À gauche, le Printemps marseillais et Samia Ghali feront route à part

Actualité
le 3 Juin 2020
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Après des tentatives de rapprochement avec Samia Ghali, le Printemps marseillais se sera finalement contenté d'un accord avec ses "partenaires naturels" d'EELV. Le mouvement d'union de la gauche compte sur "l'élan" du premier tour pour gagner la ville sans le soutien de la sénatrice.

Présentation des têtes de listes du Printemps marseillais le 7 février. (Image LC)
Présentation des têtes de listes du Printemps marseillais le 7 février. (Image LC)

Présentation des têtes de listes du Printemps marseillais le 7 février. (Image LC)

Toute la journée, le suspense aura été maintenu. Lundi soir, certains juraient qu’un accord avec Samia Ghali était acté, et jusqu’à 17h, Benoît Payan, porte-parole du Printemps Marseillais, se montrait optimiste et assurait que “tout ce qui a été fait peut être défait”. “Samia Ghali pour moi est dans l’opposition à Vassal et Gaudin, il n’y a rien d’irréconciliable”, assurait alors le candidat de l’union de la gauche dans les 2/3. Las, à 18 heures, les lourdes portes de la préfecture se sont refermées sans que Samia Ghali ou son entourage ne soit venu apporter de modifications aux listes qui avaient préalablement été déposées.

Le passage en préfecture de Jean-Marc Coppola (Printemps marseillais) avec sa liste dans le 15/16, plus tôt dans l’après-midi, était donc bien le signe que dans ce secteur, où la sénatrice est candidate, une triangulaire aura lieu, avec le RN et deux listes de gauche. Une configuration qui ne pouvait que braquer celle qui avait remporté le secteur sous les couleurs socialistes en 2014, avec Jean-Marc Coppola sur sa liste.

“Irresponsabilité politique” pour Samia Ghali

Par communiqué, cette dernière a fustigé “l’irresponsabilité politique et l’inconscience de la liste conduite par Jean-Marc Coppola qui en décidant de se maintenir au second tour fait prendre le risque aux habitants du 15-16 de voir arriver l’extrême-droite à la mairie de secteur”. En conclusion de son communiqué, elle appelle Michèle Rubirola à “prendre dès à présent les décisions qui s’imposent”, façon de dire qu’il était encore temps de désavouer l’initiative de Jean-Marc Coppola.

Désaveu qui n’est pas venu, le Printemps marseillais, se contentant, à 18 h 30 d’un communiqué saluant l’accord noué avec EELV, réunissant “toutes les forces de gauche, écologiste et citoyenne de la ville pour mettre fin à 25 ans de règne d’une droite responsable de la casse de la ville”.

Pour Coppola “c’est dommage, mais il n’y a pas péril en la demeure”

Jean-Marc Coppola se déclarait quant à lui “serein” au moment de déposer sa liste. “On a tendu la main [à Samia Ghali], a-t-il assuré, alors que la sénatrice revendique tout autant d’avoir voulu initier un dialogue. Le fait de ne pas réussir à avoir un rassemblement plus large, oui c’est dommage, mais il n’y a pas péril en la demeure”. Pour le communiste, la marge de progression du Printemps marseillais demeure réelle dans ce secteur et la campagne du second tour, qui durera quatre semaines, sera l’occasion de mettre en avant “la transparence, l’honnêteté et de dénoncer le clientélisme”.

Jean-Marc Coppola, le 2 juin devant la préfecture. (Image LC)

Le Printemps marseillais et ses alliés écologistes ont été fortement tiraillés ces derniers jours au sujet d’une alliance avec Samia Ghali, certains doutant de la fiabilité de cette dernière, notamment au moment d’élire le maire, dans l’hémicycle, au 3e tour. Dans un communiqué diffusé dans la soirée de mardi, Jean-Marc Coppola et ses colistiers écrivent à ce sujet : “on ne sait aujourd’hui si elle figurera aux côtés d’une majorité de changement ou dans le camp de celles et ceux qui ont fait tellement de mal à notre ville”. C’est donc finalement la ligne “puriste” sans autre accord qu’avec les écologistes qui aura eu le dessus.

Retrait dans les 13/14

Dans le secteur voisin des 13e et 14e arrondissements, l’autre candidat communiste du Printemps marseillais a réussi à imposer son choix, mais pour aboutir à une configuration inverse. Jérémy Bacchi, arrivé troisième, est resté fidèle à son souhait de ne pas créer de triangulaire dans ce secteur déjà gagné par le RN en 2014. Il explique avoir contacté ses colistiers individuellement et obtenu le soutien de la majorité d’entre eux, beaucoup s’opposant à une fusion avec les autres listes de gauche selon lui. “Je comprends qu’il y ait eu des interrogations mais la décision a été de respecter le choix des colistiers”, insiste-t-il, malgré les appels répétés de sa binôme Florence Masse à un maintien.

Par communiqué, le candidat de Samia Ghali dans ce secteur, Julien Rossi, qui était en position de se maintenir a dénoncé “les querelles d’égo et les haines intestines” et la “responsabilité historique” de la gauche de ne pas avoir trouvé de façon d’être unie. Le candidat appelle ainsi à “faire barrage au RN” dans le 13/14 en votant pour le candidat LR David Galtier.

L’échec des échanges entre Samia Ghali et le Printemps marseillais au nord de la ville aura aussi gelé les discussions sur les 2/3 où Alain Lhote s’était rapproché de Benoît Payan, à titre individuel. “J’ai été l’otage de ce genre de discussions qui sont l’illustration d’un environnement malsain”, dénonce l’avocat, amer, qui reproche au Printemps marseillais “de ne pas avoir joué franc jeu en liant notre secteur à celui du 15/16. Un jour, j’étais troisième, le lendemain 7e. Je n’ai plus l’âge de ce genre de jeu. J’ai peut-être fait preuve de naïveté mais dans ces conditions, je préfère me retirer.”

Accord finalisé sur le fil avec les écolos

Entre les écologistes de Debout Marseille et le Printemps marseillais, les discussions n’auront pas non plus été d’un calme irréprochable, avec des négociations jusqu’à mardi matin. Les échanges se sont crispés sur le choix des candidats à intégrer et à écarter, mais aussi sur l’ouverture à Samia Ghali. L’accord ne portera finalement que sur six des huit secteurs, puisque dans le 15/16, la tête de liste Chahidati Soilihi a pris l’initiative de rejoindre la liste de la sénatrice. Jean-Marc Coppola a tout de même sur ses listes Lydia Frentzel et certains de ses colistiers qui avaient quitté Debout Marseille avant le premier tour.

“On a fait en sorte que le Printemps marseillais et Samia Ghali puissent partir ensemble, mais ensuite, ce sont des décisions qui nous dépassent et qui sont propres à ceux qui portaient les listes. Dans le 15/16, il aurait été très juste d’aller avec Samia Ghali”, regrette ainsi Nouriati Djambae, qui menait la liste EELV dans les 2/3 et est désormais binôme de Benoît Payan.

Pour ce qui est des accords programmatiques entre les deux nouveaux partenaires, les discussions semblent avoir été menées au sein des secteurs et restent floues à ce stade. “Les électeurs qui ont voté pour les écologistes peuvent compter sur moi pour défendre bec et ongles nos propositions”, glisse sur les marches de la préfecture Hervé Menchon, ex tête de liste Debout Marseille, désormais deuxième de la liste fusionnée dans les 9/10.

Miser sur “l’élan”

Les élargissements des listes à des candidats venus de LREM auront aussi échoué. Dans les 11/12, l’arrivée annoncée par beaucoup de Pascal Chamassian n’a pas abouti, de même que celle de Mathieu Grapeloup dans le 4/5 ou Sophie Goy dans le 9/10, comme le suggéraient les partenaires écologistes. “S’allier avec elle était moins naturel qu’avec les Verts, répond la tête de liste du Printemps Aïcha Sif. Ça aurait été moins clair en terme de périmètre, il n’y avait pas de consensus. Nous ne sommes pas propriétaires de nos voix, on ne peut pas s’amuser à prendre ce genre de risques”.

Après cette semaine tumultueuse, la ligne défendue au sein du Printemps marseillais est désormais celle de la “clarté” et d’une dynamique du premier tour à amplifier pour remporter la ville malgré le renoncement dans les 13/14 et la stratégie périlleuse dans les 15/16. Jérémy Bacchi compte sur “l’élan” du premier tour pour faire basculer “les 6/8, le 11/12 mais aussi le 15/16”. “On a une dynamique et il faut la jouer, nous allons déployer une campagne inédite, être là on ne nous attend pas, jouer à fond notre rôle de challenger”, veut croire Benoît Payan, malgré les montagnes russes de la journée écoulée. 

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Commentaires

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  1. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Dommage pour la ”gauche” marseillaise…!

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  2. leb leb

    Ou comment transformer un boulevard en plein de petits chemins de traverse.

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  3. leravidemilo leravidemilo

    Toujours aussi impayable ce M Payan. Et toujours le sens de la formule!
    Il a beau dire et faire, se démener comme un beau diable, nous promettre “nous allons déployer une campagne inédite, être là où on ne nous attend pas…” …, il n’empêchera pas nombre d’électeurs potentiels du P.M, de regretter amèrement que celui ci ne soit pas là où…. on l’attendait!

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    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      C’est à la mairie qu’on les attend, et c’est là qu’on craint de ne pas les voir… Mais si le Printemps Marseillais réussit le tour de force de gagner la ville sans avoir fait aucun compromis (avec Ghali, avec Gilles, avec LREM) tout en réussissant à écarter le RN du 13-14 ET du 15-16, je serai à mon balcon le 28 juin à 20h pour applaudir et méditer sur mon pessimisme…

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    • Alceste. Alceste.

      Politique marseillais dans toute sa splendeur.

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  4. leravidemilo leravidemilo

    Je précise quand même, pour ce qui me concerne, que ni dans le post ci dessus ni nulle part ailleurs, je n’ai souhaité que le P.M fasse des compromis tous azimuts. Avec LREM , c’était pour moi exclu et ils auraient perdu bien plus de voix gauche, qu’ils en auraient gagnées à droite. (laissons les marcher tout seul, et même si le chemin de croix s’annonce bien ardu, que personne n’aille les aider à porter la croix…). Pour B Gilles c’est tout comme. Comme disait l’autre, et sous la réserve expresse qu’on en ait une, il vaut mieux perdre une élection que perdre son âme… Pour Ghali, si on estime qu’elle est de “gôche” il fallait discuter mais ne rien céder; mais dans ce cas là, il faut aussi consulter… Ghali n’est forte que de son clientélisme, qui explique une très bonne part de son score dans son secteur, et c’est bien cela qu’il convient d’abolir, en même temps que le système Gaudine Vassal.
    Non là où on l’attend c’est à la mairie centrale, même si on a bien compris que ses chances d’y arriver sont bien réduite et de son fait. Et c’est sur les quartiers nords, terrains de luttes s’il en est, et donc sur le 7ème secteur. Sa désertion en rase campagne, pousse ses électeurs à une abstention massive (qu’on leur reprochera par la suite…) le met dans une situation où il a effectivement intérêt à ce que le R.N gagne… et dans laquelle “ses” électeurs risquent de se poser la question… dans les mêmes termes. Chapeau! les artistes de la “décision collective”(dixit Rubirola) du lendemain du premier tour..
    Et ce d’autant plus, que dans le meilleur des cas (j’ai bien dis le meilleur) ces électeurs, en ne votant pas Vassal/, Galtier, et je pense qu’ils resteront confinés, désavouerons au final : Le P.M (j’ai beau chercher et chercher encore, je ne vois toujours pas comment ils pouvaient faire pire, plus lamentable encore!).
    Afin de ne pas subir un tel désaveu supplémentaire, je leur suggère, au point où ils en sont, d’éditer deux affiches: – Une première: “Rubirola est passée par là”, une seconde : “Il faut sauver le soldat Galtier!”.

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