A Frais-Vallon, les murs ont le visage des habitants

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le 19 Mai 2013
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A Frais-Vallon, les murs ont le visage des habitants
A Frais-Vallon, les murs ont le visage des habitants

A Frais-Vallon, les murs ont le visage des habitants

A la sortie du métro de Frais Vallon, aux abords de la place du marché, les murs du siège du logeur social, Habitat Marseille Provence, ont pris un coup de couleurs. Depuis jeudi soir, une trentaine d'affiches bariolées ont investi les lieux. Textes, portraits et photos du quartier corrigent, pour une durée indéterminée, la grisaille des murs de cette cité des quartiers nord. "On peut rêver" est un projet du centre social de Frais-Vallon qui chemine dans le quartier depuis octobre 2010. Le centre y a associé le talent de Vincent Perrottet, graphiste reconnu. "Nous travaillons depuis très longtemps avec la photographe Suzanne Hetzel, et c'est elle qui est entrée en contact avec Vincent. Le projet s'est monté en deux ans, puisque depuis janvier 2012 nous avons exposé les affiches dans plusieurs endroits de Marseille. Aujourd'hui c'est un pas de plus dans ce projet", explique Andrée Antolini, la directrice du centre social.

Sandra Bikri devant son portrait

Fiers comme Artaban

L'artiste le dit sans aucune hésitation, c'est le projet qui lui tient "le plus à cœur". Bien plus qu'un acte testimonial sur la vie du quartier, c'est un acte engagé visant à faire ouvrir les yeux sur la réalité de Frais Vallon. Souvent délaissés et dénigrés, les quartiers nord ne sont pas vraiment le lieu où s'exprime le mieux la générosité politique. Piscine municipale fermée, absence d'équipements sportifs ou culturels,  squares ou jeux d'enfants oubliés… l'indifférence semble être l'un des fléaux de la cité. Seul détail qui échappe à cette économie du désintéressement : la drogue et ses trafics.

C'est aussi pour cela que, les badauds et les modèles d'un jour se félicitent de l'existence de ce projet. "Aujourd'hui je n'habite plus dans le quartier mais j'y viens quasiment tous les jours. C'est un quartier riche, les images qu'on lui donne sont fausses. Tous mes enfants ont grandi ici, et ils sont devenus des gens biens, d'honnêtes citoyens. Je suis fière d'avoir été prise en photo et de pouvoir montrer cela", confie Anna Mendès, une des personnes photographiées par Vincent Perrottet. Et ce n'est pas Martine Prouvèze, ancienne travailleuse du quartier qui viendra dire le contraire, "On entend toujours parler des trafics mais on ne parle jamais du courage des gens et de leur envie de construire des choses. On a tendance à retenir que ce qui est moche. Ça en devient décourageant. Pour une fois c'est un projet né d'une initiative ascendante. On a écouté les gens et leurs désirs pour créer cette exposition. La décision n'est pas venue d'en haut".

Boudé par Marseille capitale

Et pour cause, "en haut", le projet ne séduit apparemment pas. A l'heure où Marseille est capitale de la culture, MP2013 n'a pas souhaité soutenir l'idée du centre social. "La réalisation de cette exposition s'est faite grâce aux économies du centre. Nous en avons touché un mot à MP2013, mais ils considèrent que ce projet n'est pas dans leurs cordes. Pour valoriser les quartiers, il faudrait se limiter à organiser des ateliers où l'on fait intervenir des habitants. Ici aussi ils participent. Certes, ce ne sont pas eux qui ont créé les affiches mais ils en sont les acteurs principaux", explique Vincent Perrottet.

Pourtant à l'heure de la présentation de ses premiers collages, la rancoeur avait disparu. Et tout en écoutant l'hymne de Frais Vallon repris en chœur par les élèves du quartier, l'artiste se projette déjà un peu plus loin, "La vraie question, c'est qu'est ce qu'on fait maintenant ? Bien sûr je serai très fier que ces images durent dans le temps. Mais ce sont des affiches et elles risquent de se dégrader facilement. Je me suis attaché à ces personnes et je voudrais continuer à travailler avec elles, mais j'aimerai aussi exporter ce projet dans d'autres cités et voir comment il évolue. Je voudrais prouver aux jeunes graphistes qui sortent des écoles qu'il existe d'autres alternatives que de travailler dans la publicité". En attendant c'est sur les murs de Frais Vallon, que l'art de Vincent Perrottet continuera de faire parler de lui. Trente-six preuves s'il en fallait, que l'on peut toujours rêver sur les collines marseillaises.

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Pour un moment les habitants de ce quartier ont leur part de rêve dans ce Marseille 2013 qui ne veut pas les voir et surtout qu’ils ne se rappellent pas à leur souvenir .
    Pas d’angélisme toutefois , malgré leur courage et leur bonne foi il sera difficile de remonter la pente.
    Des dealers, à la drogue, aux vols à la tire, comment, devant l’indifférence des pouvoirs publics à solutionner ces problèmes ne pas être désespéré ?
    Merci aux acteurs de cette manifestation .

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  2. Marcel Marcel

    Quel à été le coût de cette connerie “d’artiste” ?

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  3. Anonyme Anonyme

    Bravo, super ! Tout ce qui apporte du lien social dans la ville est bon pour la ville

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  4. Ancien Ancien

    En 1976,Frais Vallon “bénéficiait” d’une étude expérimentale pour sa réhabilitation qui donnait lieu à la première “Opération Habitat et Vie Sociale” en France: travaux sur le bâti, urbanisme, concertation, culture, vie sociale et associative… Aujourd’hui, après qlqs réalisations,il semble que les discours et les demandes restent les mêmes, les problèmes aussi (la drogue en plus ?) Hélas!

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  5. scheweppes scheweppes

    La Culture c’est Ca… La Culture est née dans les Quartiers et non dans une boite climatisée destinée au gens d’en haut. A chaque fois que l’on veut stigmatiser des hommes, leur lutte, leur volonté, leur détermination accoucheront et produiront des merveilles. A vouloir abandonner des quartiers volontairement, sans volonté institutionnelle et financière, les citoyens et les structures associatives luuterons pour faire valoir leurs droits et leurs devoirs. Frais Vallon c’est Nous. C’est Frais Vallon est à l’Image de Marseille. On Aime ou on Déteste.
    Moi… J’Aime cette citée. J’Aime ces couleurs. J’Aime ces odeurs. J’Aime ces habitants. J’Aime leur Humilité et leur Fierté… C’est cela Frais Vallon.

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