne devrait plus être utilisée. Chacun s’organise comme il l’entend en méprisant ses concitoyens qui ne devraient rien dire. C’est bien triste.
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Les contrevenants ne sont jamais sanctionnés à Marseille : automobilistes, 2 roues, vélos (qui grillent tous les feux comme si c’était un principe), piétons, commerçants, etc., personne n’est jamais inquiété d’avoir enfreint une règle sur l’espace public.
Quand la municipalité se décidera à frapper, on commencera à progresser.
Mettez un planton aux carrefours bordéliques (exemple : devant la Samaritaine, ou à Belsunce-Cours St Louis), qu’il en colle une à chaque mec qui invente son Code de la Route.
Mettez-en sur la Canebière, qu’ils cartonnent chaque glandu qui jette ses merdes au milieu de la rue et à chaque prix nobel qui y circule sans droit ni titre avec son véhicule.
Mettez-en sur les grands boulevards (genre Prado, Michelet), pour se faire plaisir à maraver les demeurés qui y font la course avec leurs caisses de luxe (louées pour la soirée grace à la vente de shit de la journée).
Et surtout mettez-en partout, que tout le monde soit traité de la même manière.
Je ne suis pas pour un état policier, mais entre “trop” et “dégun”, y’a sûrement un équilibre à trouver autre que “nib'”.
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Où est le mal ? C’est la main invisible du marché ?
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Dans votre inventaire vous avez oublié les trottinettes électriques !
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Espace à prendre … bientôt un charbon ?
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« 0n a trop chaud à cause du revêtement minéral »
Bravo les concepteurs de la place !
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Faites le test :
– mesurez la température au sol à la Plaine (calcaire beige)
– faites de même, à la même heure, à la Joliette (béton bitumineux noir)
On s’en parle après 😉
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